Accueil Actu

Insultées, méprisées ou agressées, les caissières n'ont pas la vie facile: "Idiote, tu ne comprends rien!"

Selon un sondage mené par le SETCA, une caissière sur 5 aurait vécu un braquage au cours de ces 2 dernières années. 11% de ces femmes sont insultées au moins une fois par semaine.

Caissière est loin d'être un métier paisible. Souvent méprisées par certains clients, elles ont une vie difficile. Une sur 9 dit être insultée au moins une fois par semaine. Une sur 5 aurait vécu un braquage au cours de ces 2 dernières années, selon un sondage mené par le SETCA. Elles entendent des phrases d'une grande violence quotidiennement. Le syndicat Setca organise un colloque sur la question. Le personnel des grands magasins estime que la violence a augmenté.


"Tu es payée pour faire quoi, toi?"

Eve Lise est déléguée syndicale dans un supermarché de Charleroi. Elle doit supporter des insultes courantes comme: "Idiote, tu ne comprends rien!" ou encore "Tu es payée pour faire quoi, toi?". Elle entend des remarques très difficiles à supporter à longueur de temps. Un jour, un père s'est adressé à sa fille en disant: "Si tu ne travailles pas bien à l'école, tu seras caissière!". Toutes ces phrases sont insupportables.


"La caissière est la dernière personne qu'il voit"

En 42 ans de métier, Eve Lise a eu le temps d'analyser la situation. Selon elle, le client est impatient. "Ce qui énerve le plus le client, c'est d'attendre. Il attend un peu partout. Il attend à la charcuterie, il est déjà bien énervé. S’il ne trouve pas ce qu'il cherche dans les rayons, il s'énerve encore un peu plus. Dans les rayons, il n'y a plus vraiment de personnel. La caissière est la dernière personne qu'il voit, donc il déverse sa colère, sa frustration. Elle est assise, donc elle est plus basse que lui, alors il peut y aller", a expliqué la déléguée syndicale au micro de Bernard Lobet pour Bel RTL.


"Je n'ai pas gardé les cochons avec vous"

Si le client est roi, cela n'exclut ni le respect, ni la politesse. Les caissières ne baissent pas toujours les yeux en attendant que ça passe. "Parfois on répond aussi, on n’est pas des moutons! Moi en général je réponds: 'Je n'ai pas gardé les cochons avec vous'", a ajouté la caissière de Charleroi.


"Je suis roi"

Manuel Gonzales, délégué CNE, a donné plus de détails sur cette situation difficile. "Dans le temps, quand on ne réussissait pas, on allait dans la grande distribution et on trouvait un boulot. Je crois que c'est resté dans l'esprit du client. Pour lui, une caissière est une personne qui a raté sa vie. Il se sent supérieur: 'Tu n'es qu'une caissière'. En plus de cela, si il n'obtient pas ce qu'il veut, il ne va pas s'empêcher de lui faire ressentir que pour lui, 'elle est inférieure'. Le client est roi. Donc il se dit:' Je suis roi, donc j'ai le droit de te traiter comme j'ai envie de te traiter. Et là, on passe par le tutoiement, les insultes, les agressions physiques et les menaces. Tout ce qui peut passer par la tête pour rabaisser quelqu'un", a expliqué Manuel Gonzales, un délégué CNE, sur les ondes de Bel RTL.

À la une

Sélectionné pour vous