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L'avortement est toujours un tabou en 2014: il n'y a pas assez de médecins formés

20.000 avortements ont lieu chaque année en Belgique et pourtant le sujet est toujours tabou auprès des citoyens. Egalement dans les études de médecines, il y a un manque de formations et de médecins dans ce domaine.

La Fédération des centres de planning familial des femmes prévoyantes socialistes a réclamé vendredi que davantage de médecins soient formés à l'Interruption volontaire de grossesse (IVG) et a demandé la création d'un site officiel d'informations sur l'avortement émanant des autorités fédérales. La fédération s'est exprimée lors d'un point presse à Namur à l'occasion des trente ans de la mort de Willy Peers, un gynécologue qui s'est battu pour la légalisation de l'avortement. 
20.000 avortements par an chez des femmes de 27 ans en moyenne
Environ 20.000 IVG sont pratiquées annuellement en Belgique et contrairement a une idée reçue, ce ne sont pas les adolescentes qui ont le plus souvent recourt à l'IVG mais les femmes de 27-28 ans. Les raisons de leur choix sont multiples mais elles sont souvent liées à des causes économiques, au fait d'avoir déjà un ou des enfant(s) ou aux relations de couple.
"Seule l'ULB délivre une formation à la pratique de l'IVG" 
Sur les 17 centres de planning familial de la Fédération, sept pratiquent l'IVG, et sur 20.000 IVG, 17.000 sont pratiquées en centre extrahospitalier par 90 médecins. "Ces praticiens ont majoritairement 50 ans et plus et seront pensionnés dans six ou sept ans. La relève a été très mal assurée. Aujourd'hui, seule l'ULB délivre une formation à la pratique de l'IVG. Il est urgent que d'autres universités s'impliquent dans la formation des jeunes généralistes" , plaide Anne Spitals, présidente de la Fédération.
"Cette rareté des médecins couplée à une mauvaise répartition géographique des praticiens a pour résultat que certains centres ne parviennent pas à recruter un médecin" , ajoute-t-elle. Celui d'Arlon par exemple en cherche un depuis 2012. Pour la Fédération, il faut aussi remobiliser les professionnels de la santé vers la médecine en planning familial, vers une médecine sociale.
Il faut mieux informer le citoyen 
La Fédération réclame également la création d'un site internet officiel émanant des autorités publiques fédérales pour mieux informer la population sur l'avortement. De son côté, la Fédération a lancé le site www.jeveuxavorter.be le 3 avril dernier. Cette date n'était pas choisie au hasard puisque c'est le 3 avril 1990 que l'IVG a été partiellement dépénalisée (pas légalisée) en Belgique.
Vingt-quatre ans après cette dépénalisation, l'avortement reste un sujet tabou, moralement condamné, mal vu ou caché et certaines femmes craignent toujours des conséquences physiques et psychiques, déplore la Fédération.
L'avortement ne remplace pas la contraception
Le droit à l'avortement ne doit pas faire oublier les moyens de contraception. Pour la Fédération, il est aussi indispensable d'informer les jeunes, de maintenir l'accès à la contraception gratuite pour les jeunes, et de développer des campagnes pour sensibiliser aussi les hommes à la contraception et ainsi prévenir les grossesses non désirées.
Il y aurait 5,9 millions d'avortements dans le monde même si tout le monde utilisait parfaitement un moyen contraceptif, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), car il y aura toujours des échecs contraceptifs, note la Fédération.
Hommage à Willy Peers, un avant-gardiste en matière d'avortement 
Cette conférence de presse commémorait les trente ans de la mort de Willy Peers, né en 1924. Il a créé en 1970 la Société belge pour la légalisation de l'avortement. Il avait été accusé de 300 avortements illégaux et emprisonné durant 36 jours en 1973. Quelque 10.000 personnes avaient manifesté à Namur pour réclamer sa libération. "L'affaire Peers" sera un des moteurs de la dépénalisation de l'avortement en 1990.        

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