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L'Europe de l'Est, eldorado des constructeurs auto

Le secteur automobile, qui aborde en forme le salon spécialisé de Francfort, voit les ventes progresser en particulier en Europe de l'Est, bénéficiant d'un fort effet de rattrapage et de l'implantation de nombreux constructeurs.

Dans l'automobile, "ce qui tire l'Europe, c'est plutôt l'Europe de l'Est", constate Laurent Petizon, expert automobile chez AlixPartners.

Au premier trimestre de l'année, les ventes de voitures ont crû de 14% sur un an dans cette partie du Vieux Continent, soit 698.000 unités écoulées, selon le fournisseur d'informations Jato.

La Pologne, où les ventes ont augmenté de 15,5% en glissement annuel pour atteindre 277.000 unités, est devenue le 7ème marché européen en termes de volume.

Sur l'ensemble de l'année, cet ensemble de pays de l'ex-bloc soviétique, s'étirant de l'Estonie à la Croatie, devrait atteindre un nouveau record de ventes avec 1,3 million de véhicules.

Cela correspondrait à un rythme de croissance de 10% certes un peu moins rapide que les 16% observés l'an dernier, selon Ferdinand Dudenhöffer, de l'institut CAR à Duisburg (Ouest), mais surpassant nettement les 3% attendus en Europe de l'ouest.

"Les raisons de cet essor à l'est reposent sur la croissance économique de la région et son relatif sous-équipement en véhicules motorisés", favorisant un rattrapage accéléré, explique l'expert.


Curieux de tout

"En Roumanie et en Bulgarie il y a encore beaucoup de place pour de l'équipement", renchérit Laurent Petizon.

La croissance des ventes a accompagné pour bon nombre de constructeurs des investissements sur place dans des usines de production, jouant la carte des moindres coûts de main d'oeuvre par rapport à l'Europe de l'Ouest.

Le tchèque Skoda, enfant de la région, n'est plus le seul implanté à l'est du continent, bien que dominant encore le marché avec une part de 17% des ventes, devant Volkswagen (10%), la marque phare de sa maison mère, et le japonais Toyota.

Renault-Nissan marque des points grâce à sa marque Dacia, portée par son rôle de fabricant local et une gamme de véhicules peu coûteux, quand PSA profite de la reprise de la marque allemande Opel, qui produit déjà des voitures en Hongrie et en Pologne.

Jaguar Land Rover sera le prochain à inaugurer une usine, en Slovaquie, courant 2018, moyennant un bon milliard d'euros investis.

La percée de marques non européennes se fait aussi sentir avec le coréen Kia, allié à Hyundai, qui s'est forgé un destin industriel en République tchèque et en Slovaquie pour garantir une part de marché à deux chiffres dans ces pays.

"Les marchés de l'Europe de l'est ne sont pas encore parvenus à maturité comme ceux de l'ouest. Comme la plupart n'ont pas de marques domestiques, leurs consommateurs sont curieux de tout ce qui arrive sur le marché", explique Michael Cole, patron pour l'Europe de la jeune marque Kia.


Ombre sur la Russie

"Cela nous permet plus facilement d'y pousser nos pions", poursuit M. Cole, alors que Kia dit détenir 6% de part de marché en Europe de l'Est et y écoule en particulier son 4x4 urbain, Sportage, surfant sur l'engouement général pour cette classe de voitures.

Ces colosses d'acier, également baptisés "SUV", ont en effet représenté près d'un tiers des immatriculations en Europe de l'Est entre janvier et juin 2017, une croissance de 32% contre 10% en moyenne sur les autres segments.

Signe des temps, la motorisation diesel est quant à elle en perte de vitesse, avec 37% des ventes soit une perte de 3 points en un an, quand les modèles à essence captent 60% du marché.

La situation en Russie est bien différente, le pays payant sa mise à l'écart économique après son annexion de la Crimée il y a quatre ans. Les 3 millions de modèles vendus en 2012 sont désormais hors de portée. La cote d'1,5 million pourrait être atteinte cette année, mais ce marché "reste l'ombre de lui-même", selon Ferdinand Dudenhöffer.

"Le potentiel est toujours là", veut croire Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem. En particulier Renault, bien implanté sur place, pourrait profiter de ce relais de croissance.

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