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Les CPAS et leurs finances sous pression: "Si nous ne faisons rien, c’est la rue pour ces gens"

La situation financière des CPAS est difficilement tenable. Les chômeurs déboutés de leur droit arrivent en masse. Et le Centre public d’action sociale est en bout de chaine de la solidarité.

Les CPAS font face à de nouveaux défis qui impliquent le plus souvent des coûts supplémentaires, comme la réforme des pensions ou le vieillissement de la population. Et l'arrivée, cette année, des chômeurs privés d'allocations d'insertion ne fera qu'aggraver la situation. Les dépenses de personnel constituent la plus grande part des charges des CPAS wallons (47%) et bruxellois (39%).


Réduire le nombre de services rendus à la population

Contraints et forcés par manque de moyens financiers, les Centres publics d’action sociale vont devoir réduire le nombre de services rendus à la population. C’est la crainte de Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur et il a expliqué au micro de Bernard Lobet pour Bel RTL ce que cela signifierait concrètement. "C’est bien sûr classiquement ne pas nécessairement remplacer les personnes qui s’en vont à la pension. C’est dans certains cas fermer ou réduire un certain nombre d’activités, je pense par exemple à des activités de réinsertion sociale or, elles sont effectivement importantes pour l’avenir de ces personnes. C’est peut-être réduire le nombre de personnes remises à l’emploi parce que ça coûte très cher au CPAS, donc nous sommes en train de réduire la voilure pour garantir notre mission de base qui est de donner un revenu à ceux qui n’en n’ont pas et des aides sociales urgentes, mais au détriment de l’accompagnement et d’une réinsertion durable de ces personnes dans la société."


Plus de financement pour les CPAS

Le déficit budgétaire des CPAS s’aggrave. Non en raison d’une mauvaise gestion des frais généraux ou du personnel, mais parce que les mesures du fédéral que doivent assumer les CPAS ne sont pas financées comme il le faudrait. Exemple, le revenu d’intégration sociale, financé à 69% pour l’instant par le fédéral. "La fédération des CPAS depuis très longtemps demande une augmentation du taux de remboursement de l’État fédéral du revenu d’intégration avec comme horizon 90% de remboursement. Il faut saluer le geste qui a été fait par le gouvernement précédent d’une augmentation de ce taux de remboursement de 5%, mais c’est malheureusement encore insuffisant pour permettre aux CPAS d’avoir un solde budgétaire qui soit à l’équilibre", a expliqué Malvina Govaert directrice générale de la fédération des CPAS wallons.


Les habitants des communes financent les CPAS

Si les résultats budgétaires des CPAS sont proches de l'équilibre, c'est grâce à la dotation communale (s'ajoutant à la contribution fédérale) qui vient compenser les déficits d'exploitation. Ce sont donc, en fin de compte, les habitants des communes eux-mêmes qui contribuent à l’équilibre des finances des CPAS. Selon la dernière radiographie annuelle des finances des CPAS réalisée par Belfius - la banque qui finance les pouvoirs locaux -, la contribution moyenne par habitant, pour éponger le déficit des CPAS, est passée de 127 euros en 2013 à 155 euros en 2014. (+22%).


"Si nous ne faisons rien nous maintenant le dernier maillon du filet, pour ces gens c’est le désespoir"

Le revenu d’intégration sociale (anciennement minimex) est de 1080 euros par mois pour une personne avec famille à charge. Pour un cohabitant c’est la moitié (540 euros). Pascale Peraita, présidente du CPAS de Bruxelles-ville a expliqué comment elle comptait s’y prendre pour faire face au toujours plus grand nombre de bénéficiaires de l’aide sociale. "Nous allons nous retrouver avec 1.800 personnes en situation de pour venir demande de l’aide au CPAS donc si nous ne faisons rien et bien c’est la rue pour ces gens, donc nous devons être dans une situation soit de les mettre en assistanat, ce dont nous ne sommes absolument pas d’accord et donc nous devons organiser un plan d’action. À Bruxelles, nous avons mis en place un plan de lutte contre l’exclusion du chômage et pour l’emploi avec de l’institutionnel, avec tous les services publics, mais aussi avec les acteurs privés parce que nous n’y échapperons pas. Si nous ne faisons rien nous maintenant le dernier maillon du filet, pour ces gens c’est le désespoir et c’est la rue, donc c’est clair que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas agir."


Bernard Lobet

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