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Reynders: la Flandre, la Wallonie et Bruxelles sont toutes concernées par l'Arabie Saoudite

Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR) était l'invité de la rédaction de Bel RTL ce matin. Il répondait aux questions de Martin Buxant. Faut-il revoir les rapports qu'entretient la Belgique avec l'Arabie Saoudite? Oui, mais pas les stopper purement et simplement, selon le ministre. D'autant qu'Anvers et la FN Herstal bénéficient de l'argent saoudien, tandis qu'à Bruxelles se pose la question de la Grande Mosquée, gérée par des Saoudiens à l'islam particulièrement radical. Mais là, c'est Jan Jambon qui a la main.

Martin Buxant: Le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort indiquait qu'il fallait revoir les rapports avec l’Arabie Saoudite parce qu'elle est soupçonnée de financer le fondamentalisme et l'islamisme. Qu'est-ce que vous en pensez?

Didier Reynders: Il y a 3 plans différents. J'ai répondu à cette question au parlement. Le premier, il faut un dialogue avec l'Arabie Saoudite sur le plan diplomatique. Pourquoi?


Donc on n'arrête pas les relations?

Non, simplement parce qu'il faut les amener à trouver des solutions en Syrie ; ce que l'on fait pour l'instant dans des discussions menées à Vienne. Mais il faut aussi parler avec l'Arabie Saoudite des droits de l'homme, de la peine de mort, des centaines d'exécutions, d'un bloggeur qui est condamné à la flagellation. Donc moi, je veux rencontrer mes homologues pour leur parler de cela. Le deuxième problème, c'est le problème économique. Faut-il accueillir au port d'Anvers un investissement de 3 milliards 800 millions?


Et qu'est-ce que vous en pensez?

Je crois que la Région (la Flandre, ndlr) doit ouvrir ce débat. C'est une compétence directement régionale, donc on devrait au moins vérifier qu'il n'y a pas de lien avec, par exemple, des familles finançant le terrorisme. Tout comme, je l'ai rappelé au toutdébut aux ministres-présidents par courrier ; ils ont aussi une compétence par exemple en matière de licence d'exportation d'armes. Chaque Région doit se poser la question de savoir s'il faut continuer à exporter vers un pays comme l'Arabie Saoudite.


C'est la Wallonie, avec la FN Herstal?

Oui qui est à 100% dans les mains de la Région. Mais il faut avoir ce débat-là à l'endroit où il doit avoir lieu et donc j'invite les régions à me dire effectivement quelles initiatives elles souhaitent prendre en la matière. Et puis le troisième débat, il est fondamental pour nous. C'est celui d'avoir enfin en Europe un islam modéré, un islam qui est compatible avec les valeurs européennes. On rappelle toujours l'égalité homme-femme, la séparation des églises et de l'état. Cela veut dire quoi? Avoir des imams formés chez nous. Donc il faut -et j'espère que les communautés vont se lancer dans la démarche- une formation des imams en Belgique comme en Europe avec des écoles et des universités. Il faut aussi des lieux qui soient contrôlés.


Alors justement la grande mosquée de Bruxelles, faut-il permettre son financement par l'Arabie Saoudite?

Je crois effectivement que l'on doit vérifier ces financements. Maintenant, concernant le lieu, je crois que ce qui est le plus important, c'est de savoir ce qu'on y dit et quels sont les imams qui interviennent.


Ce n'est pas la porte d'entrée pour les imams radicaux?

Si on veut rompre ce lien, il est peut-être bon de mettre fin au bail qui a été concédé à l'époque. C'est un bail qui dépend de la régie des bâtiments. J'en parlerais à Jan Jambon, c'est lui qui a cette compétence dans ses mains, avec le centre islamique à Bruxelles. Mais ce n'est pas seulement l'Arabie Saoudite. La concession, elle a été signée à l'époque avec l'ambassadeur de l'Arabie Saoudite et l'ambassadeur du Maroc.


Donc si on met fin au bail, le Maroc en pâtira aussi?

Ce que je crois surtout, c'est qu'il faudra une négociation parce qu'il y a des travaux qui ont été réalisés et la convention prévoit qu'il faudra les indemniser mais c'est quelque chose qui peut se faire. Plus fondamentalement, il faut surtout couper les sources de financement en interdisant à des prédicateurs qui n'ont pas été formés chez nous de venir diffuser une vision intégriste qui peut parfois conduire au fanatisme qu'on a vu à Paris et dans d'autres attentats.


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