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Déçus par la justice, des commerçants montrent la tête des voleurs dans leur magasin: "L'objectif est de les dissuader"

Pour certains commerçants, la justice ne fait pas correctement son travail en cas de vol dans leur établissement. Désespérés, ils décident alors de publier sur le net les images de leur caméra de surveillance afin d'identifier les voleurs de leur magasin. D'autres, comme Julien Scheers, affiche directement une photo de la personne dans leur boutique. Ces pratiques n'étant pas légales, le Syndicat Neutre des Indépendants (SNI) demande de publier ces images sur le site de la police fédérale.

8 commerçants sur 10 estiment que la publication de leurs images de vidéo surveillance devrait être autorisée, rapporte l'étude du Syndicat Neutre des Indépendants (SNI). "Nous demandons donc à la police fédérale de partager ces images via leur propre site web, classée de préférence par ville ou commune" signale la présidente du SNI, Christine Mattheeuws. "Cela devrait être possible car plus de la moitié des commerçants victimes transmettent ces images à la police déjà maintenant".

Selon le syndicat, 5% des 516 commerçants interrogés dans leur étude accrochent des photos des suspects dans leur magasin et 6% d'entre eux les diffusent via les réseaux sociaux. L'étude explique également que parmi les 42% des commerçants qui disposent d'images vidéo, 55% d'entre eux les transmettent à la police. Celle-ci fait alors le tri et ne les diffuse pas toutes, ce qui fait que "les commerçants sont très frustrés" constate Christine Mattheeuws.


"Je dépose en moyenne une plainte par mois"

A Louvain-la-Neuve, le quotidien Sudpresse a rencontré le patron de la supérette "Près de chez soi", Julien Scheers. Ce commerçant a déjà été victimes de nombreux vols à l'étalage. Depuis plusieurs années, il met devant la caisse des photos des voleurs récidivistes qui ont déjà sévi dans son magasin. "L'ojectif est clairement de dissuader ces voleurs de venir dans mon magasin" assume-t-il. Julien Scheers ajoute que "chaque fois que nous prenons un voleur en flagrant délit, je dépose plainte avec toutes les preuves à l'appui: les images de vidéo surveillance et le payement à la caisse par carte qui permet aisément de retrouver le voleur. Je dépose en moyenne une plainte par mois. Un dossier a abouti devant le tribunal qui a reconnu la matérialité du vol, mais qui a estimé que le voleur avait agi par nécessité, parce qu'il devait se nourrir. Il n'a donc pas été condamné."

Déçu par la décision de la justice, il a décidé d'épingler les images des caméras de surveillance devant les caissières. Ces photos permettent d'identifier les voleurs récidivistes ayant fait l'objet d'une plainte, "toutes preuves à l'appui". Cependant, le commerçant sait que l'utilisation de ces photographies peut lui être reprochée: "Nous avons décidé d'être dans l'illégalité puisque la justice n'a pas puni notre voleur. Nous risquons d'être poursuivis, mais nous irons nous défendre et nous espérons que notre dossier fera jurisprudence." Du côté des clients, le principe semble toléré.


"Il en va de la vie privée et de la réputation des gens!"

Le partage de telles images est interdit selon la loi sur la vie privée. Si le criminel dépose une plainte à l’encontre du commerçant qui partage ces images, le juge pourra sanctionner le commerçant. La majorité des commerçants ne comprend pas ce raisonnement et estime qu’elle devrait être autorisée de partager les images de ces faits criminels. Bien entendu, il est autorisé de transmettre ces images à la police. Parfois, la police partage ses images avec un avis de recherche. Peter Dewaele, commissaire à la police fédérale, rappelle au quotidien que la police ne peut rien diffuser sans l'accord d'un magistrat : "Il est très grave pour un particulier (...) de diffuser des images d'une personne en le cataloguant déjà comme voleur. Il en va de la vie privée et de la réputation des gens! Pour des faits plus graves, le magistrat ne diffusera les images qu'en dernier ressort, afin de ne pas nuire à l'enquête: on préfère parfois prendre les suspects par surprise."


Une pratique qui fonctionne ?

"Il y en a deux ou trois à Louvain-la-Neuve et ceux-là, on ne les voit plus" constate Julien Scheers. Il explique même que ces images peuvent dissuader, également, les candidats voleurs effrayés à l'idée de voir leur tête être affichée à la caisse du commerçant.

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