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Essai Tesla model S P90 : Comment a-t-on pu vivre sans ?

C’est la voiture dont tout le monde parle, grande berline haut de gamme de luxe, 100% électrique et à l’autonomie record de 500 KM. Tout le monde veut la sienne, les superlatifs se multiplient, mais vaut-elle vraiment cet engouement ?

Je l’avoue, je ne suis pas pro-voitures électriques. Trop chères, trop lourdes, pas assez d’autonomie, ne laissent pas de place à l’imprévu dans les déplacements, réservées à la ville où les gens ont moins de garage qu’en périphérie, bref, pas mal d’inconvénients. C’est donc un peu dubitatif mais curieux que je vais chercher ma Model S P90, la plus puissante.


Entièrement automatisée

La première impression est bonne, la voiture est vraiment jolie, beaucoup de classe malgré sa longueur (5m), trapue comme et où il faut, des lignes très pures qui correspondent bien à sa philosophie et une certaine discrétion qui sied aux heureux propriétaires fortunés. On approche de la voiture, clés en poche, les poignées sortent de la carrosserie pour vous permettre d’ouvrir la porte. L’intérieur est magnifique, planche de bord qui mêle cuir et alcantara, très dépouillée qui donne une belle impression d’espace, banquette arrière plate pour accueillir facilement 3 personnes, et plancher complètement dégagé à l’arrière toujours qui laisse beaucoup de places pour les jambes. Confort royal. La surprise vient de la console centrale qui n’est qu’une énorme tablette, 17 pouces, l’équivalent de 2 tablettes classique qui seraient posées l’une sur l’autre. Toute la voiture se commande de là. Toit ouvrant ? Sélectionnez l’icône, la voiture apparait en visuel, faite glisser le toit vers l’arrière avec le doigt et le toit s’ouvre. Choix de la puissance ? Sélectionnez Sport ou démesuré et vous obtenez l’équivalent de 300 ou 510 cv. Siège mal réglé, manipulez les boutons correspondants à ce que vous voulez faire bouger et enregistrez votre profil qui retiendra la position mais aussi l’inclinaison des rétroviseurs, vous pouvez entrer autant de profils que vous le souhaitez. Et c’est comme cela pour tout. D’autres icônes vous donnent accès au graphique de la consommation, à Internet, de série, et au GPS bien sûr.

D’une borne à l’autre

Un GPS bien malin, carte virtuelle classique ou Google map pour apprécier la vue exacte de l’endroit où vous vous trouvez. Un GPS qui réfléchit aussi en mode électrique. Exemple : je veux aller à Nice au départ de Bruxelles, 1.200 km. Avec une électrique classique cela veut dire 10 arrêts de 8heures plus le temps de route. 92 heures, quasiment 4 jours. La Tesla, elle, me fait passer par la Suisse et de Super chargeur Tesla en Super chargeur Tesla, il y en a quasiment tous les 300km. La voiture calcule donc le trajet en fonction des points de recharge et non pas en fonction des routes. Elle vous dit à quel chargeur se rendre et combien de temps vous devrez charger pour pouvoir rallier le suivant. Si j’avais fait le trajet cela m’aurait pris 18 heures, temps de charge compris. Ces Supercharger sont en réalité des séries de bornes, réservées Tesla (la détection est automatique), placées à des endroits stratégiques, des hotels par exemple où il est possible de restaurer en attendant de remplir la batterie. Elles sont à haut débit et permettent de récupérer rapidement beaucoup de kilomètres, j’ai testé 20 minutes j’avais déjà repris 170km. Outre le côté pratique ces Super chargeurs sont aussi un lieu de rassemblement Tesla où l’on fait vite la rencontre d’autres propriétaires, cela fait un peu communauté et c’est sympa. Il y a 225 Super chargeurs disséminés en Europe centrale et du Nord, largement suffisant vu l’autonomie de la voiture annoncée à 500km. Soucis du détail et recherche d’élégance, la prise de recharge est dissimulée derrière un catadioptre et est donc parfaitement invisible.


Sur la route

Jusque-là, c’est un sans-faute. Reste à rouler. A l’instar de l’ensemble de la voiture où tout se veut simple et pur, pas de bouton " Start " ou " ready ". Non. Rien. Juste un commodo DNRP, prélevé à Mercedes. Enclenchez " D " (drive), levez le pied du frein et c’est parti. Silence absolu, le confort est très feutré et ça roule tout seul. Comme sur la BMW i3, le frein moteur est très puissant, de quoi provoquer un maximum de récupération d’énergie à la décélération, avec un peu de pratique il est possible de rouler en toute décontraction sans toucher les freins. L’équilibre du châssis est proche de la perfection, 51/49%, et les batteries occupent tout le sous-bassement, ce qui donne un centre de gravité lourd en position basse, cette Tesla est fort bien campée sur ses roues. Et c’est bienvenu parce que si cela peut être une voiture pèpère cela peut aussi devenir carrément monstrueux à l’accélération. Qui dit voiture électrique, dit 100% de couple dès le premier tour de roue, pas besoin de monter dans les tours comme sur une voiture thermique, et ici il y a 967 NM, éééééénorme, du coup vous accélérez à fond, la voiture bondit avec une puissance inouïe, votre corps est poussé vers l’arrière, la vision est même légèrement troublée pendant une demi-seconde, c’est hallucinant et après 3 secondes vous voilà déjà à 100 km/h, de quoi rivaliser avec une ultra-sportive si ce n’est que vous êtes dans une berline premium. Bon, ce petit jeu n’est pas à pratiquer tout le temps, mais vous avez en mains une voiture très dynamique, très saine, capable de performances éblouissantes. Equipée de 2 moteurs, un sur l’essieu avant, un sur l’arrière, c’est en outre une 4x4, ce qui offre encore un gain en comportement et en efficacité.

Bilan

Bon, après ce tableau enchanteur, tout n’est pas parfait. Malgré l’auto-pilot, en option, pour ce qui est des aides à la conduite c’est assez basique, rien de plus qu’un régulateur de vitesse intelligent et un assistant de maintien de ligne. Le park assist est en option aussi, de base une unique caméra dirigée vers l’arrière. C’est un peu lourd et l’un ou l’autre détail de finition est perfectible. Pour ce qui est de l’autonomie, 400km réels en utilisation normale, pour atteindre les 500 il faudra la jouer " economy run ". Les prix vont de 78.000 à 127.000€, c’est cher mais pas plus qu’une BMW série 7, qu’une Audi A8, une Mercedes classe S ou une Porsche Panaméra. Bonne nouvelle la Tesla elle est déductible à 120%.

Très honnêtement, moi qui suis sceptique sur les voitures électrique je suis franchement épaté. C’est beau, très classe, très agréable à conduire, époustouflant en performances, l’autonomie est enfin à la hauteur et le système de super chargeur drôlement pratique, d’autant qu’en peu de temps vous récupérez largement de quoi faire plus de 150 km supplémentaires. Voilà enfin une voiture électrique qui fait réfléchir et qui est crédible. Comment a-t-on pu vivre sans ? Je ne sais pas.

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