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Les médias devraient-ils arrêter de donner les noms des terroristes?

Un centre d'étude sur le terrorisme et la radicalisation vient d'être créé à l'Université de Liège (ULg), Serge Garcet, spécialiste de la victimologie, était l'invité de Bel RTL ce matin pour évoquer ce projet. Il répondait aux questions d'Antonio Solimando depuis le bureau de RTL à Liège.

Ce matin, comme invité de 7h50, Serge Garcet, spécialiste de la victimologie et en charge du centre d'étude sur le terrorisme et la radicalisation de l'ULg, répondait aux questions de notre journaliste Antonio Solimando. Lors de cet entretien, le psychologue de formation a également évoqué les cartes d'identité laissées dans les véhicules par les terroristes pour se faire identifier assez rapidement après avoir commis leur acte... Un "oubli" qui n'est pas anodin.

Antonio Solimando: "Il y a un côté vedettariat si on peut dire? Narcissique?"

Serge Garcet: "On peut en tous les cas émettre l'hypothèse par rapport à cet élément. Il y a un besoin d'exister, un besoin de reconnaissance au travers de l'acte bien plus qu'une recherche de vedettariat. En tous les cas, ce qui est intéressant dans le discours idéologique de l'Etat islamique c'est ce positionnement dans cette posture victimaire, où finalement tout ce qui m'arrive vient de l'injustice du monde, vient du manque de reconnaissance que je peux avoir par rapport au monde.  C'est par exemple le cas si je ne peux pas être reconnu en tant que demandeur d'asile, et que par cette posture, il y a finalement une transformation de cette frustration en une légitime violence puisque je me place dans une posture où mon passage à l'acte est finalement une défense par rapport à l'agression que j'ai subjectivement l'impression de subir de la part du monde qui ne me reconnait pas. Et donc en me mettant en lumière, j'affirme au monde mon existence tout en attaquant symboliquement, et malheureusement physiquement aussi, cette société qui ne me reconnait pas".

Antonio Solimando: "Si les médias arrêtaient de donner les noms des terroristes, vous pensez que cela changerait quelque chose sur la multiplication des attentats qu'on a connue ces derniers temps?"

Serge Garcet: "C'est évidemment toujours difficile à dire. Néanmoins, cela a déjà été évoqué dans les médias. Je pense qu'il y a déjà eu à ce niveau-là une évolution dans les différents médias. Je pense qu'il faut surtout être très prudent dans la façon de traiter l'information avec une restriction dans cette logique. Il ne faut pas renforcer cette narration sous forme de feuilletons qui pourraient devenir quelque chose de positif chez les personnes fragilisées à un moment ou l'autre. Au même titre que cela permettrait de ne pas renforcer la volonté de l'EI d'utiliser les médias pour maintenir un climat de terreur et se renforcer en terme d'image".

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