Accueil Actu

Blocage de dépôts de carburants: menacés d'astreintes, des manifestants s'enfuient et déforcent les barrages, d'autres s'installent jusque lundi matin

Les menaces d'astreinte des groupes pétroliers semblent avoir fissuré le mouvement initiés par les citoyens en colère contre la hausse des prix des carburants. Quelques dizaines d'entre eux ont bloqué différents dépôts stratégiques à Feluy, Wandre et Wierde. Mais en milieu d'après-midi, sous la menace, les manifestants inspirés du mouvement des gilets jaunes en France ont transformé les barrages bloquants en barrages filtrants.

Quelques pneus sur la chaussée: à Wandre, les voitures peuvent désormais passer. Le barrage s’est déforcé, les manifestants se sont dispersés. Car l’huissier a annoncé les astreintes que pourraient payer les gilets jaunes. "5000 € par personne, c’est quand même pas rien, à savoir, est-ce que c’est vrai ou pas… J’entends une sirène, on va y aller", explique un manifestant, qui décide de s’enfuir alors que la police semble approcher.

Un véritable jeu du chat et de la souris s’est engagé: ils reviendront plus tard. "Il faut juste partir et revenir, là on a fait une opération coup de poing en 45 secondes, on a refait un barrage", explique le même manifestant qui s'est remis à son poste.


"On a perdu une journée complète"

La circulation vers le centre Total et sa réserve stratégique de 80 millions de litres de carburant est fortement ralentie. Au volant de son camion, Benoît Tossaint, gérant d’un magasin de pierres décoratives, vient de défoncer le reste du barrage qui empêchait ce matin ses clients d’accéder à son entreprise. "On a perdu une journée complète, nous et toutes les autres entreprises ici. Ils ont reçu l’ordre de dégager, on leur fait comprendre en plus qu’ils n’ont qu’à bloquer devant chez Total, non, on continue à venir nous emmerder nous. On est aussi pris en otage".


"C’est pas le bon combat"

A Wierde, autre dépôt, mêmes revendications : une quinzaine de gilets jaunes manifestent et aucun camion n’est autorisé à entrer ou à sortir du site. "Ce n’est plus gérable, ce n’est plus possible. Il faut qu’à un moment le gouvernement se rende compte qu’il est en train de nous faire mourir", estime un manifestant.

Ce ras-le-bol est généralisé, jusque dans le Hainaut, au dépôt de Feluy, où l’action se veut citoyenne avant tout. Un syndicaliste de la CNE s’en désolidarise: "C’est pas le bon combat, je pense que les personnes qui actuellement sont sur des piquets devraient au contraire, accompagner les syndicats. On travaille, on fait des luttes sociales. Ce n’est pas uniquement pour les travailleurs et pour les acquis sociaux, c’est également pour les allocataires sociaux".


Des personnes arrivent avec des tentes et des sacs de couchage

L’action est moins étendue qu’annoncé : en fin de journée, les barrages se sont déplacés, libérant 4 camions citernes du dépôt. "Si quatre camions ont pu sortir vers 17h30, les choses se sont passées différemment pour un cinquième véhicule vers 18h, le camion a été bloqué par les citoyens, un blocage qui s’est passé dans le calme mais qui a malgré tout obligé le chauffeur à faire demi-tour", explique notre reporter sur place Julien Crête, qui explique, en direct dans le RTL INFO 19H, qu’il y a toujours une cinquantaine de personnes.

"Devant le site, il n’y a plus de barrage, mais l’objectif c’est toujours d’empêcher les approvisionnements, et les citoyens que nous venons de rencontrer nous l’ont confirmé, la plupart vont encore rester ici une bonne partie de la soirée, voire une bonne partie de la nuit. On a même vu des personnes arriver ici il y a quelques minutes avec des tentes et avec des sacs de couchage, du matériel donc pour passer la nuit". Notre journaliste que l’huissier de justice qui était présent cet après-midi était toujours là, ce vendredi à 19h, et ce afin de notifier d’éventuelles nouvelles paralysies.


A Wandre, les manifestants déterminés à rester jusque lundi matin

Falque, Bonsoir Gauthier. Plus de blocage ce soir à Wandre près de Liège, qu'en est-il chez vous ? Le blocage était toujours en cours lors du RTL INFO 19H à Wandre, près de Liège, comme l'a indiqué notre reporter sur place, Gauthier Falque: "Il y a une vingtaine de personnes présentes sur place, et aucune n'a reçu d'avertissement ou d'éventuelle menace. Comment expliquer cette différence de traitement entre les différents dépôts? Ce dépôt, ici à Wierde, est plus petit, il y a moins de stockage. Deuxième explication: ce dépôt ne stocke que du mazout de chauffage, et qu'il est moins prioritaire dans les livraisons par rapport au carburant, du coup, ce barrage va pouvoir se poursuivre. Les manifestants comptent rester ici jusque lundi matin minimum, et ils sont plutôt bien équipés pour passer leur deuxième nuit ici: des feux ont été allumés, et une sono a été installée pour rester éveillé toute la nuit".

À lire aussi

Sélectionné pour vous