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"Pas de trace d'évaluation", "trop large", " trop de choses en suspens": les critiques fusent sur le plan contre le radicalisme présenté par le gouvernement

Le gouvernement belge a annoncé vendredi le recrutement d'ici 2019 de 1.000 policiers supplémentaires pour la lutte contre le terrorisme, et un plan doté de 39 millions d'euros pour contrer le radicalisme dans plusieurs communes proches du canal de Bruxelles, dont Molenbeek. A peine présenté, il est déjà la cible de nombreuses critiques.

A vouloir brasser très large, on va louper la cible radicalisme, dit Yvan Mayeur

Au stade actuel du plan canal, on reste encore dans le flou sur de nombreux points et le choix qui a été fait consiste à ratisser trop large, au risque de manque l'objectif principal, à savoir la lutte contre le phénomène du radicalisme, a affirmé vendredi le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Yvan Mayeur (PS). Pour lui, contrairement à ce qui a été véhiculé, le niveau de pouvoir local a jusqu'ici effectué du bon travail, à l'image de la cellule radicalisme de la Ville, mais il manque de moyens, et ceux-ci ne sont pas près d'arriver.

"Pour le moment, le vaste plan canal qui a été promis se résume à un plan Molenbeek-Koekelberg-Vilvorde, soit deux communes dirigées par le MR à Bruxelles et une commune flamande. Nous n'en verrons rien avant 6 mois, et il n'y a donc aucun renfort d'effectifs à attendre avant un an", a commenté Yvan Mayeur, interrogé par Belga. Pour le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, la réunion entre le gouvernement et les bourgmestres des communes concernées à permis à ceux-ci de l'expliquer, ce qui tend à démontrer que l'on s'inscrit dans une dynamique de travail, mais certainement pas encore de travail abouti. "Il y a donc des choses bonnes à prendre, mais beaucoup d'autres ne sont ni claires ni concrètes", a-t-il dit.

On ne perçoit pas de trace d'évaluation, ni de plan radicalisme pur, estime Emir Kir

Le plan canal, présenté vendredi par le gouvernement fédéral, ne semble pas reposer sur une évaluation de ce qui a été fait jusqu'à présent. Il aurait dû avoir une portée à l'échelle du pays, a jugé vendredi Emir Kir (PS), bourgmestre de la commune bruxelloise de Saint-Josse-ten -Noode.

"Ce plan Jambon-Michel m'interpelle car il concentre le débat sur l'entité bruxelloise. Je ne comprends pas pourquoi on n'établit pas un plan national", a commenté le bourgmestre de Saint-Josse. Comme le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Emir Kir a déploré que le plan s'attarde, dans l'immédiat, aux seules trois communes de Molenbeek, Koekelberg et Vilvorde, car pour le reste, "c'est peanuts", a-t-il ajouté, insistant sur le fait que les recrutements policiers promis ne pourront pas être effectifs avant 12 à 18 mois. M. Kir a, par ailleurs, dit n'avoir perçu dans le plan sur la table, ni de traces d'une évaluation de ce qui a été fait, ni d'une focalisation sur le radicalisme lui-même.


Une bonne intention, mais encore pas mal de choses en suspens selon B. Clerfayt


Le plan canal qui prévoit notamment un renforcement des effectifs policiers dans plusieurs communes de Bruxelles et à Vilvorde part d'une bonne intention dans le renforcement des effectifs au parquet, à la police fédérale et dans les zones de police concernées, mais au stade actuel, rien ne garantit l'arrivée rapide des effectifs policiers, a indiqué vendredi Bernard Clerfayt, bourgmestre de Schaerbeek, commune concernée par ledit plan.

"Nous avons appris qu'il y aurait un détachement structurel de 300 policiers... C'est fort bien. Mais on nous a dit que cela se ferait en deux étapes. Les premières communes concernées sont celles de Molenbeek, qui soit dit en passant ne fonctionne pas seule mais dans une zone de police avec d'autres communes, et de Vilvorde", a commenté Bernard Clerfayt, interrogé par Belga. "Qui plus est, il faut rappeler qu'engager des policiers prend du temps, 18 mois. Pourquoi ne pas avoir décidé de faire comme à Anvers, en procédant directement à des engagements", a-t-il demandé. Pour le bourgmestre de Schaerbeek, tout n'est par ailleurs pas encore réglé dans le détail. Il importe de s'assurer que la police fédérale assure bel et bien le suivi des "returnees" et que le suivi de mosquées par la Sûreté de l'Etat soit réellement concentré sur celles qui sont jugées dangereuses. Au stade actuel, il n'y a pas de renforcement en vue pour les administrations locales qui auront une charge de travail supplémentaire liée aux vérifications que l'on attend d'elles, par exemple dans le domaine de l'urbanisme, a-t-il ajouté. Bernard Clerfayt s'est enfin plu à souligner que le ministre de l'Intérieur Jan Jambon (N-VA) témoignait d'une reconnaissance implicite à l'égard de "l'excellent travail" des zones de police bruxelloises.

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