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Jonas a acheté son billet pour Tomorrowland, mais la police lui interdit l'accès: "Ce n'est pas une raison valable!"

Le célèbre festival Tomorrowland commence le 21 juillet prochain. Les mesures de sécurité sont draconiennes et 37 personnes ont été interdites d'accès sur le site. La police a contrôlé leur identité grâce à l'achat de billets nominatifs. Le screening suscite cependant la polémique. Le point avec Serge Vermeiren et Gaelle Van Langendonck.

Il y a presque deux semaines, Lars a reçu un message de Tomorrowland: un avis défavorable de la police fédérale oblige les organisateurs à lui interdire l'entrée du festival pour des raisons de sécurité. "Il y a trois ans j'ai été arrêté en état d'ivresse au volant. Mais ce n'est pas un motif sérieux pour m'interdire de festival, ou alors il y a beaucoup de personnes qui ne pourront pas y aller", explique Lars Laermans.

Jonas a reçu la même sanction. L'année passée, le jeune homme a été condamné à six mois d'interdiction de stade. "Mais cela ne me semble pas être une raison valable pour m'interdire l'accès aux concerts, alors que des copains, eux aussi interdits de stade, peuvent aller au festival", confie-t-il.

Des individus qui ne sont pas les bienvenus à Tomorrowland pour des raisons de sécurité

Pour acquérir un ticket donnant accès à Tomorrowland, chaque Belge communique son nom et sa date de naissance. La police fédérale vérifie ainsi le passé de chaque acheteur via sa base de données. Conséquence: 37 personnes sont interdites d'entrée au festival. "Cette interdiction ne concerne pas une personne qui a commis un vol de vélo ou qui a participé à une bagarre. Cela touche uniquement des individus qui, pour des raisons de sécurité, ne sont pas les bienvenus à Tomorrowland", précise Peter De Waele, porte-parole de la police fédérale.


Aucune explication ni recours

L'absence de justification est néanmoins une lacune pour la commission de la vie privée. "Ces personnes sont inscrites sur une liste noire et ne savent absolument pas pourquoi elles s'y trouvent. Elles n'ont personne à qui s'adresser pour faire appel de la décision", explique Willem Debeuckelaere, président de la commission vie privée.

Autre interrogation: l'aspect juridique de l'opération. Si les communes de Rumst et de Boom (commune où est organisé le festival) ont légalisé le contrôle, le festival lui aussi refuse des spectateurs. "L'organisateur peut se baser sur son expérience. Il peut décider que, si une personne a posé problème dans le passé, elle ne peut plus avoir accès au festival", déclare Geert Antonio, le bourgmestre de Rumst.


Polémique jusque sur la scène politique

En Flandre, l'affaire a même pris une tournure politique. Ce jeudi, au Parlement fédéral, plusieurs députés ont interpellé le ministre de l'Intérieur, mais Jan Jambon a cherché à éviter toute polémique. "Me retrouver ici dans 14 jours, et devoir vous entendre me dire l'acte terroriste qui a eu lieu à Tomorrowland, ces personnes avaient acheté leur ticket, on les connaissait, leurs noms se trouvaient dans la base de données, elles étaient connues de la police, et vous ne les avez pas exclues du festival… Ce seront des questions bien plus graves que celles que j'avais à entendre aujourd'hui", a répliqué le ministre N-VA. "On peut se demander comment garantir à l'avenir le vivre ensemble, sans transformer la société en un big brother géant, où la vie privée deviendrait inexistante", a rétorqué Katja Gabriels, députée fédérale N-VA.

Tomorrowland est le seul festival belge à avoir subi un contrôle aussi strict. 400.000 fans sont attendus. À défaut de musique, les interdits de concert seront remboursés.

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