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Sully a reçu 18 coups de couteau en pleine rue à Colfontaine: "Il m'a laissé pour mort"

En 10 jours, 4 Belges viennent de mourir des suites de coups de couteau. Lundi dernier 3 attaques avaient lieu quasi simultanément à Bruxelles. Est-on face à un phénomène de contamination ?

Le 12 novembre dernier, Sully, 25 ans, a lui aussi été victime d’une agression à Pâturages (Colfontaine). Ce soir-là, il est sortir de chez lui pour prendre son véhicule. Il va ensuite recevoir 18 coups de couteau. "J'ai entendu quelqu'un courir derrière moi, et j'ai senti un premier coup rentrer dans mes côtes. J'ai ensuite eu 3-4 coups de couteau dans le dos. Je me suis retournée et je lui ai dit 'S'il te plaît, ne fais pas ça, j'ai des enfants. Je pensais que c'était quelqu'un qui voulait voler mon véhicule et partir. Après, il m'a laissé pour mort. J'avais plusieurs coups au niveau du poumon, un qui est passé pas loin du coeur. J'avais mes mains trouées, je ne sais plus les bouger", raconte le catcheur amateur qui s’en est sorti miraculeusement.

Au moment des faits, Sully ne sait pas à qui il a eu à faire. La police l'a arrêté et le Colfontainois a appris qu'il s'agit de l'ex-compagnon de sa compagne. "Il n'a, à mon avis, pas supporté sa séparation. J'ai refait ma vie, et on n'a pas eu de rivalité amoureuse puisqu'on ne se connaissait pas. On ne s'était jamais vu. Je ne comprends pas car sa relation a duré que quelques mois. Ils n'ont pas d'enfants ensemble et n'ont pas vécu ensemble." A présent, l'individu est incarcéré à la prison de Mons en attente de son procès.

Plusieurs faits avec des coups de couteau ont donc eu lieu ces derniers jours en Belgique. En moyenne, il y deux rixes au couteau par jour, qui sont souvent non-mortel. Comment expliquer cette recrudescence?

"Il y a plusieurs phénomènes. Objectivement la société n'est pas plus violente que dans d'autres périodes de l'histoire. Mais subjectivement, elle l'est beaucoup plus. Il y a une spectacularisation de la violence, liée notamment aux réseaux sociaux", explique Bruno Humbeeck, psychopédagogue à l’UMons. "Tous les comportements doivent être spectacularisés, mis en scène. Ce n'est pas tout à fait conscient. On se met tous en scène deux fois, dans la vie réelle et dans la vie virtuelle. Puis derrière, il y a une mise en scène de vous-même. Dans le cas d'une rupture amoureuse où vous vous sentez complètement insignifiant, vous vous dites 'Je vais exister' intensément en annulant quelqu'un d'autre. C'est le moteur de beaucoup de ces agressions. Ce sont ces formes d'agressivité hiérarchique. La personne se dit qu'elle a perdu la face et va la récupérer de manière spectaculaire. Les réseaux sociaux vont accélérer ce mécanisme de reprise en mains de sa propre existence sur le plan de l'image de soi auprès des autres. Les personnes qui se sentent insignifiantes vont avoir cette tendance, soit à tout casser, soit à casser quelqu'un."

Que peut-on faire pour mieux lutter contre ces faits ? Denis Ducarme (MR), ancien ministre fédéral de l'intégration sociale et député de Charleroi, indique que son parti est favorable à des comparutions rapides.

"La sanction a une vertu. Dans une société comme la nôtre, il faut bien entendu de la cohésion sociale et du dialogue, mais il faut qu'une sanction tombe à un moment donné. Elle doit tomber le plus rapidement possible. L'un des maux dans notre société est qu'après des actes comme ceux-là, il faut des mois avant que la sanction tombe. Bien entendu que ça crée un sentiment d'impunité", déclare Denis Ducarme. "Une comparution extrêmement rapide nous semble nécessaire, si on veut tourner la page à une forme de laxisme dans notre société."

Le MR veut toucher les auteurs au portefeuille et une comparution accélérée

Atteinte plus franche au portefeuille, procédures en justice accélérées, renforcement du métier et du statut -entre autres pécuniaire- des policiers,  ainsi que de leur formation: telles sont quelques-unes des mesures que le MR a présentées vendredi, par l'entremise de plusieurs de ses personnalités wallonnes et bruxelloises, afin de lutter contre les troubles à l'ordre public et soutenir les forces de l'ordre.

Ce plan de sécurité s'inscrit dans le contexte des événements violents qui se sont produits dimanche dernier à Bruxelles en marge de la rencontre de football Belgique-Maroc au Qatar et de l'assassinat du policier Thomas Monjoie. Le MR souhaite que ces mesures soient adoptées le plus rapidement possible et prendra des initiatives dans les parlements ainsi qu'au gouvernement. Il juge que les faits qui se sont produits ne peuvent rester impunis. 

"A l'heure où le pays a été frappé par plusieurs faits d'insécurité et de débordements dans une trajectoire regrettable, nous voulons présenter un plan global visant une série de mesures touchant l'ensemble des niveaux de pouvoir", a dit d'emblée le président du MR Georges-Louis Bouchez. 

Le premier volet de mesures avancées porte sur les ressources financières des auteurs. Le MR estime que le paiement d'allocations sociales ou familiales doit pouvoir être interrompu pour les auteurs tels que ceux des dernières émeutes à Bruxelles "dans un principe d'équilibre dans le gestion des aides de l'Etat auquel ces gens portent délibérément atteinte", a-t-il dit.  La symbolique de l'Etat à travers le drapeau belge doit aussi être protégée. Caroline Taquin a ainsi annoncé la réactivation d'une proposition de loi visant à inscrire ce type d'atteinte dans le code pénal.  

Plusieurs propositions du MR visent à soutenir les policiers à travers la poursuite systématique des auteurs d'agressions à leur égard, et l'accélération de l'amélioration de la rémunération des policiers en fonction de la pénibilité.  Au passage, Denis Ducarme .a précisé qu'il demandera à la commission d'accompagnement de police au comité P de produire une analyse sur les faits du week-end dernier en regard des questions qui se posent sur l'ampleur du dispositif policier et sur l'opération de dispersion plus que d'arrestations qui a été menée.  Selon celui-ci, les libéraux francophones veulent aussi soutenir les autorités communales qui ont la possibilité depuis la publication d'une circulaire en septembre, d'interdire la participation de fauteurs de troubles à certains rassemblements.  

Ils estiment que le système de comparution immédiate et de l'"ultrasnelrecht" doit être systématiquement activé. ""Les casseurs de dimanche devraient pouvoir comparaitre dans les heures qui suivent" en vue d'une sanction rapide, a ajouté Georges-Louis Bouchez. La ministre Valérie Glatigny, en charge notamment de la Protection de la Jeunesse et des Maisons de Justice a souligné "l'importance de la prévention, du respect et du dialogue entre jeunes et policiers, sanction et prévention étant les deux faces d'une même pièce en matière de sécurité". 

Intervenant en vidéoconférence depuis Nice où il  participe à une visite de travail pour prendre connaissance du dispositif local de sécurité adopté après l'attentat de juillet 2016, le chef de file du MR à Bruxelles, David Leisterh a enfin déploré l'insuffisante prise en charge, selon lui, par le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort de sa mission de coordination de la sécurité.  "Il a reçu un costume de shérif chargé de coordonner la sécurité et la prévention depuis la dernière réforme de l'état. Mais trop souvent, ce sont les mêmes choix qui sont posés: soit le problème est jugé trop petit, et il juge qu'il n'a pas à intervenir, soit c'est trop grand et il renvoie la balle au Fédéral", a-t-il commenté.   

Les mesures ont été présentées vendredi par le président Georges-Louis Bouchez,  le chef du groupe MR à la Chambre, Denis Ducarme, le nouveau chef du groupe au parlement bruxellois, David Leisterh, la députée fédérale Caroline Taquin, la ministre Valérie Glatigny en charge de l'Aide à la Jeunesse et des Maisons de Justice au sein du gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles, et le bourgmestre libéral d'Uccle Boris Dilliès.

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