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La justice belge, sauvée? Tu parles ! (Edito)

Antonio Solimando livrait ce matin son édito inattendu sur Bel RTL. Il commente les ajustements budgétaires du gouvernement fédéral.

Des moyens supplémentaires pour la justice ! Le gouvernement fédéral l’a annoncé hier. 100 millions pour apurer les dettes, quelques dizaines de millions pour le personnel... Et pourtant, le secteur reste largement en danger... et avec lui notre sécurité, nos droits, nos libertés...

Le droit, la loi, nos libertés. Ça sonne comme un hymne nationale. Hier, des experts scientifiques, des psychiatres, des médecins légistes qui participent aux enquêtes, aux procès, ont appris que l’Etat allait enfin honorer leurs factures, rémunérer leurs prestations effectuées parfois depuis plus d’un an. C’est historique. Mais c’est tard. Nombreux sont ceux qui ont mis la clé sous la porte, à cause des délais de paiement de l’Etat.

Et pendant ce temps, tous les acteurs de la justice crient famine. Les Palais de Justice décrépis. Les magistrats partis à la retraite que l’on tarde à remplacer, pour gagner quelques mois de salaire. Les prisons, surpeuplées. Les nouveaux bâtiments qui tardent à arriver. Le nombre de clients démunis, les "prodeo", qui se multiplient, et les avocats de moins en moins rémunérés pour ces prestations qui basculent dans des situations financières aussi précaires que les clients qu’ils défendent.

Monsieur et Madame tout le monde, "les justiciables", eux-mêmes, ont du souci à se faire... Pas les plus pauvres, couverts par l’aide juridique. Pas les plus riches, qui profitent d’un pays en manque d’argent, pour éviter la condamnation grâce au système de transaction pénale élargie.

Non, les justiciables qui trinquent, ce sont les classes moyennes. Depuis plus d’un an, ils paient la TVA à 21% sur toutes les prestations des avocats, des huissiers et des notaires. Et bientôt, ils subiront une hausse exponentielle des tarifs de droits de greffe. De quoi décourager certains parents de se défendre pour obtenir le droit de garde de leurs enfants. Ou certains patrons de petites entreprises, d’aller en justice pour réclamer le paiement d’une facture.

Le problème n’est pas dû au gouvernement actuel. Il est le fruit du désengagement de l’Etat dans la justice depuis des décennies. Mais croire qu’on peut encore faire des économies dans ce secteur, c’est illusoire.

Thémis, la mascotte de la justice, c’est une dame aux yeux bandés. En principe, ses yeux cachés, c’est le symbole de son impartialité. Mais ces derniers temps, ce bandeau, sert à cacher la réalité financière d’un secteur, pourtant indispensable, pour la vie en société.

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