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Une association belge d'aide aux victimes de mutilations génitales mise en péril: son rôle est pourtant crucial

À la veille de la journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines (MGF), l'ASBL Intact, devenue un centre d'expertise juridique en la matière, annonce qu'elle risque de bientôt ne plus être en mesure d'assurer sa mission principale de protection des femmes et des filles des mutilations génitales, faute de subsides. Quelque 300.000 euros sont nécessaires à l'association pour poursuivre ses activités.

"Alors que la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, entrée en vigueur en Belgique en juillet 2016, prévoit explicitement que les organisations qui luttent contre les violences faites aux femmes doivent être soutenues financièrement, les subsides alloués diminuent d'année en année, entravant le développement des activités de prévention et de protection des MGF", regrette dans un communiqué Céline Verbrouck, présidente de l'ASBL Intact.


Une association qui assiste la justice mise en péril

L'association Intact existe depuis sept ans grâce aux demandes continues de subsides pour des projets spécifiques. Mais le manque de fonds structurels menace désormais la survie de l'association. Or, les études, analyses et outils juridiques développés par l'ASBL servent de nombreux magistrats, politiques et professionnels -qu'ils soient du secteur médical, social ou associatif- impliqués dans des démarches liées à l'asile et à la protection en Belgique des filles et femmes exposées ou victimes d'une MGF ou d'autres violences de genre.

"Nous risquons bientôt de ne plus être en mesure d'assurer l'assistance juridique actuellement fournie aux professionnels qui nous sollicitent", s'inquiète Céline Verbrouck. Sans fonds structurels, Intact sera en effet contrainte de réduire sensiblement son champ d'activités à partir de 2018. "C'est une nouvelle fois révélateur de la difficulté actuelle de trouver du financement pour l'aide juridique, spécialement quand ça touche les personnes étrangères", déplore la présidente. L'association appelle dès lors les responsables politiques à mettre la main au portefeuille, ce qui permettrait à Intact d'assurer la poursuite de ses activités de lutte contre les MGF.


Une conférence pour convaincre les parlementaires

Lundi, à l'occasion de la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines, Intact, en collaboration avec d'autres associations, mettra en avant lors d'une conférence au parlement fédéral la problématique des mutilations génitales. Les associations aborderont notamment les difficultés à prendre en compte la santé mentale des migrantes victimes de MGF ou de violences de genre lors des procédures de demandes d'asile. Des recommandations à cet égard seront également formulées.


"Un travail sur les mentalités doit être réalisé et il est important que les hommes jouent leur rôle"

Les résultats préliminaires des recherches réalisées dans le cadre de la campagne européenne de sensibilisation "Men Speak out", visant à mieux comprendre la perception qu'ont les hommes migrants en Europe des mutilations génitales féminines et leur rôle dans la perpétuation de la pratique, seront aussi présentés, pour la première fois en Belgique. "En substance, il ressort que les hommes ne parlent pas assez de la pratique des mutilations génitales féminines et n'ont pas conscience de leur rôle à jouer pour déconstruire les idées qui circulent. Un travail sur les mentalités doit être réalisé et il est important que les hommes jouent leur rôle, car la pression pour continuer cette pratique vient aussi du sexe masculin", explique Jessica Tatout, responsable de projet au sein de Gams. Une vingtaine d'hommes migrants en Belgique ont d'ailleurs été formés par l'association afin d'ouvrir le dialogue à ce sujet avec la communauté immigrante.

En Belgique, les mutilations génitales féminines concernent plus de 13.000 femmes, qui sont vraisemblablement, totalement ou partiellement excisées, et plus de 4.000 fillettes risquent une MGF, selon des estimations du SPF Santé Publique.

Diverses actions de sensibilisation sont par ailleurs organisées lundi. L'association Gams distribuera des autocollants militants "Respect our bodies" dans plusieurs gares du pays. L'ONG Plan International lancera quant à elle une vidéo "Clito, papier...ciseaux?" pour appeler le grand public à soutenir le combat contre cette violation des droits des femmes en vigueur dans de nombreux pays d'Afrique et du Moyen-Orient.

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