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Avorter reste un tabou en Belgique: comment déculpabiliser les femmes alors que c’est toujours inscrit dans le code pénal comme punissable?

Le Centre d'Action Laïque veut totalement faire sortir du code pénal l'avortement, comme un signe pour enfin libérer les femmes du regard extérieur qui juge encore trop souvent cette pratique.

Entre 50 et 80 femmes avortent chaque jour en Belgique. Depuis 1990, l’interruption volontaire de grossesse est dépénalisée. Elle n’est cependant pas légalisée, comme le pensent tous les Belges. Cela veut dire qu’elle figure toujours dans le code pénal comme étant punissable. Un peu comme cet aspect législatif peu connu, l’avortement ne fait pas ou peu parler de lui : il reste tabou.

Laurence (prénom d’emprunt), a dévoilé son histoire à Emmanuel Dupont et Dominique Schochaert dans le RTLINFO 19H : "J’étais aux études et puis voilà, il y a eu un petit accident. Ce n’était pas le moment, ce n’était pas avec la bonne personne, et donc tout de suite avec ma famille on s’est tournés vers la solution de l’’avortement." Si elle n’a subi aucune pression de son entourage proche, elle a préféré témoigner anonymement. "Je n’ai pas envie de subir les regards jugeants, moralisateurs des personnes que je cotoie tous les jours. Malheureusement c’est encore un sujet touchy".

Yannick Manigart, gynécologue e chef de clinique au CHU Saint-Pierre à Bruxelles, le confirme : l’avortement est un sujet tabou et culpabilisant. Mais lui qui rencontre tous les cas de figure dans son métier, il l’assure : "La caricature de la femme qui vient avorter comme moyen de contraception, ça ça n’existe pas !"

Aujourd’hui, le Centre d’Action Laïque appelle à briser ce tabou et à libérer la parole des femmes, à les déculpabiliser. Selon lui, ce sont 30.000 femmes qui avortent chaque année en Belgique, mais les chiffres officiels ne parlent que de 19.000 avortements, soit un chiffre parmi les plus bas en Europe. Comment ? En sortant complètement du code pénal l’avortement pratiqué dans les limites de la loi de 1990. "Aujourd’hui on dit : ça suffit. Ça fait 25 ans qu’on le fait et que ça se passe bien. Mais il y a un tabou. Le tabou, c’est que les femmes ne veulent pas parler, que la société considère toujours que c’est une faute, et ce sont les femmes seules qui portent ce poids", expliquait Sylvie Lausberg, la directrice étude et stratégie du Centre d’Action Laïque.

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