Accueil Actu

Disparition, témoignages incompatibles et déclarations chocs: l'affaire Serge Kubla se complique

Le bourgmestre de Waterloo Serge Kubla était entendu par les enquêteurs mercredi matin dans le cadre de son inculpation pour "corruption concernant une personne qui exerce une fonction publique dans un état étranger", fait savoir son avocat Roland Forestini.

Serge Kubla a été placé sous mandat d'arrêt et incarcéré mardi à la maison d'arrêt de Saint-Gilles "afin de laisser le temps aux enquêteurs d'interroger d'autres personnes impliquées dans le dossier", avait précisé son avocat. Le parquet indique que le mandat d'arrêt a été délivré "compte tenu des risques de collusion avec d'autres intervenants à ce stade de la procédure". M. Kubla est soupçonné d'être auteur ou coauteur des faits par le juge d'instruction bruxellois Michel Claise.


Serge Kubla entendu par les enquêteurs mercredi matin: son avocat est satisfait

Serge Kubla a été entendu mercredi matin par les enquêteurs. L'audition a été "positive" selon son avocat Roland Forestini, qui espère que son client sera libéré jeudi. "J'ai brièvement rencontré mon client vers midi et il collabore parfaitement avec les enquêteurs", a indiqué M. Forestini, qui a également eu un contact avec le responsable de l'enquête. M. Forestini a par ailleurs précisé que M. Kubla sera à nouveau entendu cet après-midi. "C'est plutôt bon signe. J'espère que sa libération pourra intervenir demain. Par contre, je ne pense pas que cela pourrait arriver aujourd'hui car le juge d'instruction n'aura probablement pas le temps de lire tous les PV d'ici là", a-t-il déclaré.

Des auditions sont prévues aujourd'hui toute la journée. Serge Kubla restera donc en prison jusque vendredi matin au plus tôt. Le juge d'instruction pourrait décider de revoir le bourgmestre de Waterloo avant de prendre sa décision devant la chambre du Conseil. Si Michel Claise décide de maintenir Serge Kubla en détention, les avocats de ce dernier pourront accéder au dossier afin de préparer une défense afin de demander la sortie de prison de leur client devant cette même chambre du Conseil.

L'enquête a démarré à la mi-2014

L'enquête aurait démarré à la mi-2014 à la suite de la disparition d'un comptable belge faisant office d'intermédiaire entre Duferco et les autorités congolaises. C'est durant l'enquête que des transferts de fonds suspects ont été mis au jour. Il est reproché à l'ancien vice-ministre-président wallon d'avoir joué un rôle d'intermédiaire entre les autorités congolaises et l'entreprise sidérurgique Duferco.

L'entreprise sidérurgique Duferco indique avoir "pris connaissance avec stupéfaction" des informations parues dans les presse ces deux derniers jours et "conteste tout implication" dans des faits de corruption en République Démocratique du Congo. Le groupe ajoute qu'il condamne "avec la plus grande fermeté" tout acte de corruption et précise qu'il dispose "d'une gouvernance très stricte à ce sujet". Un contact a été pris avec le juge d'instruction en charge de l'affaire, conclut l'entreprise sidérurgique, qui ne souhaite pas faire d'autres commentaires.  


Quand le Premier ministre congolais demande à Kubla des "haricots pour les enfants"

En 2011, une délégation conduite par M. Kubla s'était rendue en RDC où elle a rencontré le Premier ministre Adolphe Muzito. Celui-ci aurait exigé "des haricots pour les enfants", selon la presse congolaise. Une jolie formule pour désigner une commission indispensable à la signature d'un accord de cession des parts. Duferco est soupçonné d'avoir "favorisé l'évolution d'investissements importants dans le secteur du jeu et des loteries" par la corruption d'agents publics congolais, selon le communiqué de presse diffusé par le parquet mardi. L'entreprise aurait été invitée à refinancer la Sonal (Société nationale de loterie) afin de faire avancer ses intérêts au sein du secteur sidérurgique congolais.


L'avocat de Serge Kubla affirme que tout a été déclaré

N’ayant pas réussi à investir dans la sidérurgie au Congo, Duferco a envisagé un investissement dans la loterie congolaise. C’est dans ce cadre qu’intervient l’enveloppe de 20.000 euros explique Roland Forestini, l’avocat de Serge Kubla. "Pour ce travail-là, mais également pour couvrir l’ensemble de ses frais liés à ces activités, il y avait des sommes qui étaient versées : les frais de voyage, les frais d’hôtel, les frais de restaurant qu’il avait sur place pour rencontrer des personnes." Il affirme que ces sommes ont été déclarées. "Les dividendes qui étaient attribués à monsieur Kubla par cette société de droit maltais font l’objet de sa déclaration fiscale en Belgique donc il n’y a aucun problème fiscal."


Selon le journal De Tijd, Kubla aurait reçu de Duferco plusieurs centaines de milliers d'euros

C'est dans ce cadre que serait intervenue la remise de 20.000 euros en liquide à l'épouse de l'ex-Premier ministre Adolphe Muzito à Bruxelles entre la fin 2011 et le début 2012. Cette somme n'aurait constitué que l'acompte d'un montant d'environ 500.000 euros destiné à graisser la patte de l'ancien chef de l'exécutif congolais. Or, Chantal Muzito se dit "surprise" d'apprendre qu'elle aurait reçu 20.000 euros des mains du bourgmestre de Waterloo. Ses conseillers affirme qu'elle "ne connaît pas Monsieur Kubla et ne l'a jamais rencontré pour discuter de quelque sujet que ce soit. Elle n'a donc jamais reçu une quelconque somme d'argent auprès du concerné. Madame Chantal Muzito se réserve le droit de poursuivre en justice toute personne qui tenterait de nuire à son honneur et à sa réputation en tant qu'être humain, épouse et mère de famille."

Selon le site internet du journal "De Tijd", qui s'appuie sur des sources bien informées, M. Kubla aurait lui-même reçu "plusieurs centaines de milliers d'euros" de l'entreprise sidérurgique via une société écran off-shore. En 2012, la Sonal quitte le giron du Premier ministre pour passer sous la tutelle de la ministre du Portefeuille (l'équivalent du ministre du Budget). Les arrangements passés avec l'ancien chef de gouvernement deviennent caducs et les parts de la société paraétatique font l'objet d'un appel d'offres international.


Serge Kubla "n'est pas le personnage central du dossier"

Selon un article du site d'information Afrique Rédaction, Serge Kubla a également été président de la Société d'exploitation des Jeux (SEJ), une structure ayant passé des accords avec la Sonal afin de reprendre en main une partie des activités et du personnel de celle-ci. Aucune référence à ce mandat ne figure sur le site cumuleo.be. Selon son avocat, Serge Kubla "n'est pas le personnage central du dossier". D'autres inculpations dans le cadre de celui-ci pourraient prochainement intervenir.

À la une

Sélectionné pour vous