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Se faire contrôler par la police à cause de son origine, c’est illégal, sans parler des dérives: "Son iPod confisqué parce qu’il écoutait du Brel"

Vu la menace terroriste, le nombre de contrôles policiers s’est multiplié. Mais les Nord-Africains sont bien plus visés que les autres. Unia a ouvert 45 dossiers concernant la police en 2015 et 78% d’entre eux avaient trait à des problèmes raciaux. Et selon l’UE, les personnes d’origine maghrébine seraient deux fois plus contrôlées que les citoyens perçus comme belges d’origine. La Ligue des Droits de l'Homme rappelle à l’occasion que le "profilage ethnique" de la part des forces de police en intervention est une pratique illégale, mais trop peu dénoncée.

"La seule raison qui va pousser une personne à contrôler un individu en rue est sa couleur de peau, son origine supposée ou sa tenue vestimentaire. Si c’est le seul critère qui est utilisé, c’est problématique", insistait Manuel Lambert, conseiller juridique à la Ligue des Droits de l’Homme, au micro de Simon François et Michel Herinckx dans le RTLinfo 13H.

Pour les personnes interrogées par la Ligue, un amalgame est souvent fait entre l'appartenance à une religion et une ethnie. Si elles l'affirment, c'est en raison des propos tenus par certains policiers lors des contrôles.

Parfois, ces contrôles dérapent. Kahled Boutafallah est le directeur d’"Atmosphères", un service d’aide en milieu ouvert à Schaerbeek. Il informe les jeunes sur leurs droits et aident au quotidien. Des contrôles qui dérapent en confiscations arbitraires, il en a entendus beaucoup. Il citait cet exemple parlant : "Le policier a écouté sur l’iPod" d’un jeune qu’il venait contrôler. "Il y avait de la chanson française, du Brel, et le policier lui a dit : 'Non, ce n’est pas possible que toi tu écoutes ce type de musique', et donc il lui a confisqué" son lecteur de musique, le présumant certainement volé.

S’il y a donc bien un problème de délit de faciès dans les contrôles de police en Belgique, peu de chiffres existent pour prendre conscience de l’ampleur du problème. La Ligue des Droits de l’Homme demande aux pouvoir publics de lancer une étude en ce sens. D’autant que les relevés sont tronqués, puisque les hommes jeunes (les victimes les plus fréquentes) portent très peu plainte.

"Les jeunes se parlent entre eux et disent que ça ne sert même plus à rien d’aller porter plainte parce que ça n’aboutira jamais. Ce sentiment que la justice protège des actions de policiers peut entraîner le fait que des jeunes ne vont même pas parfois porter plainte", expliquait encore M. Boutafallah.

Ceux qui portent plainte et décident de s'adresser à la justice constatent ensuite que de nombreux obstacles se dressent devant eux. Le premier, relève la Ligue, vient du refus de certains policiers d'acter leur plainte ou bien du fait qu'une plainte pour mauvais traitement à motivation raciste est souvent suivie d'un procès-verbal pour rébellion. Il est en outre difficile de présenter la preuve de l'existence d'une discrimination. La justice est perçue comme lente et coûteuse pour le type de population souvent concerné par le profilage ethnique.

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