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Le niveau 4 de la menace était-il exagéré? "Non, pour la Belgique la menace est réelle"

Claude Moniquet, expert en contre-terrorisme, était l'invité du RTLinfo 13h, vendredi. Il a expliqué quels étaient les éléments qui pouvaient faire baisser le niveau d'alerte terroriste de 3 à 4. Par ailleurs, il estime que le niveau 4 n'était pas exagéré.

Le niveau de la menace est passé de 4 à 3 à Bruxelles. Mais concrètement, qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce qui peut justifier qu'on soit passé d'un niveau de menace "imminent" à un risque "probable" ? Claude Moniquet, expert en contre-terrorisme, a répondu à cette question sur le plateau du RTLinfo 13h, vendredi. "Le renseignement, c'est une conjonction d'éléments qui font penser qu'une menace est sur le point de se concrétiser, peut se concrétiser. Dans la révision et la baisse du niveau d'alerte, il y a deux possibilités: soit la réévaluation du renseignement montre que la menace était moins imminente qu'on ne le pensait. Soit, par exemple, le dispositif de sécurité extrêmement lourd qui a été mis en place à Bruxelles a totalement perturbé les communications des terroristes. Ils n'ont, par exemple, pas eu la possibilité de se déplacer pour aller chercher des explosifs chez un artificier et à ce moment-là, de nouveau, la menace baisse", a-t-il indiqué, soulignant toutefois que le niveau 3 restait préoccupant. "C'est évidemment temporaire. La menace générale reste là, un niveau 3 c'est malgré tout très élevé".


Tout se joue sur "l'imminence"

Nos journalistes Eric Van Duyse et Eric Poncelet ont cherché à savoir avec plus de précisions ce qui aurait pu convaincre les enquêteurs, et surtout les autorités, à rabaisser le niveau d'alerte. Selon eux, tout se joue sur le mot "imminence". La menace est toujours là, mais le risque d’attentat ne serait plus immédiat. Les raisons qui ont poussé l’Ocam à réduire le niveau de risque demeurent inconnues. Il reste donc les hypothèses.

La première : les terroristes potentiels ne seraient plus en mesure d'agir. Ils ont par exemple quitté le pays, l’un des suspects a été arrêté par la police turque, il se rendait sans doute en Syrie ou en Irak. D’autres auraient été vus en Allemagne, mais il n’y a pour l’instant eu aucune confirmation. Tout ce qu’on sait, c’est que les perquisitions menées chez les proches des deux suspects les plus recherchés, Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, n’ont pas permis de les retrouver à Bruxelles.

Deuxième hypothèse : le réseau logistique ne fonctionnerait plus. Une quarantaine de perquisitions et six arrestations ont mis à mal le réseau. Les terroristes n’ont plus accès aux caches, aux armes, à l’argent. Même s’ils ont encore la volonté d’agir, les moyens leur manquent.

Troisième hypothèse : le terroriste a perdu la volonté d’agir. En début de semaine, une ceinture d’explosifs a été retrouvée, ce qui change beaucoup de choses. On cherchait un huitième terroriste présumé, sans doute Salah Abdeslam, on le savait revenu à Bruxelles, il est toujours censé être porteur d’explosifs. Or la ceinture découverte à Paris est potentiellement la sienne et elle a toujours son dispositif de mise à feu. Si elle n’a pas explosé, ce ne serait donc pas un défaut, mais son porteur se serait ravisé au dernier moment.


Le niveau 4 était-il exagéré ?

Certains observateurs s'interrogent malgré tout toujours sur les mesures prises par le gouvernement. La Belgique était-elle réellement menacée ? "Il y a plusieurs pays qui sont directement sous la menace. La France y est passée. Pour la Belgique, la menace est réelle. En ce qui concerne les pays limitrophes, la menace est réelle aussi en Allemagne", a indiqué Claude Moniquet.

Mais les autorités belges ne sont-elles pas allées trop loin en déployant malgré tout de nombreux dispositifs de sécurité, faisant parfois douter les riverains. "Je ne pense pas que le niveau 4 de la menace était exagéré. Imaginez le contraire et que l'attentat ait lieu. Vous imaginez la catastrophe, à la fois d'un point de vue humain, mais aussi d'un point de vue politique. Là je pense que le gouvernement a pris ses responsabilités et je crois que la décision qui a été prise, et qui était vraiment difficile, a été prise parce que vraiment les éléments en possession du Premier ministre étaient extrêmement préoccupants", a conclu Claude Moniquet.

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