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Elodie annonce qu'elle est enceinte juste avant de signer son contrat de travail: l'employeur lui a-t-il retiré son offre pour cette raison?

Trop de femmes enceintes font l'objet de discrimination à l'embauche, c'est une constatation établie par l'Institut pour l'égalité des hommes et des femmes. A Gembloux, une femme qui s'apprêtait à signer un contrat s'est vu retirer l'offre de travail au moment où elle a annoncé qu'elle attendait un bébé. Ce qu'elle n'était pas légalement obligée de faire. Témoignage recueilli par Justine Sow et Michel Heerinckx.

Tout avait bien commencé pour cette candidate au poste de responsable marketing. Nous l'appellerons Elodie pour des raisons de confidentialité.
Après avoir réussi la sélection, elle se rend au rendez-vous fixé par son futur employeur, une entreprise spécialisée dans la vente de literie. Mais au moment de signer son contrat, elle annonce sa grossesse à une responsable.

"Je vois qu'elle se rétracte un peu. Elle sourit mais je vois qu'elle est mal à l'aise vis-à-vis de mon annonce. Elle me dit mais bon je sais pas si on va pouvoir travailler ensemble ou pas. La décision ne m'appartient pas. Il faudra voir avec le directeur, mais il n'est pas là pour l'instant", se souvient la jeune femme. 

Quelques jours plus tard, la mauvaise nouvelle est confirmée: l'entreprise aurait fait volte-face: Elodie ne sera pas engagée.  De son côté, la société nie les faits. Elle reconnait avoir été en contact avec Elodie, mais avance une toute autre explication.

"Pourquoi nous n'engageons plus? Parce que nous avons subi agression terrible il y a dix jours et c'est pour cette raison qu'on a décidé de geler (les recrutements)", justifie Jennifer Deghelt, responsable communication de l'entreprise de literie.

A la question de savoir si l'entreprise a bel et bien reçu une candidate pour lui faire signer un contrat, puis a fait volte-face en apprenant sa grossesse, la responsable répond "qu'elle n'a jamais dit ça".

Elle n'a jamais dit ça, mais son directeur peut-être bien. C'est en tout cas ce que laisse penser cette conversation téléphonique enregistrée par Elodie.

La patron s'explique: "Je ne vais pas pouvoir moi, aujourd'hui, pouvoir prendre un post de marketteuse qui va devoir s'absenter quelques mois ce qui est tout à fait normal par rapport à votre grossesse. Par rapport à cela, je ne peux pas me permettre cela".

Elodie a porté plainte. En Belgique, la loi est très claire: il est interdit de discriminer une femme enceinte. Mieux, elles ne sont pas tenues de révéler leur grossesse lors d'un entretien d'embauche.

"Non seulement, la personne qui est candidate ne doit pas en parler mais elle ne doit pas dire la vérité. C'est tout simplement interdit pour un employeur de poser cette question à quelqu'un qui est candidat à un poste", nous explique Michel Pasteel, directeur de l'institut pour l'égalité entre les hommes et les femmes.

S'il s'avère qu'Elodie a été victime de discrimination, l'entreprise incriminée pourrait devoir payer l'équivalent de 6 mois de rémunération brute.

D’après l’institut de l’égalité des femmes et des hommes, 60% des plaintes qu’ils reçoivent concernent le milieu du travail. Parmi ces plaintes, 40% concernent uniquement des discriminations liées à la grossesse.

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