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Un accord a été trouvé pour le Pacte d'excellence: voici les principales réformes prévues et leur calendrier

Le groupe central qui réunit les auteurs du Pacte d’excellence (syndicats, fédérations de parents, pouvoirs organisateurs) a trouvé un accord au finish dans la nuit de mardi à ce mercredi. Les protagonistes ont tenté d'intégrer dans le texte du Pacte les critiques émises par les enseignants. Les cinq syndicats des professeurs vont soumettre le texte à l'approbation des instances internes (délégués régionaux, comités exécutifs...). Un délai est donc accordé aux organisations syndicales, et l'avis définitif du groupe central devrait être remis au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (ex-Communauté française) le 20 mars.

Après l'accord trouvé cette nuit, voici les principales réformes envisagées par le Pacte pour un enseignement d'excellence, ainsi que le calendrier prévu pour leur mise en oeuvre.


Tronc commun

Le Pacte prévoit la mise sur pied d'un "tronc commun polytechnique et pluridisciplinaire" de la maternelle jusqu'à, non plus la 2e secondaire, mais la 3e secondaire. Ce tronc commun sera progressivement introduit à partir de 2020, d'abord au niveau des maternelles et des 1re et 2e primaires. Il progressera ensuite vers les classes supérieures d'année en année pour atteindre la "nouvelle" 3e secondaire en 2027.


Renforcer l'enseignement maternel: 1.100 équivalents temps-plein seront engagés

L'un des objectifs de la réforme est d'améliorer l'enseignement maternel, qui disposera de son propre référentiel (cadre servant à définir les programmes scolaires) dès 2019. L'encadrement en maternel sera sensiblement renforcé, avec l'engagement programmé à court terme de 1.100 équivalents temps-plein supplémentaires. L'obligation pour chaque enfant de fréquenter la 3e maternelle, jugée cruciale pour la bonne réussite du cycle primaire, sera d'application dès 2018.

Des moyens complémentaires sont aussi prévus dès cette année-là pour soutenir la remédiation et soutenir une bonne connaissance de langue d'apprentissage par les enfants.


Parcours d'éducation culturelle et artistique

La réforme entend aussi doter les enfants d'un bagage culturel cohérent, de la maternel jusqu'en secondaire, par la mise sur pied d'un parcours d'éducation culturelle et artistique (PECA) dont le démarrage est prévu en 2020. La généralisation de l'apprentissage de la deuxième langue dès la 3e primaire sera, elle, d'application dès 2021. La "transition numérique", destinée à mieux marier enseignement et révolution numérique, devrait, elle, débuter progressivement dès 2019.


Gouvernance des écoles

Afin d'améliorer la gouvernance des établissements scolaires, ceux-ci devront rédiger progressivement, dès 2018, des plans de pilotage assortis de contrats d'objectifs, qui devront être appliqués par vagues entre 2019 et 2021. Pour ce faire, les écoles maternelles et primaires verront leurs moyens administratifs renforcés, et ce dès 2017. Une réforme du processus de recrutement et de sélection des directeurs d'école est également prévue pour la rentrée 2019.


Soutenir les jeunes professeurs

Pour réduire le nombre important de jeunes profs qui quittent l'enseignement durant leurs cinq premières années de service, ceux-ci bénéficieront d'un accompagnement renforcé. Des "enseignants référents" seront notamment désignés pour les épauler. Ces premiers "référents" sont attendus dès 2020. La formation continuée des enseignants sera également boostée. Ceux-ci feront aussi l'objet d'une évaluation plus poussée, avec de possibles sanctions à la clé.


Lutte contre l'échec et le redoublement

Les études internationales le montrent à souhait: l'école francophone est la quasi championne du monde en matière de redoublement, une pratique à l'efficacité pédagogique contestée et par ailleurs très coûteuse pour la Fédération (quelque 400 millions d'euros par an). Un échec scolaire est en outre souvent suivi par un décrochage scolaire du jeune. Le Pacte entend ici inverser la vapeur, par une refonte du pilotage des écoles, mais aussi par l'allocation dès 2018 de moyens financiers supplémentaires à la remédiation, via un soutien accru aux services d'accrochage scolaire (SAS).


Parcours qualifiant

Après leur 3e secondaire, les élèves pourront soit continuer la filière de "transition", censée préparer à l'enseignement supérieur, soit opter pour un parcours "qualifiant" qui, en trois ans, les préparera à l'exercice d'une profession. Le nombre d'options sera toutefois réduit pour mieux coller aux besoins (locaux) du marché de l'emploi.

Ce volet de la réforme, associé à l'allongement d'un an du tronc commun, a fait craindre aux enseignants des filières techniques et professionnelles actuelles de perdre de nombreuses heures à l'avenir. Pour les rassurer, le gouvernement a pris un engagement clair: tout enseignant en place conservera à l'avenir son emploi dans le système éducatif, mais pas forcément dans les mêmes fonctions.


Création de nouvelles places

Vu l'évolution démographique, un effort sera fourni pour la création de nouvelles classes et écoles sur tout le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Des moyens financiers ont déjà été prévus à cette fin lors de l'élaboration du budget 2017 de l'entité, mais ils devraient encore augmenter lors des deux exercices à venir.


Rythmes scolaires

L'idée (controversée) d'allonger la journée scolaire d'une part, et de revoir l'organisation des congés scolaires d'autre part, a été (prudemment) renvoyée à la conduite d'"études de faisabilité". Celles-ci devraient logiquement être entamées cette année encore. Selon le groupe central du Pacte, si l'on devait changer quelque chose à cet égard à l'avenir, il conviendrait toutefois de revoir l'organisation de l'année dans un premier temps, pour ensuite s'atteler éventuellement à celle de la journée scolaire dans un second temps.


Coût de l'opération

L'enseignement représente aujourd'hui près des trois quarts du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La mise en oeuvre du Pacte nécessitera des moyens complémentaires, même si certaines réformes devraient permettre de générer des économies. Pour rassurer les syndicats, le gouvernement Demotte s'est engagé à réaliser d'abord les investissements, les mesures d'économies étant renvoyées à 2027 au plus tôt.

Le budget dévolu à l'éducation devrait ainsi fortement monter en puissance au cours des années à venir pour atteindre un "pic" de 220 millions d'euros supplémentaires d'ici 2022. Compensé progressivement par après par les premiers "effets retour", le coût net annuel de la réforme devrait atteindre une facture supplémentaire limitée à 50 à 70 millions d'euros par an à l'horizon 2030, selon les estimations actuelles.

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