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La réaction du PS à l'accord MR-cdH ne s'est pas fait attendre: Lutgen a "une attitude schizophrène"

"Après plus de 4 semaines d'une crise qui a plongé la Wallonie dans l'immobilisme, le MR et le cdH accouchent d'un accord mince, vague et sans ambition. Tout ça pour ça", a réagi mardi le Parti socialiste. Une réaction lancée aussitôt terminée la conférence de presse annonçant les termes de l'accord de la nouvelle majorité.

Monsieur Lutgen s'attribue le travail réalisé par d'autres

"Les principaux axes de réforme étaient déjà en voie d'adoption avec la majorité PS-cdH. Ainsi en est-il de la profonde réforme des outils économiques, portée par Jean-Claude Marcourt, ou de la suppression de la télé-redevance inscrite dans la réforme fiscale de Christophe Lacroix", déplore Elio Di Rupo, dont le parti vient d'être rejeté par le cdH dans l'opposition au parlement wallon.

"Monsieur Lutgen connaissait ces réformes. Il s'attribue le travail réalisé par d'autres. Le cdH adopte, semble-t-il, la stratégie du coucou", a estimé le président du PS. "Il n'est pas besoin de le rappeler. Monsieur Lutgen a déstabilisé durablement les entités fédérées francophones. Sur certains points, le cdH reprend à son compte le travail réalisé par les ministres PS. Sur d'autres sujets, il remet radicalement en cause ce qu'il a accepté il y a quelques semaines. C'est une attitude schizophrène", a poursuivi M. Di Rupo dans un communiqué.


Irrespect de la concertation sociale?

Le nouveau gouvernement semble vouloir remettre en cause la réforme des aides à l'emploi de la ministre Tillieux. "La réforme des aides à l'emploi a fait l'objet d'un large accord entre partenaires sociaux. La méthode wallonne, avec le PS, privilégiait le respect de la concertation sociale. Remettre en cause ce que les patrons et syndicats ont négocié, rappelle la politique fédérale du gouvernement MR-N-VA. Du temps très récent où il participait au gouvernement wallon avec le PS, le cdH semblait partager l'idée de respecter la concertation sociale. L'inconsistance du cdH, véritable girouette idéologique, fait craindre le pire à ceux qui souhaitent une gestion sérieuse de la Wallonie", a indiqué le président du PS. "L'ensemble du discours surréaliste tenu par les deux nouveaux coalisés n'est guère rassurant pour l'avenir d'une Région qui a besoin de gouvernants sérieux et rigoureux", a-t-il ajouté.

Pour Elio Di Rupo, "ce sont surtout les Wallons qui vont sortir perdants des manoeuvres politiciennes du cdH".


Comment s'organisera la coordination avec la Fédération Wallonie-Bruxelles?

De son côté, le chef de groupe PS au parlement wallon, Christophe Collignon, s'est inquiété du risque de paralysie institutionnelle dans certaines matières partagées par les Régions et la Fédération Wallonie-Bruxelles, notamment la recherche ou la représentation internationale.

En matière de gouvernance, la nouvelle majorité s'approprie des mesures qui étaient dans l'air et qui allaient de toute façon voir le jour, fait encore remarquer M. Collignon, quand elle n'annonce pas des réformes qui nécessiteront un soutien du PS... qui vient d'être rejeté dans l'opposition.

Les socialistes redoutent le "retour de l'austérité". "Nous présentions des budgets en déséquilibre pour donner du souffle à l'économie et permettre aux collectivités d'investir. Aujourd'hui, on nous annonce l'orthodoxie et des cadeaux fiscaux. Comment va-t-on financer cela? Je crains que ce ne soit la fonction publique et les points APE dans les communes qui en fassent les frais", a expliqué M. Collignon qui pointe également le peu de cas fait de la politique du logement. "C'est une matière cardinale qui paraît insuffisamment traitée".


Ecolo salue des mesures positives... mais remarque "beaucoup de flou"

Ecolo voit plusieurs mesures positives dans l'accord auquel ont abouti le MR et le cdH, en particulier en matière de gouvernance. Il juge toutefois que derrière les slogans et les bonnes intentions, le flou domine. "Nous devrons prendre le temps d'une analyse approfondie dans les jours qui viennent mais, à la première lecture, c'est une impression de flou, de vague qui se dégage derrière les slogans et les intentions", a expliqué le co-président des Verts Patrick Dupriez.

Ecolo note avec satisfaction plusieurs mesures annoncées en matière d'éthique et de gouvernance publique, notamment ce qui concerne la transparence ou la réforme des provinces. "C'est sur l'éthique que la crise a commencé. Nous voyons avec satisfaction que des propositions que nous portons de longue date sont reprises. Nous les soutiendrons. Par contre d'autres manquent, par exemple en matière de décumul entre une fonction exécutive locale et un mandat parlementaire (déjà d'application pour 75% des députés wallons, ndlr). Il y a aussi des incertitudes. Pour départicratiser l'administration, ils reprennent l'école d'administration ou le système des mandats que nous avions obtenus sous la législature précédente avant qu'ils ne soient détricotés... notamment par le cdH. Nous sommes vigilants: quoique moins puissant, le cdH ne s'est jamais comporté autrement que le PS", a souligné M. Dupriez.

Les Verts épinglent la priorité accordée à l'emploi sans que le type d'emploi voulu ne soit défini ou le peu de concret sur les engagements climatiques. "On nous dit que les accords de Paris seront mis en oeuvre. Très bien mais comment?". Ecolo redoute encore que certaines mesures ne favorisent pas l'équité fiscale, par exemple la déduction fiscale du logement étudiant qui concerne peu les bas revenus, ou masquent l'absence de moyens dans certaines politiques, par exemple la fusion des TEC qui ne peut suffire pour développer la mobilité en Wallonie.

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