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Le manque de moyens ronge la Justice: "La Belgique prend des risques inouïs"

Manque de personnel, des systèmes informatiques obsolètes qui menacent de tomber en panne à tout moment, des dossiers qui ne sont pas traités à temps… La Justice belge est à l’agonie et tire la sonnette d’alarme.

Ce vendredi à 13h, des avocats, magistrats, greffiers, ou encore des experts se rassembleront devant le palais de justice de Bruxelles pour dénoncer le manque de moyens qui leurs sont accordés. Une manifestation inédite selon Manuella Cadelli, la présidente de l’association syndicale des magistrats.


"En Belgique, on prend des risques inouïs"

Interrogé par Bernard Lobet, le premier président de la cour de Cassation, Jean de Codt craint que le pouvoir judiciaire ne devienne une simple administration, pieds et poings liés par le gouvernement. Face aux restrictions budgétaires, le pouvoir judiciaire devra faire des choix. "Et choisir, ça veut dire renoncer. Il y a des choses qu’on ne pourra plus juger. Qui sera victime de ces dossiers qui ne seront plus jugés?", interroge Jean de Codt.

Pour le plus haut magistrat de Belgique, le but de la manifestation d’aujourd’hui est de s’adresser directement au citoyen. "Les représentants du peuples, qui sont élus, votent des budgets qui ne nous permettent pas de faire face à la demande croissante de justice", explique-t-il. D’où cette question angoissée et irritée: "Vous voulez quoi? Une justice de qualité? On dirait pourtant que vous ne voulez rien de ce qui permet cette justice de qualité! Alors vous voulez quoi?", s’exclame Jean de Codt.


"A Namur, on reporte des dossiers à cause des photocopies et des ordinateurs dépassés"

Pour Régine Coulon, de l’auditorat du travail de Nivelles, la situation s’est aggravée depuis des mois. "On est au bout, on n’en peut plus, on est au bord de l’asphyxie, ça ne peut plus fonctionner correctement comme ça fonctionne maintenant" Régine Coulon, de l’auditorat du travail de Nivelles.

De son côté, Manuella Cadelli, présidente de l’association syndicale des magistrats, illustre le problème avec un exemple. "A Namur, il manque régulièrement du personnel pour photocopier les dossiers répressifs, et l’outil informatique est en dessous de tout. Donc on doit reporter à l’audience correctionnelle des dossiers que la défense n’a pas pu examiner", déplore-t-elle.

Une délégation de représentants du monde judiciaire a été reçue au Parlement belge.

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