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La lutte contre le radicalisme, un vrai business: "C'est une formidable POMPE À FRIC qui vient polluer une réalité complexe"

En réaction aux attentats, des actions concrètes pour lutter contre le radicalisme ont été mises en place. Mais il s'avère que derrière ces formations et autres conférences se cache un véritable business. Antoine Schuurwegen a enquêté pour RTL info.

Les attentats de Charlie Hebdo ont donné lieu à l'émergence de nouveaux marchés qui pèsent lourds. Parmi eux : le business de l'antiradicalisme. "C'est une formidable pompe à fric qui vient polluer une réalité qui est déjà éminemment complexe" confie un (véritable) expert.

Derrière les formations, les conférences sur la radicalisation, l'anti-radicalisme, il y a des enjeux économiques. La notion de "radicalisme" est d'ailleurs scientifiquement très floue. Et dans les formations, le meilleur côtoie le pire...


800 euros pour 1 heure de conférence

Selon l'enquête d'Antoine Schuurwegen pour RTL info, en Belgique, une personne qui se présente comme expert en anti-radicalisme peut gagner jusqu'à 10.000 euros net par mois. Les chiffres sont éloquents : des forfaits de 800 euros pour 1 heure de conférence, 3.500 euros pour une demi-journée. D'autres se font payer au nombre de personnes formées : comptez 80 euros par personne, dans une salle de 100 places, le formateur empoche 8.000 euros.

Un expert confiait que c'est une formidable "pompe à fric", et l'offre de formation est immense.

"On fait venir des Français, on avait des spécialistes des réseaux sociaux, on avait aussi des personnes qui avaient des compétences particulières dans la religion musulmane", explique en outre Rachid Madrane, ministre de l'aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles. 


8,5 millions d'euros débloqués l'an dernier

L'an dernier, selon nos calculs, le fédéral et les entités fédérées au sud du pays ont débloqué plus de 8,5 millions d'euros pour lutter directement contre le radicalisme. Une partie de l'argent sert à financer des formations via des appels d'offres. Et dans ce domaine, le copinage existe aussi.

"Le fait que, par copinage, on puisse glisser des ASBL dans des appels d'offre, oui, je pense qu'effectivement ça s'est vu, ça se connait, explique ainsi Daniel Martin, directeur adjoint du Centre régional pour l'intégration de Verviers. C'est malheureux. Ça n'empêche pas les compétences des gens qui sont glissés dans les appels d'offre, c'est juste que dans la manière, c'est assez inélégant".

Cette manne  d'argent sert à faire fonctionner des services en interne, à financer des projets (asbl) mais aussi à former les agents. Selon les derniers chiffres obtenus, 400 agents sont formés en Région wallonne, 400 agents de l'aide à la Jeunesse et dans les Maisons de justice en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Selon les experts, les formations de 3 ou 4 heures ont leurs limites. Elles servent tout au plus à sensibiliser les agents. C'est aussi, selon certains, une manière pour les communes, les zones de polices et les différents organismes de se prémunir et de prouver qu'ils ne sont pas inactifs.


Des pratiques regrettables selon les "vrais" experts

Dans les formations, certains prétendus "experts" vantent et vendent des recettes miracles alors que la communauté universitaire n'a pas encore assez de recul sur le radicalisme pour en proposer une définition et une lecture claire. Qu’importe, si les "observatoires", "instituts" ou "centres de recherche" dont ces "experts" se revendiquent sont en général des coquilles vides qui n’ont jamais produit aucune étude, rapport ou recherche ayant une quelconque valeur scientifique, et dont "l’expert" est en général le seul membre actif.

Les intervenants les plus sérieux regrettent ces pratiques qui, selon eux, viennent polluer la compréhension d'un phénomène complexe.

Parmi ses recommandations, la commission devrait préconiser une meilleure collaboration entre les différentes structures qui traitent du radicalisme dans les différents secteurs. 

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