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Objets en feu jetés par les fenêtres, WC démolis et inondations: situation électrique dans les prisons en grève

L'arrêt de travail du personnel pénitentiaire devrait se poursuivre au moins jusqu'à lundi. David Scoubeau de Bel RTL fait le point sur la situation ce matin dans les établissements pénitentiaires.

Les prisons bruxelloises et wallonnes du pays sont toujours en grève ce jeudi. L'arrêt de travail devrait se poursuivre au moins jusqu'à lundi, a indiqué Jean Michel Hanozet, délégué CSC à la prison de Huy. "Le protocole du ministre a été refusé à la majorité mercredi soir. Nous poursuivons le mouvement 'au finish'", a-t-il affirmé à l'Agence Belga, précisant que la CGSP était solidaire. Dans les prisons néerlandophones, le service est assuré normalement.


Au finish

Mercredi soir, à l'issue d'une rencontre avec les représentants syndicaux du personnel pénitentiaire, le ministre de la Justice Koen Geens s'était réjoui du fait que les négociations étaient sur la bonne voie. Mais si les syndicats flamands estiment que des avancées ont été enregistrées, côté francophone les propositions du ministre sont toujours jugées insuffisantes. "Elles sont hors propos et ne répondent pas à nos revendications", assure M. Hanozet. Le ministre proposait notamment 350 engagements, un gel des économies à 6% jusque fin 2016, un remplacement systématique des départs et une prime de flexibilité un peu plus importante pour tous les membres du personnel. 


Cependant, le relèvement de l'âge de la pension et l'instauration d'un service minimum constituent toujours une pierre d'achoppement dans les négociations. "La pénibilité du travail n'est pas reconnue", regrette M. Hanozet. Lundi, des discussions seront menées en présence du médiateur social.


Situation électrique dans les prisons en grève

En attendant, la vie s'organise derrière les barreaux alors que l'Etat belge a été condamné à devoir assurer un service minimum, en tous cas à Ittre et Nivelles. La règle de base reste toujours le confinement 24h/24: tant que les gardiens de prisons n'auront pas repris le travail, il ne sera pas possible de faire autrement.

Certaines prisons vont tout de même tenter d'offrir au moins un service aux détenus. Marneffe envisage une douche ou un coup de téléphone. A Nivelles, les détenus ont eu droit à une sortie au préau hier. Et ils pourront peut-être se doucher aujourd'hui. La même chose est envisagée à Tournai. Mais tout dépend chaque fois du climat heure par heure.

Ce climat est très électrique dans la plupart des prisons, ce qui rend ces activités, a priori banales, plutot risquées. A Nivelles, les détenus jettent des objets en feu par les fenêtres. A Tounai, c'est toujours très tendu. Cette nuit, les détenus ont bouté le feu à leurs matelas, cassé les WC et inondé une aile du bâtiment jusqu'à trois heures du matin. 

La police fédérale a été appelée en renfort pour la distribution des médicaments et des repas prévus ce matin. La direction de l'établissement a prévu d'offrir une douche aux détenus. Mais comme dans les autres prisons au moindre débordement toute la procédure sera arrêtée.


Un bourgmestre inquiet

Yves Binon, bourgmestre de Ham-sur-Heure-Nalinnes est un bourgmestre très inquiet pour ses policiers. Cela fait dix jours qu’il remplace les gardiens en grève avec l’appui de renfort de zones voisines. Mais ces dernières heures la situation s’est compliquée. "J’envoie de moins en moins de renforts, il y a encore deux zones qui nous envoient du personnel, mais ils ont décidé de ne plus en mettre, ce qu’on peut comprendre à un certain moment, car ils sont aussi leur boulot dans la rue".

La zone de police Germinalt qui rassemble 90 agents est donc de plus en plus seule pour gérer cette situation, ce qui devient intenable pour ce bourgmestre d’autant plus que la tension monte à l’intérieur de la prison. Il a donc demandé du renfort au fédéral. "Il nous faut ce renfort-là car le problème, je pense qu’en ne mettant pas de renforts, ils mettent la vie des directeurs et des directrices en danger, puisqu’il y a quand même quelques civils à l’intérieur de la prison qui sont les directeurs et les directrices et nous on est en heures supplémentaires, il y a un moment où il y a des règles, où il y a des lois qui ont été instaurées, le nombre d’heures supplémentaires qu’ils peuvent faire..."

Pour l’instant, cette demande de renforts est restée sans réponse. Et concernant les heures supplémentaires des policiers le bourgmestre compte bien envoyer la facture au ministre de la Justice. "Quand l’armée vient dans les rues pour renforcer la police à Bruxelles ou ailleurs ou dans les aéroports, la Défense nationale envoie la facture au ministère de l’Intérieur, alors je ne vois pas pourquoi la zone ne pourrait pas envoyer sa facture à la Justice". Yves Binon attend des renforts très rapidement, car il aura besoin de ses policiers pour d’autres plus habituelles, notamment pour encadrer deux marches folkloriques la semaine prochaine

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