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Le prix de nos médicaments est bien trop élevé: un quart des Belges passent la frontière pour acheter de quoi se soigner

Nous payons nos médicaments beaucoup trop chers en Belgique. C'est un constat dressé par le groupe pharmaceutique Medicare Market. En cause notamment, le manque de concurrence entre les pharmacies. Explications de Mélanie Renda, Pascal Noriega.

Les patients belges payent leurs médicaments trop cher dans un marché où il y a trop peu de concurrence. C'est l'une des conclusions d'une étude réalisée en avril dernier par Dedicated Research pour le compte de Medicare-Market, le groupe qui exploite les parapharmacies Medi-Market en Belgique. L'enquête relève par ailleurs que près d'un répondant sur trois (31%) renonce à l'achat de médicaments pour des raisons financières.

L'étude de Medicare-Market a été divisée en deux parties. La première a interrogé par Internet 1.015 personnes âgées de 18 à 70 ans constituant un échantillon représentatif de la population belge. La seconde a vérifié dans 100 pharmacies belges composant un panel représentatif du secteur les prix des neuf médicaments les plus vendus non soumis à prescription, à savoir Dafalgan, Nurofen, Strepsil, Nicorette, Voltaren, Imodium, Gaviscon, Aspirine et Microlax.


Absence de concurrence réelle

Il en ressort que 87% des Belges estiment que les médicaments sont trop chers et près d'un Belge sur trois (31%) renonce à en acheter pour des raisons financières. L'étude met également en lumière des situations d'absence de concurrence réelle concernant la vente des médicaments non-remboursés et des 'autres produits' (crèmes solaires, compléments alimentaires, huiles essentielles...) distribués en pharmacies.


Les pharmacies belges s'alignent sur le prix maximum légalement autorisé

"En effet, quand on constate que 99% des pharmacies belges appliquent la même politique de prix en s'alignant, qui plus est, systématiquement sur le prix maximum légalement autorisé, il y a là matière à se poser des questions", indique Yvan Verougstraete, administrateur délégué de Medicare-Market.

Or, cette concurrence, plus importante dans les pays voisins, se répercute positivement sur les prix des médicaments. Pour preuve: la différence moyenne de prix entre les pharmacies les plus chères et les moins chères est de -0,3% en Belgique contre -17% en France. Et les Belges l'ont bien compris: selon l'étude, près d'un quart d'entre eux (23%) se tourne vers les pays voisins pour y faire leurs achats en pharmacie, économisant jusqu'à 36%. Medicare-Market souligne en outre "qu'une diminution de 20% du prix des médicaments non-remboursés et des 'autres produits' vendus en pharmacie permettrait aux patients belges d'économiser 400 millions d'euros chaque année sur un marché qui représente deux milliards d'euros".


Des économies pourraient être réinvesties dans d'autres secteurs

Et ces économies pourraient être réinvesties dans d'autres secteurs de la santé ou de la sécurité sociale. Medicare plaide dès lors pour l'obligation de prescrire les médicaments "les moins chers" et de s'inspirer davantage du modèle "kiwi", qui suppose que le gouvernement fasse un appel public d'offres pour tous les médicaments dont le brevet a expiré et choisisse le moins onéreux. Au total, Medicare formule 11 propositions pour réformer le secteur. Le groupe suggère notamment d'organiser comme en France, la vente des médicaments non-soumis à prescription en libre accès et non comme c'est le cas chez nous derrière le comptoir.


Améliorer la transparence et favoriser la concurrence

"Cette mesure permettrait d'améliorer la transparence sur les prix des médicaments et partant de favoriser la concurrence". L'enseigne propose également de supprimer les mécanismes automatiques d'alignement sur les prix de vente conseillés. Il soumet par ailleurs l'idée de limiter le monopole officinal aux seuls médicaments. L'ensemble des propositions de Medicare-Market peuvent être consultées sur le site internet: www.democratisonslexpertisesante.be

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