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Quel avenir pour l'avortement en Belgique? "La relève hospitalière n’existe plus"

Vingt-cinq ans après l'adoption de la loi dépénalisant l'avortement, près de 20.000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont pratiquées annuellement en Belgique. Les femmes qui souhaitent interrompre leur grossesse ont légalement jusqu’à 12 semaines pour le faire. Une fois ce délai dépassé, beaucoup se rendent à l’étranger, notamment aux Pays-Bas où là ce délai est plus long. Est ce envisageable de changer les choses chez nous ? Quel avenir pour l’IVG en Belgique, quand on sait que de moins en moins de médecins sont formés à cette pratique ? Sébastien Degrave et Arnaud Ruben ont enquêté, pour le RTLINFO 13H.

12 semaines, soit trois mois, c’est la durée maximale pour interrompre volontairement une grossesse dans un centre médical en Belgique. Cette limite pousse chaque année des centaines de femmes à avorter à l’étranger, où le délai est plus long. Rien qu’aux Pays-Bas, 300 Belges interrompent chaque année leur grossesse. Face à ce constat, des voix se lèvent pour allonger la période légale d’avortement. "On pourrait tout à fait imaginer dans un monde où la médecine sociale, les progressistes, les féministes, et les gens qui sont généreux les uns avec les autres en Europe, alignent le droit des femmes sur les droits qui sont les plus progressistes et les plus avancés dans un domaine comme celui de l’avortement", Dominique Roynet, médecin généraliste et praticienne de l’avortement.


"Une absence d’intérêt, une absence de militance, une absence de mobilisation"

Pourtant, les blocages politiques et philosophiques empêchent d’harmoniser et d’étendre le délai pour avorter. Pour cette médecin qui pratique des IVG depuis 35 ans, la priorité n’est pourtant pas là. Pour garantir le droit à l’avortement en Belgique, il faut conscientiser les jeunes médecins qui ne s’intéressent plus à cette pratique. "La relève hospitalière pour la prise en charge des IVG tardives n’existe plus. Et le problème est, là, certainement une absence d’intérêt, une absence de militance, une absence de mobilisation pour tout ce qui est la médecine sociale, la médecine humaine".


Bientôt une pénurie de praticiens?

A l’université libre de Bruxelles, seul un tiers des futurs médecins généralistes suivent une formation sur l’avortement. A l’UCL ou à l’ULg, aucun cours n’est dispensé sur ce sujet. A l’avenir, notre pays pourrait donc être confronté à une pénurie de praticiens de l’IVG. 


Dans les années 70, certains médecins bravaient l'interdit

Depuis 25 ans, la loi autorise l’IVG jusqu’à la douzième semaine. Avant cela, de nombreuses femmes ont perdu la vie en avortant clandestinement. Pour les aider, des médecins ont bravé l’interdit. Le plus connu d’entre eux, c’est Willy Peers. En 1973, il est arrêté pour avoir avorté des femmes dans sa clinique. Détention préventive, procès, rien ne l’arrête: il continue le combat et forme ses futurs successeurs.

"On devait s’interposer entre le personnel et les patientes"

"Moi j’ai été formé chez Willy Peers, et donc on faisait des interruptions de grossesse dans un climat assez hostile de la part, entre autres, du personnel infirmier, dans une maternité namuroise, assez catholique, où on devait s’interposer un peu entre le personnel et les patientes pour qu’elles ne soient pas agressées parce qu’elles étaient admises pour une interruption volontaire de grossesse et c’était très clair", explique Yvon Englebert, chef du service Gynécologie-obstétrique à l’hôpital Erasme, à notre journaliste Vanessa Constanzo.

Aujourd’hui, les femmes disposent de deux méthodes pour avorter. Dans 80% des cas, elles ont recours à l’aspiration et au curetage. Pour les grossesses les plus récentes, une nouvelle méthode existe : une IVG médicamenteuse.

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