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"Un foutoir", "le flou total", "c'est précipité" : ils nous racontent la GALÈRE liée aux cours de citoyenneté

Les profs et syndicats témoignent de la difficulté de mettre en place les fameux cours de citoyenneté. A une dizaine de jours de la rentrée scolaire, certains n'ont aucune information à ce sujet. Pourtant, il va falloir suivre des formations, déterminer le nombre de professeurs nécessaires, gérer ces cours, etc. "Tout a été organisé dans la précipitation car la loi a été votée trop tard", reprochent les syndicats.

A partir du 1er septembre 2017, une éducation à la philosophie et à la citoyenneté est dispensée dans les 500 établissements d’enseignement secondaire ordinaire, organisé et subventionné par la Communauté française. Cette éducation fait partie de la formation obligatoire et est soumise à évaluation. Elle intervient dans la certification de la réussite de l’élève à chaque étape de son cursus dans l’enseignement obligatoire. Elle est donc importante. Mais à entendre les professeurs et syndicats, sa mise en place semble catastrophique.

Elle est organisée dans la précipitation: "Elle a été votée en juillet au lieu de février!"

Différents acteurs de l’enseignement (comme les pouvoirs organisateurs et les syndicats) estiment que l’introduction du cours de philosophie et de citoyenneté dans le secondaire aurait pu être préparée plus tôt (le décret n’a été adopté que le 18 juillet). Joseph Thonon, président du syndicat CGSP-Enseignement, fustige l'impréparation de cette rentrée pour le cours de citoyenneté. "Le décret a été pris trop tard. On nous avait promis un vote en février, il a été voté en juillet. C'est toujours un stress quand on doit organiser quelque chose dans la préparation"
 

Les profs concernés ne savent même pas où ils vont travailler: "La rentrée va peut-être être un foutoir"

Certains profs de morale ou de religion, même nommés, sont inquiets : devront-ils se partager entre plusieurs établissements ? Les plus anciens ont la priorité. "J'ai postulé pour enseigner la citoyenneté, témoigne Renand Frisée, professeur de morale à Flémalle, en région liégeoise. Il dit avoir voulu assurer son avenir. Le nouveau cours impliquera peut-être de faire la navette entre plusieurs établissements. "Mon chef m'assure qu'a priori, je pourrai rester dans mon école et moi, quand je lis la circulaire, je vois que je ne peux pas y rester car je ne peux pas cumuler. Donc, je vais peut-être me retrouver sur les routes. Ma compagne est prof de morale, elle va se retrouver sur les routes à coups sûrs: il y a deux profs plus anciens qui ont postulé pour le cours de citoyenneté. Elle est la troisième, donc elle est sûre de ne pas avoir assez d'heures. Et donc, elle devra aller dans une autre école".

Alors comment s'annonce cette rentrée? "On ne sait pas très bien si ce sera le foutoir, comme en primaire pour le secondaire, se questionne Renand. Mais on le pressent".

Pour l'instant, c'est l'instabilité qui règne. "Je ne sais pas encore où je travaille le 1er septembre alors que j'étais nommé, s'insurge Renand. Est-ce que je peux inscrire ma fille à la danse sachant que je vais devoir suivre une formation qui sera peut-être fixée le mercredi après-midi, comme son cours? On est deux profs de morale à la maison, c'est vraiment compliqué".

 
Les parents n'ont toujours pas communiqué leur choix: les écoles ne savent pas estimer le nombre de profs nécessaires

Autre souci : de nombreux parents n’ont pas encore rentré leur formulaire de choix (entre une deuxième heure de citoyenneté ou une seule plus une heure de religion ou de morale). Ce formulaire a été distribué le 1er juin, avec invitation à répondre pour le 30 juin. D’où la difficulté pour les établissements d’anticiper le nombre de profs nécessaires. "Les parents ont d'autres chats à fouetter, ils se soucient surtout de la réussite de leur enfants. Et puis après, il y a les vacances", explique Roberto Gallucio, administrateur-délégué du réseau des communes et des provinces.

Que faire en cas de manque de volonté des parents? "Rappelons que la loi dit qu'on peut s'inscrire jusqu'au 15 septembre, souligne Charles Huygens, directeur général de l'instruction à la Ville de Bruxelles. Sinon, on prendra le principe de continuité: à savoir, ce qu'ils ont fait l'année précédente".

Pas de chiffre global disponible à propos du choix des parents au niveau de la fédération Wallonie-Bruxelles. En revanche, au niveau de la ville de Bruxelles (14 établissements secondaires) 7850 formulaires ont été distribués. 23% des parents n’ont pas encore rentré leur formulaire. Un tiers des répondants ont choisi une deuxième heure de citoyenneté. 

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