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"Les araignées géantes sont de retour": l’avis d’un expert sur vos nombreuses photos

De Soumagne à Athus, en passant par Auvelais, vous avez constaté une présence accrue d'araignées en cette saison. Certains les qualifient de "géantes", d'autres s'inquiètent de leur "agressivité". Nous avons demandé l'avis d'un expert pour faire le point sur les espèces que vous avez retrouvées dans vos jardins et vos maisons.

"Les araignées géantes sont de retour", nous écrit Zachary via la page Alertez-nous. "Araignée géante à Athus, elle atteint les 10 centimètres sans exagérer", nous envoie de son côté Magali depuis la province de Luxembourg. "Horreur ! Mais quelle est donc cette araignée? Et il paraît que c'est la deuxième trouvée près de chez moi", écrit Laurence, visiblement paniquée, depuis Soumagne (province de Liège). Photos à l’appui, vous êtes nombreux à vous demander si la présence de ces araignées est normale.







Ce ne sont pas des araignées "géantes"!


Afin de répondre à vos interrogations, nous avons soumis vos clichés à un expert. Arnaud Henrard est biologiste et consacre sa recherche aux araignées à l’UCL et au sein du Musée royal de l'Afrique centrale (MRAC). Sur les photos, il identifie des tégénaires, des araignées communes de maison. "La taille d’une araignée est prise par rapport à son corps, qui ne dépasse jamais plus de 2 centimètres. Mais l’envergure des pattes, elle, peut atteindre une dizaine de centimètres et c’est ça qui donne une impression de gigantisme".

Pas question donc de parler ici d’araignées "géantes"... Un terme inventé par certains médias pour qualifier des araignées d’une taille tout à fait classique. "C’est une période propice au vagabondage des araignées, on l’évoque plus souvent et on remarque qu’il y en a des grosses, toujours à la même époque. Mais elles ne sont pas plus grosses qu’avant, il y a juste des exemplaires un peu plus grands que d’autres", détaille Arnaud Henrard.


Un mode de reproduction unique dans le règne animal

De la fin de l’été à la fin de l’automne, les araignées sont donc plus visibles. Pourquoi ? Tout simplement car elles sont devenues adultes. Il s’agit surtout de mâles qui cherchent à s’accoupler. "Ils sont très présents en septembre car ils vagabondent pour trouver les femelles et aller se reproduire. Elles, de leur côté, tissent leur toile", explique le biologiste.

Arnaud Henrard parvient à déterminer, sur simple photo, que les spécimens trouvés par Laurence et Zachary sont des mâles. "Devant la tête, on distingue deux pédipalpes. Il s’agit de deux pattes modifiées qui servent à la reproduction. C’est cet organe-là qui va transférer son sperme vers la femelle. C’est un organe sexuel secondaire, car les organes sexuels proprement dits se situent au niveau de l’abdomen. Le mâle va faire une petite toile, pour laisser tomber une goutte de sperme, et c’est avec cet organe, à la manière d’une seringue, qu’il va aspirer le sperme et le réinjecter dans la femelle. C’est un mode d’accouplement unique dans le règne animal. D’où la présence de ces deux sortes de "gants de boxe" au niveau de la tête".


"Je me suis fait littéralement sauter dessus par cette araignée"

Nous avons également reçu ces photos de la part de Marco, qui vit à Auvelais, dans la province de Namur. "En faisant ma haie je me suis fait littéralement sauter dessus par cette araignée de couleur et de taille inhabituelle et très agressive", écrit-il.







Elle capture beaucoup de proies et tisse des toiles impressionnantes

Pour le biologiste, il s’agit d’une Epeire diadème ou araignée Porte-croix, très visible à cette période-ci car elle est de sortie pour se nourrir: "Elle est en train de prendre un max de réserves. Elle va capturer beaucoup de proies et construire des toiles assez impressionnantes. Vers la fin de l’automne elle va disparaître, parce qu’elle aura formé son cocon et pourra mourir". Quant à sa couleur, elle est normale: "Elle peut être très foncée ou très claire. Il y a une grande variabilité, même si elles sont un peu plus ternes en général. Pour ce qui est de la taille du corps, si elle est bien nourrie, elle peut atteindre 2 centimètres, elle est généralement moins grosse que la tégénaire".

Cette araignée-ci est un peu moins grosse que la tégénaire, et ne vit normalement pas dans les maisons : elle préfère les buissons. Si vous devez tailler votre haie comme Marco, rassurez-vous: elle ne vous veut aucun mal. "L’araignée lui est tombée dessus par hasard, elle se laisse tomber quand elle a peur, elle n’est pas agressive. Elle préfère faire la morte et fuir plutôt que d’être confrontée à un danger. Elle peut éventuellement secouer sa toile si elle est dérangée, mais si elle se sent menacée elle va fuir".


Est-elle dangereuse?

"Est-elle dangereuse voire venimeuse?", demande Marco. Les araignées sont bel et bien venimeuses, mais la plupart des espèces qui vivent en Belgique ne sont pas capables de nous transpercer la peau, explique le spécialiste. "La tégénaire est particulièrement inoffensive, même si elle a des gros crochets. L’Epeire diadème a des crochets un peu plus puissants, mais ce n’est pas dangereux". Elles ne sont donc pas capables de transmettre du venin à l’homme ni à ses animaux domestiques.

Que faire si vous trouvez une araignée? "Laissez les tranquilles dans les maisons, elles sont là pour réguler la quantité d’insectes qui pullulent dans les maisons. Si au pire elles sont dérangeantes, on les met dehors". Et si vous la retrouvez dans votre salle de bains, par exemple dans votre baignoire, dites-vous qu’elle est peut-être coincée: "Comme elles construisent des toiles, pas capables de remonter ces parois lisses des baignoires". Dans ce cas-là, vous pouvez lui donner un coup de pouce, en la capturant dans un bocal pour la relâcher ailleurs.


Deborah Van Thournout

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