Partager:
En voulant capturer des nuisibles, on peut parfois faire des victimes collatérales: c'est ce qu'a appris Yvonne à ses dépens. La Montoise a capturé dans son piège à rats ce petit lérot, une espèce protégée en Wallonie: il est interdit de les piéger et de les tuer. Comment se prémunir au mieux de la présence d'indésirables tout en préservant les rongeurs plus rares et vulnérables? Nous avons sondé des spécialistes...
"J'ai trouvé cette petite bête dans mon grenier", nous écrit Yvonne (prénom d’emprunt) depuis la région montoise, via la
Une amende entre 50 et 10.000 euros
Car le lérot est une espèce partiellement protégée, selon la
Où vit ce rongeur ?
Le lérot est un petit rongeur, à peine plus gros qu’une souris. "Il pèse entre 40 et 120 grammes selon qu’il soit au début ou à la fin de l’hibernation", détaille Antoine Derouaux, bio-ingénieur chez Natagora. Il est plutôt difficile à recenser (pour vous faire une idée de sa répartition, consultez
Le lérot n’est donc pas présent dans la zone ardennaise: le rongeur préfère les zones plus habitées: "Il va d’office choisir la cohabitation avec l’homme. Ils sont un peu comme la fouine, quand ils ont l’opportunité de dormir dans un grenier, ils vont le faire", explique Vinciane Schockert.
Photo d'un lérot observé dans le Hainaut et posté sur le site
Que faut-il faire ?
Ce cousin du loir passe la moitié de sa vie à hiberner, soit d’octobre à avril-mai. Il est donc tout à fait susceptible de venir se promener dans nos greniers en ce moment. Si vous avez un piège à rats, que faire, dès lors qu’il est interdit de piéger des mammifères protégés susceptibles de s’y retrouver coincés? La "cage" suggérée par Yvonne est une option possible, selon Antoine Derouaux de Natagora. "On peut tenter de les capturer avec des pièges qui permettent de les attraper vivants et de les relâcher plus loin, cela existe dans les jardineries".
Des pièges non létaux... qui peuvent tout de même tuer
Une solution qui n’est toutefois pas à privilégier, selon la biologiste Vinciane Schockert: "On a quand même des animaux qui meurent dans pièges non létaux, parce qu’ils ont une faible résistance au stress, comme les musaraignes", explique-t-elle. De plus, si on ne vérifie pas régulièrement les pièges, les animaux peuvent y mourir avec le temps. L’idéal, si l’on veut se prémunir de la présence de rats pour des raisons sanitaires, sans pour cela nuire à des espèces protégées, c’est de surveiller la zone "squattée" par des animaux: "On peut par exemple acheter des petites caméras infrarouges, et les placer pour vérifier qui est l’auteur des dégâts et du dérangement, et placer un piège approprié".
"On ne se donne plus le droit de cohabiter avec la nature"
S’il s’agit d’un lérot, la spécialiste suggère d’apprendre à vivre avec: "Pourquoi faudrait-il les évacuer de chez soi, alors qu’ils jouent le rôle d’insectivores ?". En effet, le lérot se nourrit de petits insectes, mais aussi de graines et de fruits. Autant de vivres qu’il pourrait venir piller dans vos réserves. Si vous voulez éviter cela, mieux vaut bien refermer vos paquets. Une fois vos stocks bien protégés, sachez que le lérot n’est pas systématiquement un colocataire dérangeant: il est moins invasif qu'une souris par exmple, car il se reproduit moins et fait moins de dégâts. "Aujourd’hui, on a beaucoup de mal à cohabiter avec la nature quelle qu’elle soit, on ne se donne plus le droit de cohabiter avec elle. Dès qu’on est confronté à une espèce, on l’évacue", commente Mme Schockert.
Une autre possibilité : lui offrir le gîte et le couvert
Si vous êtes intéressé par l’observation, voici la marche à suivre: "On peut passer son temps à voir ce qui se passe dans son grenier, mais on peut aussi placer des nichoirs pour favoriser l’espèce dans son jardin. Il faut un trou d’au moins 40 mm de diamètre, qui est plus gros que les ouvertures des nichoirs classiques, destinés aux mésanges". Dans ce cas, gare aux chats: "Souvent les observations qui sont rapportées, ce sont des lérots ramenés par les chats. Quand on place un nichoir, il faut veiller à ce qu’ils n’y aient pas accès. Il faut mettre nichoir à bonne hauteur sur le tronc, et vérifier qu’il n’y ait pas de branche secondaires où le prédateur peut grimper". Il est également conseillé de réfléchir à l’environnement dans lequel on installe le nichoir: "Il faut le placer dans une zone où il y a une disponibilité fruitière : on offre le gîte et le couvert".
Et quand la cohabitation est impossible...
La présence de lérots peut tout de même poser problème dans un foyer: "On a parfois une famille de 8 ou 9, ça fait tellement de bruit que ça devient impossible. Dans ce cas, il faut prévenir la Division Nature et Forest, qui intervient". Si vous êtes dans le cas, vous pouvez donc contacter directement le service lié à votre région, tous les numéros se trouvent sur
Deborah Van Thournout