Accueil Actu

Voici l'histoire poignante d'une migrante qui devrait obtenir son statut de réfugiée en Belgique: "J’avais besoin de réaliser mes rêves"

Haben (nom d'emprunt) a 29 ans. Elle vient d’Erythrée, un pays de la Corne de l’Afrique qui s’est séparé de l’Ethiopie en 1993. Là, dans ce pays perpétuellement en guerre et dirigé par une dictature, les filles sont enrôlées de force dans l’armée tant qu’elles ne sont pas mariées ou enceintes. Haben, elle, avait d’autres plans. Elle a tenté d’étudier l’agronomie à l’école supérieure dans son pays, mais elle a vite été rattrapée par les militaires. Dans les casernes, c’est le règne l’insécurité pour les femmes, qui sont régulièrement battues et violées. Alors, sans prévenir sa famille, Haben a choisi l’exil et a fui vers le Soudan voisin il y a 2 ans. C’était le début d’un long périple qui l’a finalement amenée chez nous en août 2014, comme 750 autres Erythréens depuis janvier de l'an dernier. Haben attend actuellement au centre pour réfugiés d’Herbeumont, dans nos Ardennes, que sa nouvelle vie débute.


Elle vivait dans un pays sans espoir pour les femmes

Dans un anglais appris à l'école, la jeune femme a accepté de raconter son parcours à Olivier Pierre et Ghislain Federspiel pour RTLINFO. Sans montrer son visage: la vie de sa famille au pays en dépend. Pourquoi a-t-elle risqué la sienne? Car "j’avais besoin de plus, d’être libre, d’étudier, de vivre libre", a-t-elle expliqué. "On n’a pas le choix. Je n’avais pas le choix. J’avais besoin de plus, en tant qu’être humain, en tant que femme. J’avais besoin de réaliser mes rêves, de vivre ma vie. J’ai souvent eu très peur mais je me suis dit: essaie."


Les passeurs libyens, c'était le pire

Voilà pourquoi, pour un total de 4000 euros versés à une multitude de passeurs, elle a décidé de rallier l’Europe. Un trajet d'un an environ, qui a commencé au Soudan, où la route à travers le désert jusqu’à la côte libyenne est extrêmement risquée. Certains tombent des véhicules et ne sont jamais récupérés, d'autres meurent de soif. "Au Soudan, dans le premier camion, on était une centaine de personnes. Puis on a changé pour des passeurs libyens. Et eux, c’était pire. On était une trentaine, debout dans un pick up pendant 3 ou 4 jours. Ensuite, on a encore payé le trajet vers Tripoli. Et là, ils nous ont mis dans un camion frigo." Arrivée sur la côté libyenne, elle a alors connu la dangereuse traversée en Méditerranée vers l’Italie, avec 600 autres clandestins. Un passage réussi, contrairement aux milliers de malchanceux qui périssent chaque année entre la côte africaine et la côte européenne.


Elle devrait obtenir son statut de réfugiée

Haben se fait désormais aider par une avocate pour obtenir le statut de réfugiée en Belgique. Elle remplit d’ailleurs tous les critères, donc a toutes les chances de pouvoir redémarrer sa vie ici. Elle espère pouvoir reprendre des études pour devenir vétérinaire. "Je sais que j’ai encore beaucoup de défis à relever", mais après ce parcours, ce n'est pas le courage qui lui manquera.

Ce cas particulier illustre les conditions de vie pour lesquelles et dans lesquelles des centaines de milliers de personnes tentent chaque année de rejoindre notre continent. S'ils ne fuyaient pas l'horreur, la guerre, la misère, la mort... ils ne risqueraient pas leur vie dans l'espoir d'en avoir une meilleure.

À la une

Sélectionné pour vous