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En immersion dans les cuisines de la prison de Marche-en-Famenne: "J’ai été à Saint-Gilles, à Forest, à Bruges, à Huy… et ici, c’est le top"

Les conditions de vie dans les prisons sont souvent pointées du doigt par les défenseurs des droits de l'homme. Dans ce contexte, la distinction que vient de recevoir la prison de Marche-en-Famenne est particulièrement appréciable: la prison a été récompensée par un label pour son hygiène alimentaire irréprochable. Les détenus participent à la confection des repas. Sébastien Prophète et Benjamin Van Kelst ont plongé en immersion au cœur de cet établissement pénitentiaire pour le RTLINFO 19H.

Trois fois par jour, c’est le même rituel : à l’entrée de chaque cellule, encadrés par des agents, des prisonniers servent les repas. Nous sommes à l’heure du dîner. "Il y a trois régimes différents : régime ordinaire, régime musulman, régime végétarien, et on a ici un diabétique", explique Karin Simon, agent pénitentiaire. Certains vont refuser le repas qui leur est proposé et préfèrent cuisiner leur repas eux-mêmes en cellule. Ce n’est pas le cas de ce détenu, avec devant lui le plat du jour: frites et carbonnades. "Ici c’est vraiment bon. La nourriture, t’as envie de manger. Tu n’as pas envie de jeter, tu as envie de manger", explique-t-il au micro de notre journaliste Sébastien Prophète.

"Quand ils se plaignent, en général, c’est souvent les mêmes et ils se plaignent de la quantité et pas de la qualité", ajoute l’agent. "Moi j’ai été à Saint-Gilles, j’ai été à Forest, j’ai été à Bruges, j’ai été à Huy... Donc j’ai un peu fait le tour et par rapport à ici, ici c’est le top", confie un autre détenu.


La voie de la réinsertion: "Ça donne déjà le rythme de se réveiller, d’être à temps"

Ce sentiment, ils sont nombreux à le partager parmi les 311 détenus de la prison. Ici, la nourriture semble avoir la cote. Pour mieux comprendre le secret de cet établissement inauguré il y a bientôt deux ans, direction les cuisines : tous les jours, des détenus concoctent les repas. Une manière d’occuper leur temps, de gagner de l’argent et de préparer leur future réinsertion. "Ça donne déjà le rythme de se réveiller, d’être à temps, il y a beaucoup de gens qui n’ont pas d’activité, et je ne vois pas comment ils vont se réinsérer s’ils dorment toute la journée", raconte un détenu.


Une hygiène irréprochable

Aujourd’hui, le travail de cette équipe est récompensé. L’AFSCA, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire vient de décerner aux cuisines de la prison un smiley vert, qui récompense l’efficacité du contrôle de l’hygiène en interne. "Il y a un contrôle de la livraison, de la qualité, de la température, du respect de l’hygiène, pour garder la traçabilité des aliments. Ces aliments ensuite doivent être conservés dans de bonnes conditions dans nos cuisines et être traités correctement pour avoir un repas de qualité", détaille Jacques Deltour, responsable de l’entreprise Sodexo à la prison de Marche-en-Famenne.


"Si vous ne rencontrez pas les besoins élémentaires des gens, vous ne pouvez pas leur permettre de se responsabiliser"

Une hygiène impeccable, c’est la recette pour des repas de qualité dans cet établissement pénitentiaire qui prône la responsabilisation du prisonnier. "Il y a d’autres prisons que Marche qui ont une infrastructure absolument dramatique abîmée, où la nourriture n’est pas bonne et ce n’est pas du tout une critique vis-à-vis de mes collègues ou des autres prisons, mais si vous ne rencontrez pas les besoins élémentaires des gens, vous ne pouvez pas leur permettre de se responsabiliser", explique Frédéric Dethier, directeur de la prison de Marche-en-Famenne.

Une alimentation qui a un prix : pas de chiffres précis, mais la direction le reconnaît, cette gestion des cuisines et de la nourriture coûte plus cher que dans d’autres prisons.

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