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Notre enquête sur le BIO (1/5): que veulent dire toutes ces étiquettes?

C'est la Semaine bio. Des événements sont organisés dans tout le pays pour faire découvrir un secteur en plein boom. Il y a en effet de plus en plus de consommateurs et de producteurs. Mais le bio suscite de nombreuses questions. La rédaction de RTLinfo.be y répond et vous éclaire à travers cinq reportages. Ce lundi, nous vous aidons à comprendre les labels bio que vous voyez sur les étiquettes. Que veulent-ils dire? Pourquoi y en a-t-il plusieurs ?

Les scandales alimentaires à répétition, les révélations choquantes sur la production de certains aliments ou la fabrication de certains plats préparés, les résultats de plus en plus inquiétant de l'impact de certains produits de l'agriculture intensive (pesticides, etc.) sur notre santé, les conditions de l'élevage industriel de certains animaux, la menace globale qui pèse sur notre planète, etc. Les raisons qui poussent à acheter des produits bio ne manquent pas. En Belgique, les consommateurs (et, par ricochet, les producteurs) de ces produits plus sains sont chaque jour plus nombreux (voir chiffres plus bas). Vous êtes toutefois encore une très large majorité à ne jamais acheter bio ou seulement à de rares occasions. Les raisons ? Le prix, bien entendu. Mais aussi des interrogations. Parfois même de la méfiance. Derrière tous ces logos et étiquettes verts, qu'est-ce qu'il y a vraiment ? Est-ce que ce n'est pas une arnaque pour nous faire payer plus cher ? Notre journaliste Lucas Babillotte a enquêté.

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Comment le bio est-il encadré aujourd’hui ?

Depuis plus de 30 ans, de nombreux labels bios sont apparus en Europe avec comme objectif commun de garantir que les produits bios sont... bios.

Qu'ils soient le fruit d'une initiative associative privée, tel que les labels Biogarantie en Belgique ou EKO aux Pays-Bas, ou la propriété d'une autorité publique officielle, telle que les labels AB en France ou BIO en Allemagne, chacun de ces labels avait initialement un cahier des charges et des modalités de contrôle qui lui étaient propres. Difficile donc pour le consommateur de s'y retrouver, face à la profusion de ces certifications.

Au fil des années, les autorités européennes ont constaté le manque de lisibilité mais aussi de fiabilité de ces labels et ont donc réagi, dans les années 90, en encadrant l'usage de l'appellation "bio" pour les produits alimentaires. C'est ainsi que cette dénomination est encadrée par l'Europe dans le secteur végétal depuis 1991 et dans le secteur animal depuis 2000.

N'est pas "bio" qui veut depuis cette date puisque tout produit alimentaire qui se veut "bio" doit d'abord satisfaire aux exigences européennes pour être déclaré comme tel.

Dans un souci de visibilité, les instances européennes ont progressivement développé leur propre logo "Eurofeuille" dans les années 2000 et ont même rendu sa présence obligatoire sur tout produit bio alimentaire préemballé et vendu en Europe depuis le 1er juillet 2012.

Tout produit alimentaire qui n’est pas porteur du logo européen aujourd’hui n’est donc pas certifié bio.

Les produits non alimentaires (cosmétiques, produits d'entretien, vêtements, etc.) ne sont aujourd'hui pas couverts par la règlementation européenne, mais sont uniquement encadrés par certains cahiers des charges privés, il n'y a donc aucune obligation légale à leur propos. L'utilisation du terme bio pour qualifier ces produits est cependant possible s'il y a un lien direct avec des ingrédients certifiés issus de l'agriculture biologique.


Qu'en est-il des labels ?

Depuis le 1er janvier 2009, le règlement européen interdit aux Etats membres d'établir des normes supplémentaires plus strictes que la base européenne pour les produits alimentaires bio. Les labels nationaux officiels qui existaient avant cette règlementation, tels que le label AB en France ou BIO en Allemagne, ne peuvent donc pas être moins contraignants que les normes européennes, mais ils ne peuvent pas non plus être plus restrictifs.

Seules les labellisations privées créées par des associations ont le droit "d'aller plus loin" sur des critères qui ne sont pas couverts par le règlement européen. C'est notamment le cas de Biogarantie en Belgique, qui interdit par exemple la présence de sels nitrités dans ses produits, pourtant autorisée par la règlementation européenne, ou encore d'EKO aux Pays-Bas.


 
Parallèlement à ces labels officiels et privés figurent des gammes "bios" d'entreprises telles que Delhaize ou Carrefour qui reprennent obligatoirement le logo européen et peuvent s'associer avec des labels privés. "Delhaize Bio" et "Carrefour Bio" sont donc plus des marques que des labels en tant que tels.

Comment se porte le secteur du bio en Belgique ?

Tout le secteur du bio jouit d’une forte croissance depuis 10 ans en Belgique, aussi bien en termes de producteurs que de consommateurs. Notre pays comptait 1.630 producteurs bios au 31 décembre 2014, soit une augmentation de 7,7 % par rapport à 2013. 79 % de ces producteurs sont présents en Wallonie (1.287), 21 % en Flandre. Les fermes biologiques représentent aujourd’hui 4,5 % du total des fermes en Belgique.

Evolution du nombre de producteurs en Belgique (source BioWallonie)

La consommation de produits bios se porte également bien en Belgique puisqu’elle ne cesse d’augmenter d’année en année. Près de 9 Belges sur 10 ont consommé bio l’année dernière et 7 % de ces familles consomment bio de manière hebdomadaire, ils représentent à eux seuls plus de la moitié des dépenses en produits frais bios. Fait marquant : les dépenses à l’échelle nationale ont augmenté de 3,8 % entre 2013 et 2014 pour atteindre le montant de 435 millions d’euros alors que pour la première fois depuis des années, les dépenses pour des produits alimentaires courants sont, parallèlement, en recul de 0,8 % en Belgique.

Les dépenses des ménages belges pour les produits frais et les boissons bio en milliers d'euros (BioWallonie)

Les légumes, les fruits et les produits laitiers sont les produits les plus achetés par les consommateurs. Chaque Belge a dépensé 27,89 € en produits bio en moyenne l’année dernière. Les familles aisées avec enfants et les pensionnés disposants de revenus élevés sont les deux groupes d’acheteurs bio les plus importants. Les supermarchés classiques restent le plus gros canal de distribution des produits alimentaires bio (45,3 %) devant les magasins spécialisés (30,7 %), les épiceries de quartier (11 %), la vente en directe à la ferme et au marché et les hard discounters.

Dépenses alimentaires bio par catégorie de produit, en euro par habitant sur une année, Belgique, 2004 (BioWallonie)

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