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Pour quelles raisons vos enfants appellent-ils le 103 à l'aide?

Le 103, un numéro gratuit et anonyme disponible 7 jours sur 7 de 10h00 à minuit pour les enfants et les adolescents, a reçu au total 29.271 appels durant l'année 2014, soit un chiffre stable, a annoncé jeudi, lors de la présentation du rapport d'activités, Sylvie Courtoy, coordinatrice d'Ecoute-Enfants, créé il y a 26 ans. Rachid Madrane, ministre de l'Aide à la Jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles, a salué le travail des écoutant(e)s présent(e)s à l'Intercommunale des modes d'accueil pour jeunes enfants (IMAJE), à Fernelmont (Namur), qui reçoivent des témoignages parfois "émotionnellement éprouvants".

Les thématiques les plus abordées par les jeunes appelants concernent notamment les relations qu'ils ont avec leurs parents, les émotions et les sentiments, les relations amoureuses et la sexualité, les maltraitances ou le harcèlement dont ils sont victimes. Les écoutants doivent faire preuve d'une grande empathie. "Les adultes ont souvent des réactions faciles en jetant des banalités dépourvues d'empathie telles que 'Une de perdue, dix de retrouvées' (...) Au 103, nous n'avons pas de réponse toute faite. Nous cheminons avec l'enfant", explique Maryse Tonon, secrétaire générale d'IMAJE. D'après Sylvie Courtoy, les adultes ne mesurent pas toujours la gravité de certains propos. "Une petite fille, qui se sentait rejetée, nous a un jour rapporté que sa maman lui avait dit 'Les enfants, c'est comme les crêpes, la première est toujours ratée'". La coordinatrice s'est souvenue d'un rare cas où la levée d'anonymat d'une adolescente abusée par son père avait été envisagée pour pouvoir avertir les services de police. Outre des sujets personnels, beaucoup d'enfants ont exposé leurs craintes vis-à-vis de l'actualité comme l'affaire des "clowns tueurs", les djihadistes, l'épidémie d'Ebola, le suicide d'une adolescente ou un infanticide début mai 2014 à Jambes. "Est-ce que ma maman pourrait me tuer?" a par exemple demandé un enfant à une écoutante. Enfin, Sylvie Courtoy a été marquée en 2014 par les appels de "jeunes errants". Des jeunes de 18-19 ans mis à la porte du domicile familial ou fugueurs qui appellent tard le soir alors qu'ils sont seuls en rue.


Beaucoup de "blagues" sur la maltraitance...

Ce sont les 13-15 ans qui appellent le plus (36,7% des appels). Suivent les 10-12 ans (19,9%) et les 16-18 ans (18,1%). Les appels provenaient majoritairement de filles (54,3%) puis de garçons (42,6%). Sur les 29.271 appels reçus l'année dernière, 10.548 étaient des appels "à contenu" (qui durent plus d'une minute) et 11.410 étaient des blagues. Selon Sylvie Courtoy, si ces derniers appels peuvent être réellement des canulars, ils peuvent aussi cacher un réel mal-être de l'enfant qui tente d'expliquer ce qu'il vit sur le ton de la plaisanterie par gêne, par peur ou pour dédramatiser. "Le thème le plus présent autour des blagues est la maltraitance", indique-t-elle. 4.882 de ces appels étaient "muets", c'est-à-dire que l'enfant veut parler mais il n'arrive pas à verbaliser. Le reste, soit 2.431 appels, a été classifié dans les appels "grossiers".


Un service utile à pérenniser

"Le 103 est vraiment le réceptacle de tous les questionnements d'enfants", a signalé Rachid Madrane, indiquant que la Fédération Wallonie-Bruxelles est consciente de l'utilité d'un tel service et qu'il faut le pérenniser. Le 103 vise à écouter les appelants mais également à les orienter et à les conseiller dans certains cas. Il est aussi disponible pour les professionnels de la jeunesse et les parents. Parallèlement à ce travail, Ecoute-Enfants a remis à jour son site internet et a créé une page Facebook "103 Ecoute-Enfants".


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