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Fabienne vit aux côtés d'une personne alcoolique et subit aussi la maladie: "On est pris dans une toile d'araignée"

Le congrès annuel des "Alcooliques Anonymes" se déroule aujourd'hui à Tournai. Les personnes touchées peuvent s'y exprimer et être soutenus. Mais ils ne sont pas les seuls à souffrir. On estime que pour une personne qui boit, cinq de ses proches sont impactés. Christophe Clément et Mickaël Danse ont rencontré des conjoints, parents, collègues... qui vivent parfois un enfer.

Dans le groupe de paroles Al-Anon, les conjoints ou parents partagent un point commun: celui de vivre au quotidien avec une personne alcoolique. Ils y abordent leurs expérience difficiles, "on camouflait, on cachait, on riait en disant 'il a bu un verre de trop' mais c'est beaucoup plus profond!". "On ne doit pas se culpabiliser. On a fait ce qu'on a pu, avec les moyens qu'on avait…". "Il n'y a qu'ici qu'on peut en parler".

"On passe sa vie à surveiller l'alcool, les comportements, les griffes de la voiture, les factures qui ne sont pas payées… On est pris dans une toile d'araignée. Plus on se débat, plus on colle", explique Fabienne, membre du groupe d'entraide "Al-Anon" de Jambes.

Danielle, membre d'Al-Anon elle aussi, fait le parallèle entre l'alcoolisme et la violence. "Même s'il n'y a pas cette violence physique, il y a quand même très souvent une violence verbale et ça peut avoir un côté assassin" dit-elle.

Relâcher la pression

Un soir par semaine, ils s'offrent une parenthèse dans ce lieu à l'abri des préjugés, ils relâchent une pression devenue insupportable. "Chez nous, c'est la maladie de la honte. Donc c'est caché et c'est quelque chose qui nous ronge de l'intérieur. J'ai des tas d'amis mais je ne parlais jamais de ce problème-là", témoigne une des membres.

Evelyne, raconte qu'"en venant ici, je me suis retrouvé avec des gens qui avaient les mêmes problèmes, réactions et difficultés que moi. On se rend très vite compte qu'il y a un climat d'écoute qu'on ne trouve nulle part ailleurs. C'est lié au fait que tout le monde a vécu la même chose".

Dans sa chute, l'alcoolique précipite souvent son entourage. Au fil des semaines, les membres du groupe apprennent à lâcher prise. "Quand la clé dans la porte tremble un peu, vous pouvez aller vous asseoir dans le living et faire celui ou celle qui n'a rien entendu et le laisse. Il trébuche et il s'endort  tout de suite…" conseille l'une des participantes.

"On ne peut rien faire nous en tant que qu'épouse ou en tant que conjoint. C'est une maladie grave. Seul l'alcoolique peut s'en sortir", ajoute Fabienne.   

"Il n'y a pas que la personne qui boit qui est malade mais tous ses proches finissent par devenir anxieux, mal dans leur peau" déplore Evelyne.

En Wallonie et à Bruxelles, près de 50 groupes d'entraide accueillent de façon anonyme et gratuite les proches en souffrance. Car il n'est pas nécessaire de boire pour subir les dégâts de l'alcoolisme. 

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