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Charles Michel: "Le chantage ne m'impressionne pas" ; De Wever: "Je ne fais pas de chantage"...

Fustigé de toutes parts dans l'affaire des Soudanais rapatriés (et peut-être torturés, une enquête est en cours), le secrétaire d'état à l'asile N-VA Theo Francken pourrait devoir démissionner. Son président de parti, Bart De Wever, a menacé de quitter le gouvernement fédéral si c'était le cas. Charles Michel, le Premier ministre qui doit travailler avec les nationalistes flamands, lui répond sur les ondes de BEL RTL.

Le Premier ministre Charles Michel a affiché lundi une position "ferme" vis-à-vis des quatre partis de la coalition gouvernementale, toujours agitée par la question du sort réservé à des migrants soudanais après leur rapatriement, rejetant notamment tout chantage ou toute provocation venant de l'opposition ou de la majorité.

"Le chantage ne m'impressionne pas, les menaces non plus, ni les provocations", a-t-il affirmé au micro de BEL-RTL, dont il était l'invité matinal. M. Michel (MR) était interrogé sur les propos tenus dimanche par le président de la N-VA, Bart De Wever, qui a lancé un avertissement à ses partenaires de la majorité fédérale: si son secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Theo Francken, doit démissionner, le parti nationaliste quittera également le gouvernement.

"Si on demande à Theo Francken de se retirer, alors la N-VA se retirera. A ce sujet, je suis très clair. Je soutiens Theo Francken et je ne le laisserai pas tomber", avait déclaré M. De Wever à la chaîne de télévision VTM.

Le Premier ministre a aussi dénoncé lundi les "provocations" exprimées par le député Eric Van Rompuy (CD&V), qui a affirmé - dimanche également - que M. Michel était devenu la "marionnette" de la N-VA.

"La question de la migration, la question de l'asile méritent bien mieux que des querelles d'égos, petits ou grands", a lancé le chef du gouvernement fédéral, en rappelant l'engagement de son équipe de "protéger nos frontières (...) de façon humaine" et dans le respect des obligations européennes et internationales en matière de migration.

Après l'évaluation...

"Je vais maintenir ma feuille de route, je ne me laisserai dicter mon agenda par personne", a-t-il ajouté. "Je considère comme chef de gouvernement (que) je dois maîtriser mes nerfs, garder le sang froid, appeler chacun à faire preuve de sens des responsabilités", a-t-il lancé à l'adresse de ses partenaires de majorité.

M. Michel a rappelé qu'il avait promis au parlement une évaluation - menée par le Commissariat général aux Réfugiés et Apatrides (CGRA) - sur le sort réservé à une dizaine de Soudanais renvoyés dans leur pays, dont certains auraient été victimes de maltraitances, voire de tortures, et dont il espère les résultats dans le mois de janvier.

"C'est quand il y aura cette évaluation que chacun, en conscience, pourra faire l'appréciation politique" de l'action menée par M. Francken, a-t-il poursuivi. Selon Michel, l'enquête menée par le CGRA "ne porte pas principalement sur la démission ou pas de Theo Francken". Son but est de "vérifier comment on peut tirer les leçons pour l'avenir".

Le Premier ministre a assuré assumer "toutes les décisions qui ont été prises jusqu'à aujourd'hui dans la politique de migration et d'asile". "J'assume cette fermeté (dans la politique de retour pratiquée) avec une très grande vigilance pour le respect des obligations européennes et internationales (notamment l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui prohibe les traitements inhumains et dégradants, ndlr). Nous avons fait ce qu'on devait faire en lien avec cet accord de gouvernement", a-t-il dit.

"Cela suppose des coopérations sur le plan international", a souligné M. Michel, en notant que "la plupart des autres pays européens ont une coopération avec le Soudan, comme c'est le cas pour les agences des Nations unies, et organisent des rapatriements vers le Soudan".


De Wever répond à son tour

"Je ne fais du chantage avec personne. Je déplore qu'on dise cela. Je donne l'opinion de mon parti, c'est mon travail. Je ne laisse tomber aucun gouvernement", a déclaré Bart De Wever par après, lundi avant l'ouverture d'un bureau de parti. 

Le président de la N-VA est catégorique: "Dans cette affaire, il n'y aura pas de démission de Theo Francken. Quelqu'un qui fait son travail ne doit pas être poignardé dans le dos". 

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