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Les commerçants surveillent-ils la vente de produits dangereux? Nous les avons testés… et le résultat est inquiétant

Trois nouveaux produits pouvant servir à des fins criminelles ont été ajoutés à une liste d'une quinzaine de produits dangereux vendus notamment dans les magasins de bricolage. En cas d'achat suspect, les commerçants sont invités à alerter la police. Mais la vigilance est-elle vraiment de mise? Les vendeurs appliquent-ils ce règlement? Nous avons vérifié cela dans plusieurs commerces.

Notre journaliste Arnaud Gabriel, accompagné de notre caméraman Elisabeth Wouters, s'est rendu dans trois magasins de bricolage en se faisant passer pour un client. Les scènes ont été filmées avec une caméra cachée. Les résultats de ce test sont interpellants.


Test numéro 1: un panier avec quelques bouteilles dans un grand magasin

Dans le premier magasin de bricolage visité par notre équipe, de nombreux produits dits "dangereux" se trouvent dans les rayons. Ils figurent dans la liste des produits dont la vente est à surveiller par les commerçants. Après avoir mis plusieurs bouteilles de ces substances dans leur panier, notre journaliste est passé à la caisse. La vendeuse ne dit pas un seul mot, et nous n'éprouvons aucune difficulté à sortir du magasin.

Notre journaliste revient alors vers un employé du magasin pour l'interroger en caméra cachée. "Je ne vais pas vous mentir, je ne connais pas la liste des produits dangereux car je suis étudiant", confie-t-il.

Pourtant, une note interne existe et signale toute la procédure à suivre. Un numéro de la police fédérale est d'ailleurs joignable 24h/24 dans les trois langues nationales.


Test numéro 2: un caddie rempli de nombreux produits dangereux dans un grand magasin

Dans le deuxième magasin, notre équipe procède au même test, mais remplit un caddie avec des quantités beaucoup plus importantes de produits dangereux. Pourtant, au moment de payer, le caissier ne pose aucune question. Toujours en caméra cachée, notre journaliste lui demande s'il n'est pas grave de voir des gens acheter ces produits en grande quantité. "Non, pas vraiment", répond-il. Notre reporter rappelle qu'il s'agit de produits dangereux. "Oui je sais, mais non. Il n'y a pas vraiment de contrôle", dit-il.

En réalité, questionner les clients est une pratique qui semble gêner les magasiniers. "C'est quand même un peu délicat. Pourquoi à chaque fois le demander? Surtout maintenant, on a des clients musulmans. Si à chaque fois qu'ils viennent dans le magasin on doit leur demander, ils peuvent avoir directement la réaction de dire 'Ah mais c'est parce que je suis brun que tu me poses la question?!'", explique le caissier.


Test numéro 3: plusieurs produits dangereux achetés dans une petite surface

Notre dernier test s'est déroulé dans une droguerie de la capitale. Se faisant passer pour un client lambda, notre journaliste demande au vendeur 20 litres d'acétone, 20 litres d'acide sulfurique, et d'autres produits encore... Cette fois, la réaction du commerçant est très différente. "Si ce sont de grandes quantités, moi je dois téléphoner à un numéro alors. Un numéro spécial de la police. Moi je ne peux pas, je ne veux pas avoir des ennuis", explique-t-il.


Conclusion

Le bilan est pour le moins inquiétant. En un an, la police a reçu une vingtaine de signalements. À quoi ont-ils aboutis? Impossible de le savoir.

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