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Benjamin, un ex-détenu, a vécu le service minimum pendant plusieurs jours à Forest lors d'une grève des gardiens: "Ce qui m’a touché le plus, c’était l’hygiène"

Un tribunal néerlandais refuse de transférer 8 suspects des Pays-Bas vers la Belgique. Le tribunal se base sur un rapport du comité pour la prévention de la torture qui pointe les prisons belges du doigt à cause des mauvaises conditions de détention en cas de grève. Thibaut Balthazar et Guillaume Wils ont rencontré un ancien détenu qui se trouvait en prison pendant une grève.

Un tribunal des Pays-Bas refuse de transférer huit suspects vers la Belgique à cause de l'état de nos prisons. En effet, un rapport du Comité pour la prévention de la torture pointe l'absence de service minimum en cas de grève. Une de nos équipes a rencontré Benjamin, un ex détenu qui explique ses conditions de détention. En mai 2016, il est incarcéré dans la prison de Forest, lorsqu’une grève du personnel pénitentiaire éclate. Commence pour lui une période durant laquelle les conditions de détention deviennent particulièrement difficiles. "Moi, ce qui m’a touché le plus, c’était l’hygiène. Il y a une grosse partie de la grève où on était à trois en cellule, quelqu’un dormait part terre, à même le sol avec un matelas. Ce sont des vieilles prisons, il faut dire ce qui est, il y a quand même pas mal de souris", a-t-il expliqué au micro de Thibault Balthazar pour le RTLinfo 19H.


Que dit le rapport?

Les conditions difficiles des détenus en Belgique pendant les périodes de grèves, le comité européen pour la prévention de la torture s’en inquiète. Il publie le 13 juillet dernier un rapport accusant la Belgique de mauvais traitement. "Les conséquences de ces grèves affectent directement, pour des périodes prolongées, les conditions de détention, la santé et la sécurité des personnes placées sous leur responsabilité", peut-on notamment y lire.


"Considérer que la Belgique est un Etat à qui on ne peut pas vraiment faire confiance sur les conditions de détention"

Ce rapport du comité a aujourd’hui une conséquence. Un juge néerlandais se sert de ce texte pour refuser d’extrader huit suspects, liés à une affaire de drogue au port d’Anvers, vers notre pays. "On voit comment des juridictions étrangères utilise la déclaration publique du Comité de la prévention de la torture pour considérer que la Belgique est un Etat à qui on ne peut pas vraiment faire confiance sur les conditions de détention" fait remarquer Nicolas Cohen, Co-président de la section belge de l'observatoire international des prisons.


"Je n’en veux pas du tout aux gardiens, c’est des gens qui travaillent et qui ont le droit de grève"

Ce manque de confiance est un pied-de-nez à la Belgique. Le ministre de la justice, Koen Geens, se défend en parlant des efforts déjà réalisés par notre pays dans le milieu carcéral. Une argumentation actuellement insuffisante pour le juge néerlandais, mais aussi pour Benjamin. "Je n’en veux pas du tout aux gardiens, c’est des gens qui travaillent et qui ont le droit de grève comme tout le monde. Moi j’en veux plus au système qui ne met pas en place une solution pour que la prison puisse continuer à tourner normalement", affirme-t-il.

Benjamin est aujourd’hui libre, mais il n’oubliera jamais les mésaventures vécues en prison.

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