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Pas de matchs à Bruxelles, capitale de l'Europe, pendant l'Euro 2020: quelle image pour la Belgique?

Serge Vermeiren était en direct de la fédération belge de football pour le RTL INFO 19H.

L'UEFA a décidé jeudi de retirer à Bruxelles les quatre matches de l'Euro-2020 de football qui devaient s'y dérouler au profit de Londres, ce qui pourrait signifier la fin d'un projet controversé de grand stade dans la capitale. Le stade de Wembley, où se dérouleront les deux demi-finales et la finale, accueillera donc au total sept rencontres. Quant au match d'ouverture, pour lequel Bruxelles était en lice, il se déroulera au stade Olympique de Rome.

L'octroi de quatre matches à Bruxelles, qui faisait partie de l'une des treize villes choisies en 2014 pour accueillir l'Euro-2020, était lié à la réalisation d'un stade aux normes pour la compétition, projet sur lequel l'UEFA a désormais trop de doutes pour prendre le risque de maintenir Bruxelles dans la course.

"En raison de l'incapacité du projet 'Eurostadium' à répondre aux conditions posées par l'UEFA, les quatre matches initialement prévus à Bruxelles sont reprogrammés à Wembley", a annoncé Aleksander Ceferin, patron de l'instance dirigeante du football européen.

Soulignant que la décision avait été prise "à l'unanimité" par son comité exécutif, il a déploré que ses interlocuteurs belges aient été "incapables de fournir les documents et les garanties" en temps voulu.


"La fédération espérait un nouveau petit délai"

En Belgique, la décision a été accueillie comme une demi-surprise. "Comment expliquer à la population, comment expliquer aux supporters que nous avons une équipe de football du top européen, que l’année prochaine, le championnat d’Europe fêtera ses 60 ans, qu’il allait pour la première fois être organisé dans plusieurs villes européennes et Bruxelles, capitale de l’Europe, ne sera pas de la partie pour accueillir la compétition. Jusqu’au bout, les responsables de la fédération belge de football ont négocié avec l’UEFA, ce fut notamment le cas il y a quelques jours à Moscou, lors du tirage au sort de la phase finale du Mondial. La fédération espérait un nouveau petit délai pour obtenir ce permis de bâtir, en vain. L’UEFA a pris sa décision", explique notre journaliste Serge Vermeiren en direct de la fédération belge de football.


La décision a surtout pour conséquence d'assombrir encore l'horizon pour le projet actuel d'"Eurostadium". Ce dernier n'a jamais réussi à fédérer au-delà de ses soutiens initiaux, la fédération belge de football et quelques élus influents de la ville et de la région de Bruxelles. Paradoxe du projet, le terrain choisi pour bâtir, dit du "parking C", appartient à la ville de Bruxelles mais est située en terre flamande sur la commune limitrophe de Grimbergen. Et dès l'origine les concepteurs auraient ignoré les réglementations locales d'urbanisme, ce qui a valu nombre de réclamations et de recours en justice.


Où était le gouvernement fédéral?

"Ce projet était principalement politique, porté par la Ville de Bruxelles, par la région bruxelloise. Et certains diront, où était le gouvernement fédéral, où était le projet national que le gouvernement aurait pu porter à bout de bras ? Le gouvernement fédéral n’a jamais été interpellé par les régions, notamment lors des comités de concertations, ces réunions où les régions et le fédéral discutent des projets à mener ensemble. Il n’y a jamais eu, semble-t-il, de concertation à ce niveau-là", dit encore notre journaliste. "J'ai des doutes profonds sur la concrétisation d'un projet qui a extrêmement mal démarré", a fustigé le Premier ministre Charles Michel jeudi devant les députés à la Chambre.

"Je ne comprends pas pourquoi la Région bruxelloise a choisi d'implanter ce stade à Grimbergen, en Flandre, en dehors de son territoire, avec toutes les difficultés que l'on voit maintenant", a renchéri le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders.

Le député bruxellois Fabian Maingain (DéFI) a qualifié la décision de l'UEFA de "terrible désaveu pour la crédibilité internationale de la Belgique".

De son côté Alain Courtois, le Premier échevin de la Ville de Bruxelles et échevin des Sports , qui plaide depuis les années 80 pour un grand stade, s'est dit "déçu" et "amer". "Après 30 ans, on en est toujours au même point. Rénovation par le public: niet. Nouveau stade en partenariat avec le privé: niet", a-t-il écrit sur Twitter, regrettant le manque d'"ambition" de la Belgique.


"Mégalomanie" et "manque de transparence"


La future construction avait été attribuée en 2014 au promoteur Ghelamco, les collectivités garantissant que pas un euro d'argent public ne serait investi.

Mais pour assurer son équilibre financier, Ghelamco a alors eu carte blanche pour imaginer une vaste infrastructure, intégrant bureaux, logements, espaces commerciaux etc, a expliqué à l'AFP le député bruxellois de la N-VA (nationalistes flamands) Johan Van den Driessche. "Bref un mélange de mégalomanie et de manque de transparence politique", selon cet élu.

La solution alternative d'une rénovation de l'actuel stade "Roi-Baudouin", qui héberge les matches de l'équipe nationale, a été de nouveau réclamée jeudi par les écologistes. "Nous avons absolument besoin d'un nouveau stade de 45.000 places (...) digne du XXIe siècle", a commenté pour sa part le président de la fédération belge de football, Gérard Linard.

L'ambition d'un nouveau stade plus sécurisé pour accueillir les grands matches à Bruxelles est née au lendemain de la tragique bousculade du Heysel, qui avait fait 39 morts en mai 1985.

En disgrâce pendant un temps avec l'UEFA, la fédération belge avait rebondi avec l'organisation de l'Euro-2000, mais toujours sans nouveau stade. Le Heysel a été rénové et rebaptisé "Stade Roi-Baudouin" dans les années 90.

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