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Allocations familiales: ne pas faire basculer TOUS les enfants vers le nouveau système en 2019 est "totalement discriminatoire"

Le délicat dossier des allocations familiales a suscité un débat animé sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" aujourd'hui sur RTL-TVI. En Wallonie, le gouvernement doit revoir sa copie. Et à Bruxelles, deux systèmes différents sont proposés par les partis de la majorité. Mais le temps presse pour aboutir à un accord.

Depuis la 6ème réforme de l’Etat, chaque région doit organiser une réforme des allocations familiales. En Wallonie, le PS et le cdH avaient décidé, juste avant de divorcer cet été, d’octroyer 155 euros pour chaque enfant qui naîtra à partir du 1er janvier 2019. Cette différence de traitement entre les enfants nés avant et après le basculement a valu à l’avant-projet de décret d’être recalé cette semaine par le Conseil d’Etat.

Pendant ce temps, à Bruxelles, la majorité PS-cdH-DéFI-open VLD-sp.a-CD&V se déchire sur ce dossier: les humanistes veulent octroyer 150 euros pour chaque enfant né à partir de 2019, avec majoration pour les familles aux revenus de moins de 45000 euros. Les autres partis de la coalition penchent plutôt pour une somme de base moins élevée, 130 euros (avec majoration) mais qui s’appliquerait à tous les enfants.

Alors basculement pour tous les enfants bruxellois en 2019 ? La question est loin d'être tranchée. 

"On ne veut pas prendre les familles en otage. Et c’est d’ailleurs ce que dit le Conseil d’Etat par rapport à la proposition wallonne qui dit finalement vous serez né le 31 décembre, vous aurez 700 euros de moins que votre voisin qui aura eu son enfant le 1er janvier, et ça cela ne va pas", estime Emmanuel De Bock, chef de groupe Défi au parlement bruxellois. 


"Vous allez avoir un système totalement discriminatoire"

Pour les familles qui n’ont qu’un seul enfant, dans l’ancien système, on touche 746 euros de moins que dans le nouveau système."Sauf que quand vous en avez plusieurs, l’aîné va partir, donc vous allez retomber sur un enfant unique. Donc vous allez avoir un système totalement discriminatoire. Et le Conseil d’Etat dit pas d’inégalité et pas de discrimination. Le basculement est ainsi le système le plus juste. Et le système bruxellois est en effet le plus généreux. On parle d’une allocation de base de 140 euros sur laquelle vient s’ajouter des suppléments sociaux et d’âge", précise le chef de groupe Défi.

"Et c’est tout à fait payable. Preuve en est que nous sommes soutenus dans notre proposition par le ministre du Budget, libéral flamand", assure Catherine Moureaux, députée bruxelloise PS.


"Notre priorité c’est de soutenir toutes les familles"

Une affirmation démentie par les humanistes."Ils sont soutenus par le ministre du Budget, nous sommes soutenus par la Ligue des familles. C’est quand même plus important quand il s’agit des familles bruxelloises. Notre priorité c’est de soutenir toutes les familles, avec un enfant, nombreuses, précarisées, monoparentales et de la classe moyenne. La meilleure façon de le faire c’est d’avoir un montant de base qui soit le plus élevé possible. 150 euros auquel viennent s’ajouter aussi des suppléments sociaux et d’âge. Pour pouvoir le rendre possible et le pérenniser sur le long terme, il faut le mettre en œuvre de façon progressive. Sinon on doit diminuer les montants de base", réagit Hamza Fassi-Fihri, vice-président du cdH et chef de groupe cdH au parlement francophone bruxellois. 

Selon lui, l’objectif n'est pas forcément de faire comme en Flandre et en Wallonie, même si cela permettrait d'avoir des montants similaires.


"Il n’est pas question de scénario catastrophe"

L'agenda est en tout cas serré. Normalement, dès janvier 2019, le système va être mis en place. Christophe Deborsu demande dès lors au PS s'il n'est pas en train de "jouer avec le feu". 

"Certains ici se comportent comme des pompiers pyromanes. C’est-à-dire dire que tout va mal pour après dire nous allons sauver la situation. Ce n’est pas le cas. Tout ne va pas mal. Aujourd’hui, il n’est pas question de rupture de payements, il n’est pas question de scénario catastrophe et demain quoi qu’il arrive les allocations familiales seront payées, c’est le plus important", souligne Catherine Moureaux, députée bruxelloise PS.


"Le système du cdH tournera à plein régime en... 2043"

"Avec notre système, premier jour d’application, 77% des familles à Bruxelles bénéficieront d’un surcroît d’allocations familiales. Avec le système proposé par le cdH aujourd’hui seuls 15% vont en bénéficier", assure la députée socialiste. 

"Mais on atteindra 82% des familles quand notre système aura atteint sa vitesse de croisière", rétorque Hamza Fassi-Fihri, le chef de groupe cdH. 

"J’ai deux enfants de 9 ans et 4 ans aujourd’hui. Avec la réforme du cdH, lorsque je serai trois fois grand-mère, leur système tournera à plein régime. Soit 2043…", répond la socialiste. 

Malgré ces divergences manifestes, les différents partis présents autour de la table ont finalement avoué qu'ils sont encore prêts à négocier certaines choses... Un accord reste donc visiblement possible au gouvernement. Sinon ce sera sans doute au parlement bruxellois de trancher.  

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