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La motion de méfiance contre Paul Furlan jugée irrecevable: le MR et Ecolo vont en déposer une nouvelle

Le MR et Ecolo ont déposé ce lundi une motion de méfiance pour réclamer la démission du ministre Paul Furlan (PS). Elle a été jugée irrecevable selon le président du Parlement, André Antoine. Les deux partis de l'opposition ont annoncé qu'ils allaient la corriger.

Ce lundi était un jour J, un de plus, dans l’affaire Publifin, ce scandale des rémunérations astronomiques de politiciens par la nébuleuse intercommunale Publifin, propriétaire de la société privée Nethys, elle-même propriétaire de VOO, BeTV, Resa et L'Avenir. L’opposition Ecolo/MR a déposé ce lundi une motion de méfiance à l’égard du ministre wallon des Pouvoirs locaux Paul Furlan (PS) pour réclamer sa démission et la répartition de ses compétences parmi les autres ministres du gouvernement.

La motion ne propose aucun successeur à M. Furlan (PS), a précisé M. Antoine (cdH) à l'agence Belga. Elle contrevient ainsi à l'article 71 de la loi spéciale sur les Réformes institutionnelles. La motion de méfiance a en effet un objectif constructif et doit donc proposer un successeur au ministre dont on réclame la démission. En outre, le parlement ne peut s'arroger le pouvoir de modifier le nombre de ministres - MR et Ecolo proposent de passer de huit à sept ministres -, compétence gouvernementale fixée par arrêté. M. Antoine en a averti les chefs de groupe du MR et d'Ecolo, Pierre-Yves Jeholet et Stéphane Hazée, dont il attend désormais une nouvelle motion, éventuellement élaborée avec les conseils juridiques des services du parlement.

Une telle motion de méfiance constitue une première dans l'histoire parlementaire wallonne. "S'ils me proposent une nouvelle motion (et qu'elle est recevable), je convoquerai (la séance plénière) dans les meilleurs délais", a assuré André Antoine. Les auteurs de la motion ne se sont pas émus outre mesure de cet écueil formel. "On essuie les plâtres" de cette procédure qui n'a jamais été utilisée au parlement wallon, a reconnu Pierre-Yves Jeholet. Il dit s'être fondé sur une interprétation juridique mais ne voit aucun problème à corriger le texte, ce qui sera fait dès ce lundi soir avec le dépôt d'une nouvelle motion, a-t-il assuré. "Cela ne change en rien notre défiance à l'égard du ministre Furlan", a souligné M. Jeholet. Stéphane Hazée a tenu le même propos, affirmant que le résultat de la correction sera le même que l'objectif initialement visé. En l'état actuel des choses, une motion de méfiance avancée par l'opposition n'a aucune chance d'être adoptée, étant donné le soutien de la coalition PS-cdH au ministre Paul Furlan.


La motion n'a presque aucune chance d'aboutir car elle doit être votée à la majorité. Etant donné que la coalition PS-cdH du gouvernement wallon détient la majorité au Parlement, il est peu probable que des députés cdH ou socialistes votent contre Paul Furlan.

Cette motion de méfiance intervient suite au scandale de Publifin. Le chef de cabinet adjoint de Paul Furlan, Claude Parmentier, était administrateur de Publifin, où il a touché des rémunérations importantes. Publifin possède également la société Nethys, elle-même propriétaire de l'opérateur des réseaux de distribution de gaz et d'électricité Resa, d'où un possible conflit d'intérêt. Depuis, Claude Parmentier a démissionné de son poste de chef de cabinet adjoint.

 

Une réunion du Parlement wallon dans les 48h

La motion étant déposée, elle entraîne une réunion du Parlement wallon en séance plénière dans les 48 heures, soit vraisemblablement jeudi. Le texte demande au gouvernement wallon de reprendre les compétences du ministre.

Les libéraux et les écologistes n'entendent pas participer aux travaux que dirigeront le ministre-président Paul Magnette et le président du Parlement André Antoine à propos de la gouvernance publique tant que M. Furlan est en place. Une première réunion devrait avoir lieu jeudi. "Le gouvernement est en défaut d'agir. Nous lui demandons d'assumer ses responsabilités. La réunion n'est pas encore convoquée et, à ce stade, n'a pas de sens", a commenté le chef de groupe Ecolo, Stéphane Hazée.

Les deux partis de l’opposition wallonne réclament également la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire.


Le cdH attend les décisions de Paul Furlan en matière de bonne gouvernance

Au PS, on déclare toujours soutenir sans faille le ministre Furlan. "Rien n'a changé dans la situation de Paul Furlan et rien n'a changé dans notre soutien", a expliqué Paul Magnette hier. Allant dans ce sens, le cas du ministre Furlan ne fait même pas l'objet d'un débat au bureau du PS qui s'est réuni ce lundi en milieu de matinée. A l'entrée du bureau, plusieurs personnalités socialistes ont rappelé les réformes que le ministre Furlan a déjà mises en oeuvre en Wallonie, et la nécessité de renforcer encore ces réformes. Le président du PS Elio Di Rupo doit présenter au bureau du parti une batterie de mesures en ce sens, en termes de publicité des mandats et des rémunérations, ainsi que de limitation et de décumul.

Sauf que pour maintenir Paul Furlan en place, il faudra le concours du cdH, partenaire de majorité du PS. Et c’est là que ça pourrait se jouer. Le président des Humanistes était l’Invité hier de Pascal Vrebos sur RTL-TVI et Bel RTL. Il a laissé entendre que son parti pourrait ne plus soutenir Paul Furlan, au risque de se fâcher avec son partenaire au gouvernement wallon.

Vendredi soir, le cdH a annoncé que ses 4 administrateurs dans Nethys et Publifin démissionnaient. Ils seront remplacés et le nom de l'un des remplaçants est déjà connu: Cédric Halin, l'échevin d'Olne qui a révélé l'affaire Publifin. Le président Benoît Lutgen attend des autres partis qu'ils fassent de même mais jusqu'à présent, il n'a pas été suivi. "Si les autres formations politiques ne suivent pas, nous prendrons nos responsabilités en ce compris par rapport à M. Furlan. Il doit emboîter le pas et prendre les choses à bras le corps." Cela signifie que "si les propositions que nous avons émises (sur la limitation stricte, la sobriété en matière de rémunérations, la publicité des débats au niveau des conseils d'administration) ne sont pas reprises, M. Furlan devra en tirer les conclusions".

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