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Le Centre islamique et culturel de Belgique est financé par un organisme fondé par un prince saoudien: "Nous n'avons aucune directive qui vienne de là-bas"

Un imam de la Grande mosquée du Cinquantenaire, à Bruxelles, a été interrogé par la commission d'enquête sur les attentats de Bruxelles ce lundi. Il confirme que le Centre islamique et culturel de Belgique, dont dépend la mosquée, est financé par un organisme fondé par un prince saoudien. D'après Galaye N'Diaye, il n'y a cependant pas d'influences pour diffuser un islam rigoriste et radical en Belgique.

Le Centre islamique et culturel de Belgique (CICB) a contesté lundi les accusations de propagation d'un islam radical dont il est la cible. "Des jeunes partis en Syrie, pas un seul n'a étudié chez nous", a déclaré l'imam Galaye N'Diaye devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats terroristes du 22 mars.


"Quand les enfants s'inscrivent chez nous, ils n'ont plus ces idées de rejet de la société"

L'islam enseigné à la Grande Mosquée du Cinquantenaire, gérée par le CICB, est celui du "juste milieu. L'islam (enseigné) n'est pas qualifié de wahhabite (ndlr: courant rigoriste dominant en Arabie saoudite) ou de salafiste. Nous sommes des musulmans vivant en Belgique, en Europe et connaissant bien le contexte occidental", a souligné M. N'Diaye.

A entendre l'imam, le CICB veille même à lutter contre le radicalisme. Il dit recevoir parfois des parents inquiets du comportement de leur enfant. "Quand les enfants s'inscrivent chez nous, ils n'ont plus ces idées de rejet de la société", a-t-il ajouté.


"Nous ne recevons pas d'instruction pour diffuser un islam wahhabite"

Bon nombre de questions se posent depuis plusieurs mois sur le financement du centre par l'Arabie saoudite. Le CICB dépend de la Ligue islamique mondiale, fondée à l'initiative d'un prince saoudien et dont les liens, y compris financiers, avec le royaume sont étroits. Le secrétaire général de la Ligue est d'ailleurs l'ancien ministre saoudien de la Justice.

L'imam de la Grande Mosquée s'est toutefois défendu de toute ingérence du royaume. "On n'est pas en rapport avec l'Arabie saoudite mais avec la Ligue islamique mondiale. Nous ne sommes pas liés à un Etat. Nous n'avons aucune directive ou instruction qui vienne de là-bas. Nous ne recevons pas d'instruction pour diffuser un islam wahhabite", a affirmé M. N'Diaye, dont la formation est passée par l'Egypte et l'Université de Liège, et non par l'Arabie.


Le président du comité exécutif du CICB est pourtant l'ambassadeur de l'Arabie saoudite à Bruxelles...

Plusieurs membres du comité exécutif sont néanmoins domiciliés dans le royaume saoudien et le président est l'ambassadeur de l'Arabie saoudite à Bruxelles. "Ce n'est pas une bonne idée", a reconnu M. N'Diaye. L'imam s'est montré demandeur d'un débat sur ce genre de questions mais regrette que son institution ne soit guère sollicitée. "Les politiques ne veulent pas venir chez nous. Ils ne veulent pas être vus chez nous, pour des raisons que j'ignore".

L'administrateur-général de la Sûreté de l'Etat, Jaak Raes, avait indiqué le mois passé que le CICB octroyait des bourses à des personnes qui souhaitaient étudier en Arabie saoudite. L'imam a contesté cette information: le centre n'accorde pas de bourse d'étude et si une personne se présente à lui pour se rendre en Arabie, il est renvoyé vers l'ambassade.

La question du financement du CICB n'a pu être réellement élucidée. L'imam qui le représentait lundi n'est pas l'imam principal de la Grande Mosquée et ne siège pas dans le bureau exécutif. Il a confié son ignorance des questions financières et comptables. La commission adressera une série de demandes au Centre à ce sujet.

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