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Marcel, 93 ans, résistant: son groupe se réunissait dans le bunker utilisé par... Hitler en 1940

A l’ occasion de la commémoration du 70ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondial, nous vous proposons une série chaque jour sur la Belgique durant l’occupation à travers le récit de ses derniers témoins et d’historiens. Aujourd’hui, Sébastien Rosenfeld et Michel Herinckx nous emmène dans le maquis, haut lieu de la résistance contre l’occupant. Nous sommes à Brûly-de-Pesche, le 15 décembre 1943.

À 93 ans, Marcel est l’un des derniers survivants du maquis. S’il est désormais aveugle, sa mémoire reste intacte. À l’époque, le chef du réseau Hotton spécialisé dans le sabotage donne rendez-vous à ses contacts dans un lieu connu de tous: le bunker utilisé par Hitler en 1940?. "Je trouvais amusant qu'on vienne se réunir et comploter dans l'endroit qui avait été l'endroit privilégié d'Hitler, son petit jardin dans lequel il prenait l'air" raconte Marcel Franckson.

Avant de se réfugier dans la région de Bruly-de-Pesche en 1943, Marcel, nom de code Martial ou Butch, commence ses actions à Bruxelles dès le début de la guerre. Presse clandestine, espionnage, cambriolage de tickets de ravitaillement, sabotages. En notre compagnie, Marcel retrouve Stan, son bras droit. "Stan a été mon dernier adjoint, les trois précédents ayant été arrêtés et fusillés. c'était un poste dangereux", dit Marcel.

Les deux hommes vivent dans des cabanes au cœur de la forêt. Avec leur arsenal d’armes et d’obus ils deviennent le cauchemar des autorités. "Il n'y a guère que nous qui avons fait de la guérilla car nous avions les grandes forêts où nous pouvions faire des embuscades et des attaques surprises", raconte Marcel. "En tant que patron du groupement, Marcel étudiait les meilleures opérations à faire, dans quelles circonstances, par quel chemin fallait-il partir et sortir du bois, essayer de ne pas rencontrer les Allemands, faire l'opération, souvent une explosion" complète Stan.

Le 19 avril 1943, d’autres résistants près de Malines vont accomplir une action sans précédent. Dans la nuit, trois partisans armés de trois pistolets, de sept cartouches arrivent à immobiliser le 20 convoi qui part vers Auschwitz grâce à une lanterne rouge. Ils arrivent à ouvrir un premier wagon alors que d'autres forcent leurs portes de l'intérieur, au milieu de la fusillade. 231 déportés s'échappent, 23 sont tués, 95 repris, 113 s'en sortiront vivants. Une action unique dans l'histoire de la seconde guerre mondiale en Europe de l'Ouest.

Dès son installation à Londres, le gouvernement belge en exil tente de garder des liens avec les groupes de résistants. "Même en 1944 au moment où la résistance est la plus importante, elle ne ressemble que de 100 à 150.000 personnes sur 7 à 8 millions d'habitants", nous informe Fabrice Maerten, historien. Des résistants qui s'éteignent peu à peu et qui livrent leurs derniers souvenirs aux nouvelles générations.

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