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L214 et le journaliste Aymeric Caron dénoncent le SPÉCISME: les animaux victimes d'une oppression identique au racisme?

Les vaches, les poules, les cochons et les espèces animales en général sont-elles victimes d'une oppression identique à l'oppression raciale ou sexiste ? L'antispécisme, qui représente la lutte contre les discriminations en raison de l'espèce, est-il un nouveau front du combat pour l'égalité ? C'est en tous cas ce que défend l'association L214, de même que le médiatique Aymeric Caron, l'ancien chroniqueur de l'émission "On n'est pas couché" sur France 2.

Vous avez sûrement déjà vu ces vidéos qui dénoncent la cruauté dans certains élevages, comme, par exemple, celle où de mignons petits poussins sont broyés pour faire des "chicken nuggets". Derrière ces images, des personnes révoltées, comme celles assemblées au sein de L214. Cette association française utilise les termes de "racisme récurrent" envers les animaux et prône le "véganisme", une pratique alimentaire qui exclut totalement les protéines animales. Dernièrement, elle s'est fait connaître en diffusant des scènes de maltraitance animales saisies dans un abattoir du Vigan qui a d'ailleurs été contraint de fermer temporairement.

Brigitte Gothière est l'une des fondatrices de L214. "Au début, je n'étais pas du tout portée là-dessus. Le grand père de mon copain était même boucher. Mais à 20 ans, j'ai décidé d'arrêter de manger de la viande et par la suite, moi et mon copain avons  croisé des gens qui m'ont fait découvrir une idéologie: le spécisme", raconte-t-elle.

Le spécisme est défini par le dictionnaire comme un "type de discrimination, à l'instar du racisme ou du sexisme, basée sur la différence entre espèces, vue comme un critère moral qui détermine la manière de traiter un être autre que soi." 


La logique du "spécisme"

L'association Respect animal est une ONG québécoise qui a pour but majeur "de conscientiser les gens sur la cruauté envers les animaux". Elle accuse la société de mettre en place des stratégies qui "justifie l'exploitation animale et ses abus, tout en minimisant la culpabilité des acteurs et des spectateurs." Comme L214, cette organisation estime que l'homme n'affronte pas la vérité en face et fait preuve d'un racisme d'espèces: "En infériorisant l’animal, cela permet à l’homme de se distancier de lui émotionnellement, se composent notamment de ce qui peut apparaître comme des " discours-alibis (NDLR: les alibis historique, alimentaire, économique, thérapeutique, l’appel à la tradition, etc.)"

Selon elle, la société minimise l'exploitation animale grâce à 3 stratagèmes:

1. Le premier est "la négation des torts causés, qui passe d’abord par la dissimulation de la souffrance animale, derrière les portes des laboratoires ou dans les grands baraquements de l’élevage industriel." Dissimuler la souffrance, c'est exactement ce que les ONG comme L214 tentent  de dévoiler par l'entremisse d'extraits vidéos publiées sur internet. "Ce n'est pas vraiment les actes de sadismes en soi qu'on veut mettre en lumière mais plutôt les abattoirs qui sont des lieux d'une extrême violence" affirme la cofondatrice de L214. "Grâce à internet nous avons une meilleure visibilité. Et on en bénéficie en tant qu'ONG."

2. Vient ensuite le deuxième stratagème soulevé par Respect animal: "Le découpage des responsabilités, c’est-à-dire la division du travail qui amène à dire 'Je ne fais que mon travail'". Par exemple un bourreau qui se déchargerait de ses responsabilités.

3. Et enfin, le troisième stratagème qui est la dévalorisation de la sympathie pour les animaux. "Celui-ci consiste tout simplement à présenter la défense des animaux, ce que l’on pourrait appeler d’une manière large le mouvement " animaliste " dans son ensemble, comme une attitude irrationnelle, sentimentale et juvénile, faible, féminine parfois, ridicule toujours."

Une vidéo sur leur site rappelle: "Toutes les espèces animales, dont la nôtre, partagent des intérêts fondamentaux: intérêts à vire et intérêts à ne pas souffrir."


Aymeric Caron: l'Abraham Lincoln des cochons et des poulets

Ce courant n'est pas nouveau mais commence vraiment à faire parler de lui, depuis la sortie du livre "antispéciste" d'Aymeric Caron, le 7 avril dernier. Ce  journaliste, ancien chroniqueur de l'émission "On n'est pas couché", se revendique "antispéciste" et défenseur de la cause animale. Selon lui, "L'antispécisme milite pour l'intégration de tous les êtres vivants sensibles dans une même famille de considération morale. Vu sous un autre angle, cela signifie que l'antispécisme revendique l'appartenance de l'espèce humaine à une communauté beaucoup plus large qu'elle-même, celle des animaux. Il s'agit de notre communauté initiale, dont nous ne sommes jamais sortis, malgré nos tentatives désespérées pour le faire croire et l'obstination à renier nos origines. Nous ne sommes que les jeunes visiteurs d'un zoo égaré au milieu de nulle part."

Ce journaliste reconnu accusait et critiquait le système d'exploitation agricole actuel sans ménagement ce 9 avril dernier dans l'émission tardive de Laurent Ruquier. "Le système d'exploitation est tel qu'à l'heure actuelle on ne peut pas avoir du lait sans faire souffrir les vaches".

Aymeric Caron a d'ailleurs adopté un style de vie alimentaire radical. Il est devenu végétalien. Il entend ainsi protester contre l'exploitation animale. "Il ne faut pas discriminer les différentes espèces. La capacité à souffrir d'un chien, d'un cochon, d'un humain sont à peu près les mêmes dans les mêmes circonstances"  Il ajoute également qu'il faudrait s'inspirer des paquets de cigarettes afin d'aposer les mêmes logos sur les paquets de jambons: "Moi, je propose qu'on fasse comme les cigarettes, qu'on mette la photo de l'animal vivant sur les emballages de jambon et puis ensuite, une photo de l'animal à l'abattoir... Et pourquoi pas pendant qu'on est en train de le découper." Il espère ainsi que le consommateur se rend compte qu'il est entrain de manger un cochon. " Si vous avez remarqué, il n'y a jamais d'images de cochon sur les emballages de jamabon"


"60 000 milliards d'animaux tués chaque année"

 "L214"  espère que ces pratiques changeront drastiquement dans le futur. "Le but ultime est de provoquer une évolution qui nous fasse changer de modèle agricole et alimentaire. 60 000 milliards d'animaux sont tués chaque année. Nous avons érigé un monde autour duquel s'articule le plaisir du goût. Mais ce ne sont que des faux arguments. Certes, ces produits nous font plaisir culturellement mais ils créent une somme de souffrance." Ces rêveurs d'un monde sans viande ont encore du pain sur la planche, à l'heure où les fast-food rythment nos pauses repas et où la productivité est un principe fondamental du système économique actuel pour nourrir les 7,5 milliards d'êtres humains.

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