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Pour le juge Michel Claise, le ministre Koen Geens "pose un gravissime problème" à la justice

Le juge d'instruction Michel Claise, spécialisé dans la criminalité financière, était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL-TVI. Il accuse les autorités de ne pas lutter suffisamment contre la fraude fiscale. Il dénonce également l'action du ministre de la Justice Koen Geens.

"Le ministre nous pose un gravissime problème, dans la mesure où il est en train de détricoter purement et simplement le pouvoir judiciaire, que ce soit en termes de budget ou d'action. Les syndicats et les magistrats, tout le monde est d'accord pour le dire", affirme Michel Claise. "Il détricote le système, le transformant en une forme d'administration dépendante".

Le juge d'instruction déplore aussi le souhait du ministre de réduire le champ d'action de la cour d'assises, qui traite notamment les crimes et qui est composée de 3 juges professionnels et de 12 jurés tirés au sort parmi les citoyens. "La supprimer, c'est enlever au citoyen la possibilité d'exercer une justice citoyenne", estime Michel Claise.


Supprimer le juge d'instruction? "Un drame démocratique"

Il regrette également le projet du ministre Koen Geens de supprimer les juges d'instructions. "Ce n'est pas tant mon job à moi qui pose problème, mais si cette loi passe, ça sera un drame démocratique sur le plan du pays. Parce que la suppression du juge d'instruction, c'est la suppression du magistrat indépendant, pour laisser tout le pouvoir au parquet, c'est-à-dire au politique", dit-il. "Ce n'est pas moi qui le dit, c'est la constitution. Le parquet dépend et est inféodé au ministre de la Justice. Vous allez laisser un corps constitué, qui est hybride, à la fois magistrat et dépendant du parquet, le choix de l'opportunité des poursuites, de la fin des poursuites, de la manière de les mener, et du choix des magistrats qui va les mener", ajoute le juge. "Ce désir s'explique par une volonté de supprimer les gens qui embêtent. Parce que l'indépendance peut déplaire".

Pour Michel Claise, supprimer le juge d'instruction serait cependant irréalisable. "Je vais vous expliquer pourquoi. Parce qu'actuellement, rien qu'à Bruxelles, vous avez déjà 20.000 dossiers qui sont classés sans suite par le parquet, sans examen. Vous allez donc confier à des gens qui sont en sous-nombre, des dossiers aussi importants que le grand banditisme, le terrorisme, les affaires financières. Vous allez leur confier des dossiers qu'ils devront récupérer de nos cabinets, et en plus de ça, ils sont déjà aujourd'hui désossés. Et en matière de recrutement, il n'y a plus la volonté des jeunes juristes de gagner la magistrature", conclut-il.

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