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"A deux 200m de la Grand-Place, on est en Arabie Saoudite": le journaliste Jean Quatremer s'explique sur ses propos (vidéo)

Jean Quatremer était sur le plateau de l’émission "C’est pas tous les jours dimanche". Cette semaine, le journaliste de Libération a déclaré dans une interview au Vif/L’Express: "A deux cent mètres de la Grand-Place, on est en Arabie Saoudite. Jamais je n'ai vu autant de femmes voilées dans d’autres villes européennes".

En affirmant cela, le journaliste, lanceur de polémiques, s’en prenait en réalité à la commune de Molenbeek, qui est un peu plus loin que ça. "Quand je dis vous faite deux pas, vous faites deux pas et vous vous arrêtez ? Cela s’appelle une image, on dit j’ai vu 36 chandelles, il n’y a pas 36 chandelles qui tournent autour de moi". 

"Il y a même un journaliste de la RTBF qui a été prendre son mètre, me prenant pour un géomètre, et reprenant précisément à quel endroit commençaient la chaussée de Gand, la rue du Midi, etc. C’est un peu ridicule, évidemment, c’est une expression".

Le journaliste français, correspondant permanent à Bruxelles pour le journal Libération, explique qu’il s’agit d’un papier sur l’identité belge, et la "dénonciation du communautarisme, quel qu’il soit, tant le flamingant qu’islamique".

Il explique que sa phrase visait très précisément l’Arabie Saoudite: "Je n’ai pas dit le Maroc, vous l’aurez remarqué, car je visais le wahhabisme et le salafisme, en disant qu’ils avaient libre presse dans ce pays. Je rappelle quand même que la Grande Mosquée est financée par Riyad en Arabie Saoudite, et que ça ne pose de problème à personne. Je ne suis pas le premier à dire qu’à Molenbeek et dans d’autres quartiers de Bruxelles, il y a des problèmes".

Concernant son affirmation: "Je n’ai jamais vu autant de femmes voilées qu’ici, à Bruxelles", le journaliste développe: "L’espace public dans certains quartiers de Molenbeek ou d’autres quartiers est carrément confisqué par une secte islamiste, et c’est ça qui pose problème. Je ne vise pas les musulmans en général, je ne vise pas les Arabes, je ne vise pas les Marocains. Quand vous voyez qu’il y a un livre en 2006 qui a été écrit par une Flamande - Hind Fraihi, ndlr - qui a expliqué ce qui se passait à Molenbeek... Il y a eu quelques attentats, il y a eu quelques terroristes qu’on a retrouvés planqués là-bas. On vient de dissoudre plus de 90 associations islamistes qui posaient des réels problèmes de sécurité à Molenbeek".

Il expose sa théorie: "Je suis comme l’équipe de foot belge, un ciment de l’identité belge. Quoi que je dise, les poubelles, la N-VA, la Flandre... je déclenche des polémiques qui me dépassent. Je suis content de travailler pour l’unité belge".

Face à lui, le chroniqueur Michel Henrion, expert en médiapolitique, rétorque : "Jean, ton feuilleton c’est finalement de dénoncer perpétuellement le déni des Belges. Mais ici, tu es toi-même dans le déni. Parce que ce petit déni géographique, c’est une image, je suis d’accord, mais il y a une très grande différence entre la France et la Belgique, c’est qu’ici, Bruxelles a cette particularité d’être une capitale où les migrations se sont installées à hauteur de la ville, contrairement à la banlieue", explique-t-il. Pour lui, cela présente un avantage: "Contrairement à Paris ou dans le Nord de la France, on n’a pas les émeutes récurrentes dans les grands ensembles, on n’a pas les émeutes de banlieue et on ne brûle pas des dizaines de milliers de voitures le soir du réveillon".

Michel Henrion revient sur le fond de cette phrase choc, sortie toutefois d’un papier beaucoup plus "charpenté": "Le reproche que je vais te faire, c’est d’avoir importé chez nous une polémique qui est purement française. Parce que ce n’est pas la situation en Belgique. Le jeune français qui n’a pas d’emploi, qui est déstabilisé, comme ceux qui ont fait les attentats, qui n’est pas spécialement religieux, pas islamiste, mais qui voit, en France, qu’on enlève le foulard d’une femme sur la plage, il n’a pas besoin de ça... C’est la rage qui lui monte au cœur, le mec, il ne va chercher à rejoindre la Syrie, il va foutre le bordel en France".

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