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Vives réactions aux propos de De Wever: "C'est faux! Les réfugiés n'ont pas accès aux mêmes droits sociaux qu'un Belge"

La sortie de Bart De Wever sur l'accueil des migrants fait grincer des dents les défenseurs des droits des réfugiés, ainsi que l'opposition politique. Le président de la N-VA voudrait créer un statut spécial pour les réfugiés. Pour Bart De Wever, ils ne devraient pas bénéficier des mêmes avantages que les Belges. Des propos jugés illégaux et fallacieux par les associations.


Une proposition illégale

Pour les associations qui défendent les droits des réfugiés, la sortie du président de la N-VA n'a aucun sens. D'autant plus qu'un statut à part serait illégal. "Dans ses directives, l'Union européenne explique ce qui doit être mis en place pour l'accueil des demandeurs d'asile et pour le statut des protections", explique Malou Gay, la co-directrice du CIRÉ (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers). "Au-delà de ça, il y a aussi la loi belge, où un réfugié reconnu est assimilé à un Belge. La constitution ne permet pas de faire de différence entre les citoyens", précise-t-elle.


"C'est faux! Ils n'ont pas droit au chômage ni aux mêmes droits sociaux"

Pour le CIRÉ, la proposition pourrait également transmettre une image peu positive des demandeurs d'asile. "C'est faire des amalgames, et donner des informations fausses à la population. Les réfugiés n'ont pas les mêmes droits sociaux que les Belges, il y a des différences. Ils n'ont pas droit au chômage quand ils arrivent, c'est faux. Ils n'ont pas une préférence dans les logements sociaux, c'est faux", tient à ajouter Malou Gay, du CIRÉ.


"Les réfugiés n'ont accès qu'aux droits résiduels"

Les réfugiés ne disposent pas exactement des mêmes droits que les citoyens belges qui "ont contribué toute leur vie au système. Ils ne bénéficient que de droits résiduels", en ce compris le revenu d'intégration sociale, précise Andrea Rea, sociologue à l'ULB. Le professeur  pointe l'inexactitude des propos du bourgmestre d'Anvers, en réaction aux propos tenus par le président de la N-VA, Bart De Wever, mercredi soir dans l'émission Terzake.

De plus, "Ils ne sont pas nombreux à bénéficier d'un logement social, puisqu'il en existe très peu". "Et ils ne seront en aucun cas prioritaires, mais bien traités à la même enseigne que n'importe quel Belge", souligne Malou Gay. Pour Andrea Rea, la sortie de De Wever se rapproche clairement de l'extrême-droite et vise à "faire peur à l'opinion publique". "C'est une communication populiste", renchérit Malou Gay, du CIRÉ. "On rajoute de l'huile sur le feu à une situation déjà difficile en créant des amalgames. On ne va pas faire des catégories de personnes", ajoute-t-elle.


Les chiffres illustrent la participation active des migrants à l'économie belge

Comme tous les bénéficiaires du revenu d'intégration, les réfugiés reconnus ont ainsi l'obligation de chercher un emploi et de participer à l'économie du pays. Une réalité bien intégrée, selon une étude menée par l'ULB et la KU Leuven, puisque quatre ans après l'obtention du statut de réfugié, seuls 25% des 108.856 personnes suivies pendant 10 ans continuaient à bénéficier du revenu d'intégration. Une sur deux avait entre-temps trouvé du travail, 13% touchaient des allocations de chômage - impliquant donc un passage par le marché de l'emploi et une participation active à l'économie du pays -, les 19 autres pour cent étant en retrait du marché du travail - majoritairement des femmes au foyer. "Une distribution quasi identique à celle de la Belgique en général", rappelle Andre Rea.


Des propos qui choquent

L'opposition politique flamande et francophone critique vivement le projet de Bart De Wever. D'après eux, il reviendrait à créer des citoyens de seconde zone. Les déclarations de Bart De Wever sur la question de l'asile ont notamment choqué la députée européenne Kathleen Van Brempt (sp.a). Selon elle, les propos du président de la N-VA font passer les réfugiés pour des criminels et des terroristes. "On crée ainsi un climat propice à ce que les citoyens s'en prennent aux centres d'accueil, comme cela s'est passé en Allemagne", prévient-elle. Kathleen Van Brempt estime que De Wever "s'affranchit une fois de plus de toute responsabilité", en reportant la faute sur l'Europe.

Même lorsqu'il s'agit de l'écart important existant entre le nombre de demandeurs d'asile présents dans les différents Etats membres. Ce sont pourtant ces mêmes Etats qui ont refusé un plan de répartition honnête, rappelle la députée socialiste.


"Il continue à entretenir cette opposition 'nous-eux'"

"Au parlement européen, une majorité de députés soutient l'idée d'un plan de répartition obligatoire avec un quota pour chaque Etat membre et qui tienne compte de plusieurs facteurs", poursuit Madame Van Brempt. "Si De Wever est favorable à un tel plan, qu'il fasse en sorte que la Belgique se comporte en meneur au Conseil européen. Il aura en tous cas l'appui tant de la Commission que du Parlement. Mais nous ne verrons pas De Wever faire ce pas".

Kathleen Van Brempt regrette, en tant que chef du groupe sp.a anversois, que De Wever refuse "toute solidarité" de la ville avec des réfugiés supplémentaires. "A l'instar de son discours dans Terzake, il continue à entretenir cette opposition 'nous-eux'".



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