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Le "Pacte pour un enseignement d'excellence" a été présenté par la ministre: voici en 3 minutes les grandes lignes de la réforme

Tronc commun jusqu'à 15 ans, création d'une filière qualifiante unique, réduction du redoublement ou encore réforme des rythmes scolaires, le projet d'avis n°3 du pacte d'excellence conclu jeudi soir a été présenté ce vendredi par les membres du Groupe central en présence de la ministre de l'Enseignement, Marie-Martine Schyns. Il est le fruit "d'un consensus partagé par tous", a-t-elle lancé.

Le Groupe central, composé des pouvoirs organisateurs, des associations de parents ou encore des syndicats, a défini cinq axes structurant le pacte d'excellence:
- l'enseignement des savoirs et des compétences,
- la gouvernance,
- l'enseignement qualifiant,
- la mixité,
- la qualité de vie à l'école.

Dans chacun de ces domaines, différentes mesures concrètes sont proposées.


Revaloriser l'école maternelle

Afin d'améliorer l'enseignement des savoirs et des compétences, le Groupe central propose tout d'abord de revaloriser l'enseignement maternel. Concrètement, une disposition permettant de rendre la présence à l'école obligatoire dès 3 ans devra être prise. En outre, l'engagement de quelque 1.100 personnes afin d'améliorer l'encadrement est envisagé.


Un tronc commun dans sept domaines jusqu'à la troisième secondaire
 
Le Groupe souhaite également l'élaboration d'un référentiel, en cohérence avec le tronc commun défini par la suite. Ce tronc commun devra débuter en première primaire pour se terminer en troisième secondaire. Les établissements primaires qui le souhaitent pourront d'ailleurs s'agrandir et organiser les trois premières années du secondaire.

Ce tronc commun couvrira 7 domaines d'apprentissages:
- la langue française, 
- l'expression artistique,
- les mathématiques, les sciences et les technologies, 
- les sciences humaines et la philosophie et la citoyenneté,
- l'éducation physique,
- la créativité et l'esprit d'entreprise,
- apprendre à poser des choix.

Pendant cette période, le redoublement sera évité au maximum. "L'ambition est de le réduire de 50%, pour arriver au niveau de la Flandre", a estimé Laurence Weerts du cabinet Schyns, et co-présidente du Groupe central. La remédiation sera valorisée.


Et après le tronc commun?

Au terme du tronc commun, les élèves seraient soumis à une évaluation externe certificative à l'issue de laquelle un choix entre deux filières s'ouvrira: la transition d'une part et la qualifiante d'autre part. La filière de transition (ex-général) préparera l'élève à l'enseignement supérieur. La filière qualifiante (ex-technique et professionnel) préparera l'élève à exercer un métier dès sa sortie de l'école. Il devra d'ailleurs suivre une 7e année s'il souhaite malgré tout intégrer un établissement d'enseignement supérieur.


Plus d'autonomie pour les écoles et plus de formation continue pour les profs

En ce qui concerne la gouvernance, le projet d'avis souhaite séparer le pouvoir organisateur du pouvoir régulateur. Il souhaite également donner davantage d'autonomie et de leadership aux directeurs d'école. La formation continue des professeurs devrait également être renforcée. Outre les trois journées pédagogiques annuelles, une à trois journées de formations supplémentaires devraient être proposées, "dans des moments où le professeur n'est pas devant sa classe", a précisé M. Delcor.

La mixité ou l'école inclusive sera renforcée. Outre la lutte contre le redoublement et le décrochage scolaire, le projet d'avis prévoit chaque année des moyens supplémentaires pour 50 écoles en difficulté.


Allonger la journée des élèves d'1h30
 
Le chapitre consacré au bien-être à l'école englobe notamment la réforme des rythmes scolaires. L'intention du Groupe central est d'allonger la journée scolaire d'1h30. Sur l'ensemble de l'année, l'intention est de "répartir l'année en périodes de sept semaines de cours suivies chaque fois de deux semaines de congés et adapter en conséquence les vacances d'été, en privilégiant le principe des semaines complètes". Cette proposition, longuement commentée dans le presse ces derniers jours, doit encore faire l'objet d'une évaluation. Rien ne changera donc pour la prochaine rentrée scolaire, a assuré la ministre.


Et combien tout ça va coûter?

Par ailleurs, des investissements en matière d'infrastructure et la gratuité progressive, en commençant d'abord par le maternel, est proposée. Selon le Groupe central, la réforme devrait coûter quelque 300 millions d'euros en investissements nouveaux et 230 à 250 millions d'euros en mesures de réorientation. Ces sommes seraient à répartir sur les quinze années de mise en oeuvre du pacte. Aucun emploi ne devrait être supprimé, ont également assuré les membres du Groupe central. Des réorientations seront cependant inévitables, en raison notamment de l'allongement du tronc commun. "Il n'y aura pas de big bang", a assuré Mme Schyns. "Ce sera une évolution progressive. Tout ne va pas advenir en même temps".

Frédéric Delcor, secrétaire général de l'administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles et co-président du Groupe central, a tenu à remercier le gouvernement "pour nous avoir laissé travailler librement, ce qui est rare dans une réforme publique en Belgique". Il a qualifié la proposition de réforme d'"équitable et efficace". A présent, chaque instance représentée dans le Groupe central doit faire avaliser ce texte de plus de 326 pages à sa base. En 2017, le gouvernement et le parlement de la Fédération auront pour mission de transposer le pacte en textes légaux. Les différentes mesures proposées seront phasées dans le temps, jusqu'en 2030, selon un calendrier à définir.


La Ligue des familles salue un "bon commencement"

Selon la Ligue des familles, "l'intention de gratuité scolaire prend (enfin) forme: le rapport fait référence à une "gratuité complète", mise en place de façon progressive. C'est ce que défend la Ligue des familles depuis de longues années." Elle se réjouit également de l'attention portée à l'enseignement maternel. "Le rapport se veut volontariste pour revaloriser ce premier niveau d'enseignement. Il est question de refinancement des personnels et d'un meilleur encadrement. Une excellente chose souvent évoquée dans le passé, mais jamais réalisée." La Ligue des familles salue également "des rythmes scolaires plus respectueux de l'enfant" ainsi qu'"un tronc commun qui met l'accent sur l'égalité des chances et une formation commune polytechnique".


MR et Ecolo s'interrogent sur la mise en oeuvre concrète des propositions

"Je suis très admirative", a lancé la cheffe de groupe MR François Bertieaux sur Bel RTL. "Ce pacte d'excellence constitue un consensus remarquable. C'est un tout cohérent qui est assez séduisant et qui réforme en profondeur et avec lucidité notre système d'enseignement". Cependant, "je suis inquiète. J'ai peur que le gouvernement ne respecte pas cette cohérence et fasse une "shopping list" de mesures qu'il mettra ou pas en oeuvre".

Écolo a également salué "l'important travail mené par les membres des groupes de travail". La cheffe de groupe Barbara Trachte regrette toutefois "que l'ensemble des formations politiques n'aient pas été associées à l'élaboration de ce projet. Qu'en sera-t-il demain si un autre majorité prend les commandes de la Fédération?", s'interroge-t-elle dans un communiqué.

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