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Willy Borsus autorise 25 contrats de vente d'armes à l'Arabie saoudite: voici ce qu'il disait à ce sujet en juillet

Le Mouvement réformateur s'est retrouvé jeudi au cœur des critiques à la Chambre, après l'autorisation par le gouvernement wallon, dirigé par Willy Borsus (MR), de 25 nouveaux contrats d'exportation d'armes vers l'Arabie saoudite. Pourtant, le parlement fédéral avait voté une résolution, relayée par le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, invitant à stopper l'exportation d'armes vers la monarchie pétrolière.

En juillet, lorsque Willy Borsus et son gouvernement étaient entré en fonction, nos journalistes Mathieu Col et Guillaume Houssonloge avaient demandé au ministre-président quelle était sa position sur ce sujet. "Le dossier des autorisations des licences d'exportation est un dossier qui, depuis de nombreuses années au niveau belge, a été un dossier tendu. On se souvient d'épisodes avec la Tanzanie et d'autres dossiers extrêmement complexes. Avant de m'exprimer sur ce dossier-là en particulier, je souhaite me plonger dans le dossier et dans les avis qui l'accompagnent, et ensuite avoir les concertations pour pouvoir m'exprimer", avait répondu le libéral. Après quelques mois, il semble avoir finalement fait son choix...

En mars dernier, questionné par nos confrères de La Libre, le député MR Nicolas Tzanetatos semblait admettre à demi-mot qu'il faudrait stopper l'exportation d'armes vers l'Arabie saoudite. "Au MR, nous sommes légalistes. Nous nous retranchons derrière le décret wallon qui organise l’exportation d’armes et qui, en fait, n’est que la transposition des règles européennes et des critères qui doivent être respectés pour pouvoir exporter. Je ne pense pas que l’Arabie saoudite respecte ces critères…", disait-il à l'époque

Le gouvernement flamand lui aussi visé

Au nord du pays, le gouvernement flamand, dont plusieurs composantes ont vivement critiqué la décision de l'exécutif wallon, n'a pas non plus été épargné par l'opposition flamande, alors qu'il refuse à ce stade qu'un embargo belge frappe l'équipement de haute technologie à double usage, produit en Flandre.


La résolution du parlement fédéral autorisait Didier Reynders à réclamer un embargo

Le parlement fédéral a voté au printemps, à l'initiative des écologistes, une proposition de résolution invitant le ministre des Affaires étrangères à plaider un embargo sur les armes vers l'Arabie Saoudite, au niveau européen, et auprès des Régions, compétentes en la matière. Le dossier est sensible vu le poids économique de la FN à Herstal, mais la résolution avait pu bénéficier d'un large soutien à l'appel de Didier Reynders (MR), fragilisé par la gestion diplomatique d'un dossier impliquant la situation des droits humains en Arabie Saoudite.

Plusieurs élus avaient alors permis d'évoluer vers un consensus, le député d'opposition Georges Dallemagne (cdH), dont le parti se trouve dans la majorité wallonne, ainsi que son collègue de majorité Richard Miller (MR), dont la formation siégeait alors dans l'opposition à Namur.


Le nouveau gouvernement wallon va contre cette résolution

Entre-temps, la majorité wallonne (MR-cdH) du nouveau ministre-président Willy Borsus vient d'autoriser 25 nouveaux contrats d'exportation vers l'Arabie Saoudite, une décision qui a suscité quelque gêne voire des réactions courroucées. "On se souvient des propos très forts de MM. Miller et Dallemagne et de l'enthousiasme exprimé à l'occasion de cette motion adoptée par le parlement. Sans doute, à ce moment-là, le débranchement d'une prise n'était-il pas annoncé ou pas suffisamment connu de certains. M. Borsus était membre de la majorité fédérale. Faut-il franchir la Meuse pour que tout s'oublie?", a demandé Olivier Maingain (DéFI).


La position de Paul Magnette quand il était ministre-président

Lorsqu'il était encore ministre-président, Paul Magnette (PS), affirmait que la position de son gouvernement était d'appliquer un embargo qui serait décidé au niveau européen. Or le parlement européen a voté une résolution en 2016 réclamant un embargo sur les ventes d'armes à l'Arabie saoudite. Mais la responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, y a apporté "une sorte de fin de non-recevoir", avait noté M. Magnette.

Il rappelait également que les demandes d'autorisation d'exportations vers l'Arabie saoudite faisaient l'objet d'un examen "extrêmement minutieux au regard des critères de la position commune européenne", et que le gouvernement wallon avait à plusieurs reprises demandé de nouveaux tours de table du COARM, cette instance qui fixe la position commune de l'Union européenne.

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