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Claudia témoigne après avoir subi des violences obstétricales lors de son accouchement: "C'est le syndrome de la blouse blanche, on se soumet complètement"

C'est un sujet tabou, mais de plus en plus de femmes osent évoquer les violences obstétricales dont elles ont été victimes: gestes brutaux, épisiotomie non consentie, recours aux forceps ou à la ventouse pour accélérer le travail alors que ce n'est pas nécessaire... Si les professionnels de l'accouchement agissent généralement dans l'intérêt de la maman et de son bébé, certains actes médicaux sont mal vécus par les mères et leur conjoint. Ces violences sont des actes gynécologiques posés sans consentement. C'est particulièrement le cas des épisiotomies pendant les accouchements.

Claudia offrait un témoignage éprouvant ce matin sur Bel RTL: "Après de nombreuses heures de travail, je suis tout à fait en confiance avec mon compagnon et une sage-femme qui sent les cheveux, la tête...", se souvient-elle. Et d'enchaîner: "Un homme rentre dans la chambre, ne me dit pas qui il est, et déclare: "Il n'est toujours pas né cet enfant?"

Cet homme est le gynécologue de garde. Il pratique une épisiotomie et extrait le bébé à l'aide d'une ventouse. Pourtant selon Claudia, tout se passait normalement, il n'était pas utile d'intervenir.

"C'est le syndrome de la blouse blanche. On se soumet complètement."

Les jours suivants, Claudia ressent de fortes douleurs et elle est opérée d'urgence. Les points de suture de son épisiotomie ont lâché. S'en suit une douloureuse période de soins et de convalescence. Aujourd'hui encore, la jeune femme exprime de la colère à l'égard ce gynécologue. 

"J'éprouve de la colère parce qu'il est responsable d'un trauma et de la pitié aussi, parce qu'il est victime, lui aussi des cadences qu'on lui impose parce qu'un dimanche soir, il avait 3 accouchements difficiles et c'est beaucoup de responsabilités pour un seul médecin."

Dix mois après l'accouchement, Claudia et son compagnon restent profondément marqués. "Aujourd'hui, je suis encore terrorisée à l'idée de donner naissance à un deuxième enfant si j'ai cette chance-là."

L'opinion d'une sage-femme

Benedicte de Thysebaert est sage-femme depuis 40 ans, elle fait aussi partie de la plateforme "pour une naissance respectée". Elle a régulièrement été témoin de violences obstétricales en salle d'accouchement et explique l'évolution des mentalités:  "Il y a quelques années, on ne pouvait pas utiliser le mot "violences obstétricales", c'était tabou. Aujourd'hui, on peut en parler. Et de temps en temps, on peut avoir un professionnel qui est vraiment dans la violence et qui n'en a pas du tout conscience. Il est vraiment dans son ego et n'a pas conscience de ce qu'il se passe. Les professionnels qui sont alors autour, ont le devoir d'agir et d'intervenir. Et puis il y a des endroits où la charge de travail est parfois extrême, avec des équipes qui sont très malmenées, et des professionnels qui ne sont pas soutenus. Il y a deux types de violences, parfois dues à une personne, parfois à une surcharge de travail dans une équipe malmenée."

Les pouvoirs publics sont responsables

Michelle Warnimont est responsable du "cocon" "La maison de naissance" de l'hôpital Erasme, qui propose un accouchement le plus naturel possible lorsque la situation le permet. Elle pointe du doigt la responsabilité des pouvoirs publics qui imposent aux hôpitaux une cadence infernale: "Je pense que vraiment le ministère de la Santé a un rôle très important à jouer. Et donc, en fait, un hôpital a tout intérêt, financièrement à poser toute une série d'actes. Ce qui coûte cher, c'est le personnel et le temps soignant. Donc, forcément, ce n'est pas encourageant, la manière dont les financements sont pensés actuellement et toutes les initiatives qui voudraient voir le jour en Belgique se retrouvent confrontés à ce problème-là. Donc, je pense que ce sont vraiment les pouvoirs publics qui doivent faire face à ce problème-là de violences obstétricales."

Reportage de Céline Gransard

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