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MR et Ecolo veulent supprimer les provinces: sont-elles vraiment devenues "inutiles"?

Hier, le MR a donc rejoint Ecolo sur un point : les libéraux sont désormais d’accord pour supprimer les provinces, ou tout du moins les institutions provinciales. L’idée n’est pas neuve. Il est vrai que la plupart de leurs compétences relèvent, aussi, souvent, d’autres niveaux de pouvoir.

La province, institution sur la sellette depuis les récentes affaires. La presse s’y intéresse rarement mais une fois par mois, c’est dans un lieu un peu désuet que se réunit son conseil.

Quelle est son utilité? Une fois encore, Ecolo s’interroge.

"Il arrive très souvent que des compétences qui sont exercées soit par la Région, soit par les communes soit également prises en charge par les Provinces. On se demande parfois quelle est la valeur ajoutée que ces compétences soient également exercées par la Province", explique Georges Balon Perin, conseiller provincial de Namur.

Enseignement, tourisme, culture ou santé: ces compétences se superposent avec d’autres niveaux de pouvoir. Faut-il dès lors supprimer l’échelon provincial?


"Un échelon pertinent"

"Avant de se poser la question de supprimer un niveau de pouvoir, il faut se demander comment suppléer tous les services là derrière", estime Geneviève Lazaron, députée provinciale de Namur.

"Est-ce que vous voyez que chaque commune commence à faire le traitement des déchets, à ramasser les poubelles ? Non donc il faut à un moment donné un échelon, il me semble pertinent", juge Jean-Louis Close, conseiller provincial de Namur depuis 45 ans.


"Cela nécessite beaucoup de courage"

Si les réticences persistent au niveau politique, certains observateurs se montrent beaucoup plus catégoriques.

"C’est un niveau de pouvoir qui remplit des rôles qui peuvent être remplis par d’autres personnes donc je pense qu’effectivement ce sont des structures qui ne sont plus indispensables", affirme Jean-Benoît Pilet, professeur de sciences politiques (ULB). "Cela nécessite beaucoup de courage politique car vous allez toucher aux intérêts de beaucoup d’élus provinciaux et d’autre part au travail concret des personnes qui travaillent dans ces institutions."

Le budget des provinces wallonnes avoisine le milliard d’euros, financé à 50% par le précompte immobilier. La disparition de l’institution entraînerait une redistribution des compétences vers la communauté, la région et les communes qui ne manqueraient pas de solliciter un refinancement.


Les institutions provinciales sont-elles vraiment devenues "inutiles"?

Un Conseil provincial s'est par ailleurs tenu ce matin dans le Hainaut. La question a été mise sur la table et il semblerait que les conseillers ne sont pas hostiles à cette idée. Mais ils souhaiteraient tout de même être associés au débat.

L’actualité s’invite au conseil provincial. Les dessins de la future majorité, c’est la suppression des conseillers provinciaux.

Ils sont 56 dans le Hainaut appuyés par un collège de 5 députés. A leur tête, Serge Hustache, 59 ans et socialiste. Un traitement identique à celui d’un parlementaire fédéral plus des indemnités liées à sa fonction.

La réforme des Provinces, il n’est pas contre mais… "Nous ne devons pas diaboliser ceux qui parlent de la suppression des provinces. C’est parfaitement légitime", estime Serge Hustache, président du collège provincial. "Mais par contre, ce qui pose problème, c’est de vouloir faire des réformes alors qu’on ne connaît pas bien cette institution."

Armand Boite est échevin (MR) à Tournai. Il touche des jetons de présence au conseil provincial et se dit surpris de l’annonce faite hier par son propre parti. "On veut réformer le pouvoir institutionnel belge et particulièrement en Wallonie mais je crois qu’à l’heure actuelle, des discussions doivent être menées pour arriver à un meilleur résultat dans l’intérêt de la population", indique-t-il.

Les écologistes apparaissent comme les plus radicaux en termes de gouvernance. Qu’en pense Philippe Cornet, conseiller provincial depuis 30 ans dans l’opposition? "C’est le moment de supprimer le conseil provincial mais il faudrait garder un niveau de contrôle entre la Région et les communes", estime-t-il.

Quid du sort des 4000 agents et des 4500 enseignants provinciaux? Face aux promesses de réformes, l’institution provinciale veut avoir son mot à dire. 

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